Conversation 79122 - Les maths, c'est de la Torah !
Étudier les mathématiques ne devrait-il pas être considéré comme de l'étude de thora ?
Merci pour votre réponse
Chalom,
Reponse negative.
Mais il me faut expliciter d'abord le contexte de votre question, en esperant que je la comprenne bien, avant de detailler la reponse.
Le contexte general, c'est la place accordee aux "connaissances exterieures" dans le Judaisme: sciences, arts, etc. Pour une partie des autorites rabbiniques, ces connaissances ont une valeur tout au plus utilitaire: elles peuvent servir a avoir un metier et gagner de l'argent (parnassa), eventuellement a comprendre tel ou tel passage talmudique qui se base sur des connaissances mathematiques, physiques, ou autres, mais en aucun cas leur acquisition ne represente une mitsva. L'etude de la Torah, par contre, est l'obligation religieuse par excellence (mitsva) pour tout homme juif pratiquant. Dans cette vision, il est evident qu'on ne saurait considerer l'apprentissage des mathematiques comme une forme d'etude de Torah.
Selon une autre partie des rabbins, avoir des connaissances profanes est egalement une forme de "mitsva", ou est a tout le moins un acte religieusement positif. Si la Torah est la parole de Dieu, le monde autour de nous en est l'Oeuvre, et etudier l'Oeuvre de Dieu, c'est aussi avoir un contact avec le transcendant.
Plusieurs livres ont ete ecrits sur le sujet, mais je vais citer ici celui du rav Norman Lamm, Torah U-Maddah, qui se penche sur les approches du rav SR Hirsch, du rav Kook et de bien d'autres. Une critique que les opposants au livre ont formulee fut precisement : "si apprendre le 'hol est tellement important, pourquoi ne pas reciter sur cette etude la birkat ha-Torah" ?
Je n'ai pas souvenir que le rav Lamm ait formule de reponse (je me souviens d'autres reponses mais pas du meme auteur), mais a mon sens la reponse est evidente et est forcement negative. Premierement, meme si les deux "etudes" sont importantes, elles ne sont pas identiques, et la brakha a ete instituee sur la Torah specifiquement. Deuxiememe, l'etude des sciences est ouverte a tout le monde, l'etude de la Torah reservee aux Juifs. Par consequent, une brakha contenant les mots "acher kidechanou bemitsvotav" ne saurait etre recitee sur l'etude des mathematiques - seulement sur une action specifiquement juive.
sur 79122 -
Je suis un peu surpris de votre réponse. En effet, il est très facile de se rendre compte qu'un grand nombres de commandements seraient complètement irréalisables sans connaître les mathématiques et les autres sciences (l'astronomie pour le molad, les métiers du bâtiment pour construire les synagogue et même le temple, la médecine pour sauver des vies, ...).
Si la préparation d'une mitzva est considérée comme la mitzva elle même, ne devrait il pas en être d'autant plus pour l'étude des moyens de la réaliser ?
L'objection de la bénédiction n'est pas bonne car cette étude des sciences n'a pas d'autre finalité que l'accomplissement de la mizva. Et de même que l'on ne fait pas de bénédiction quand on construit une souca ou quand on cuit de la matza, il parait logique de ne pas faire de bénédiction pour l"étude de ces sciences. Ceci ne signifie pas que ca ne constitue pas une mitzva en soi( de même que construire une souca ou faire cuire des matzot sont des mitzvot).
Chalom,
Il y a apparemment malentendu, mais peut-etre provient-elle du fait que j'ai voulu trop lire dans la premiere question qui nous etait adressee, et qui ne contenait que peu de details. C'est pour cela que j'ai pris la precaution d'expliquer le contexte dans lequel je comprenais cette question, qui etait en bonne logique egalement celui de ma reponse.
Or, reprenons: je suis personnellement completement d'accord avec tout ce que vous decrivez. A tel point que je milite, sur ce site et plus encore sur d'autres (Blog Modern Orthodox, Akadem), pour une ouverture maximale du monde de la Torah sur la Science, l'Art, et d'autres disciplines encore.
Les grands maitres qui servent d'inspiration a ceux qui adoptent cette approche (Rav Soloveitchik, Rav Kook, le Rambam, rav Shimshon Raphael Hirsch et bien d'autres) voyaient, chacun a sa facon bien particuliere, l'etude des matieres 'hol comme quelque chose de religieusement positif. Non pas comme une mitsva au sens strict du terme, car nous avons des listes de mitsvot et l'etude de la physique des particules n'en fait pas partie, mais comme un apport certain a la vie spirituelle du juif religieux - et cela, meme si les connaissances profanes acquises ne permettent pas de realiser une mitsva. Dans un domaine tres different, voyez par exemple ce qu'ecrivait le rav Aaron Lichtenstein zts"l lorsqu'il reflechissait a l'apport benefique d'une culture litteraire pour la vie spirituelle du juif religieux:
http://www.modernorthodox.fr/litteraturedat/
Est-ce que pour autant une lecture d'un livre de biologie ou d'un roman de Zola doit etre assimilee a de l'etude de la Torah, comme le demandait (je crois !) le precedent questionneur ? La reponse est clairement negative a mon sens (cf. precedente reponse).
Il existe naturellement une autre approche, celle pronee par la majeure partie du monde hareidi contemporain, et qui renie toute valeur autre qu'utilitaire a l'etude de matieres profanes (et, dans certains cercles, surtout en Israel, etudier le 'hol est interdit meme pour gagner sa vie). Sans partager cette vision des choses, je respecte profondement cette approche et ceux qui la suivent - mais c'est un autre debat.
Bonjour,
J'ai été interpellé par l'intitulé "les mathématiques c'est de la Torah" parce que je suis prof de maths et cela m'a inspiré quelques idées, si vous le permettez (aucune question donc).
L'ennui avec la religion c'est la foi : cette mesure complètement irrationnelle et subjective qui ne saurait s'accommoder du caractère universel de la découverte et du savoir.
Pourtant la religion, pour un juif, c'est 613 commandements.
Avec pour chacun une étude détaillé des conditions d'applications : il y a un axiome de base (le commandement divin) et des corolaires (commentaires rabbiniques) obtenus par déductions logiques (et accessibles à tout juif via la guémara).
C'est l'ingénierie : l'application concrète d'une science aux besoins quotidiens.
Après on peut s'émouvoir de leur profondeur comme on s'ébahit devant la beauté des fractales ou l'universalité du nombre d'or.
Mais la Torah c'est 613 commandements, pas plus; et parfois je ne comprenais pas la sévérité (apparente) de certains "grands de la Torah" en disant "où est le Dérekh Eretz ?", où est l'amour et la compassion que j'imagine chez Avraham Avinou et Moché Rabbénou ?
En fait je cherchais les fruits avant l'arbre : comme si je cherchais l'émotion d'un grand théorème avant sa démonstration.
Oui les mitsvoths rendent bon, mais elles n'effacent pas pour autant le caractère et la personnalité (j'ai aussi mes préférences chez les Mathématiciens et il y en a qui me réchauffent le coeur et d'autres qui me font fuir par leur dureté).
Et même si la Torah n'est pas responsable des crétins (comme des voleurs et des assassins), au moins Elle nous en préserve.
Cordial Chalom.
Envoyé de mon iPad
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