Conversation 81437 - Noms et mois hébraïques
Bonjour, je découvre votre site et suis ravi de voir tant d'avis différents et de rabbins qui s'expriment, parfois dans des styles bien différents...
Pourtant, je vois que ces derniers temps il n'y a que le rav Elikan qui répond...
Je n'ai rien contre lui, au contraire, mais je pense que c'est dommage. En tout cas, merci pour ce que vous faites.
A part ça, j'avais une question qui me turlupine depuis longtemps.
Y a-t-il une importance particulière à donner des noms hébraïques ?
Parce que je connais un type il s'appelle "David Moshé" et il se comporte mal, alors que mon ami Jean-Marc lui est un vrai tzadik. Du coup, je me demande s'il y a un sens à donner un prénom hébraïque puisque de toute façon on a le libre-arbitre et ça n'influe en rien. Ne me dites pas que c'est lié à des questions d'identité parce que les noms de rabbins qui avaient des noms arabes ou yiddish/russes/polonais/allemands, etc. ne sont pas moindres... D'ailleurs dans le Talmud on voit bien qu'ils avaient des noms pas forcément hébraïques (Abayé, Rava, etc.).
Bref, je ne vois vraiment pas d'importance à cela, si ce n'est peut être des fabulations kabalistiques, mais là encore on n'en a aucune preuve concrète...
Si vous pouviez m'éclairer sur cette question, je serais content, parce que ça fait longtemps que je cherche une raison et je n'en trouve vraiment pas...
D'ailleurs, pareil pour les mois juifs. Doit-on compter selon les mois hébraïques (par exemple pour les anniversaires, etc.) ou est-il permis de fêter selon le calendrier solaire ?
Là aussi la même question se pose, parce que les mois ont un nom babylonien...
Merci de votre retour.
Chalom,
Personnellement j'aimerais lire encore plus de reponses du rav Elikan, meme si je comprends votre argument en faveur de la diversite des idees et des tendances.
S'agissant des prenoms, j'ai deja eu l'occasion de repondre sur le site sur des sujets proches (http://www.cheela.org/pratique/65419-chirel-prenom-interdit).
Des considerations similaires sont applicables au choix d'un prenom hebraique: sur le plan de la halakha stricte, rien n'empeche de choisir comme prenom civil Pierre ou Jean, et effectivement on a l'exemple de tres grands rabbanim en ce sens. Pour monter a la Torah, par contre, et pour d'autres occasions comme le mariage, on se sert generalement d'un prenom juif, mais il s'agit plus d'une obligation sociale que halakhique.
Vous trouverez des enseignements de nos Sages en sens contraire, et qui mettent en avant l'importance d'un nom dans le maintien d'une identite juive, ou son influence sur le comportement futur de l'enfant. Ces enseignements n'ont pas de portee legale a proprement parler; toutefois, dans de nombreux cercles, on insiste pour donner un prenom juif, et il me semble que la sagesse est de ne pas aller a l'encontre du consensus social sans bonne raison, et d'avoir le bien de l'enfant comme premiere consideration dans le choix du prenom.
Les mois hebraiques servent a la determination des fetes, des annees embolismiques, etc. Pour les anniversaires, qui ne sont pas une obligation religieuse, on peut se servir des mois civils si on le souhaite.
Merci M. (rav ?) Emmanuel Bloch.
Votre réponse me surprend.
Je vous explique j'étais à un cours où le rav en citant le Ramban (je crois) disait qu'il est interdit d'utiliser le calendrier non-juif, sauf cas de force majeur...
Et là vous me dites qu'il n'y a aucune signification au calendrier juif si ce n'est de fixer les fêtes... Franchement dans ce cas, qu'on le laisse aux érudits et qu'ils nous disent quand c'est, on n'aurait vraiment pas besoin de ce calendrier...
Idem pour la question sur les noms. Ok, il n'y a pas d'injonction légale, mais ce serait une "obligation sociale" ?! Je ne comprends pas ce que vous entendez par là. En plus, par la suite vous parlez de "sagesse", de "consensus", de ne pas faire de mal à l'enfant. S'il en est ainsi, que ce n'est qu'une norme sociale, on a qu'à changer la norme et c'est tout. Que tous les juifs appellent leurs enfants comme ils veulent, qu'ils arrêtent de demander à des rabbins ce qu'ils en pensent et puis c'est tout, de toute façon ça n'a selon vous aucune signification. "De nombreux cercles" ont gardé des noms juifs, certes, mais pourquoi si ça n'a aucune portée légale ? Je reste perplexe...
Merci de votre retour.
Chalom,
Pardon si ma precedente reponse vous a laissee quelque peu perplexe. Reprenons donc, et essayons de clarifier.
Je n'ai pas ecrit que le calendrier juif "n'a aucune signification si ce n'est de fixer les fetes"; ce que j'ai ecrit, c'est que le calendrier juif est utilise pour le calcul des "moments religieux" - qu'il s'agisse des fetes, des annees embolismiques, du calcul d'une bar-mitsva ou bat-mitsva ou du moment d'un yahrzeit, etc. Tout point dans le temps qui est investi d'une signification religieuse est calcule selon le calendrier religieux. Et le temps est reellement quelque chose d'important dans la religion juive.
L'anniversaire de la naissance, par contre, n'est PAS un moment religieux. Il n'y a aucune mitsva de celebrer un anniversaire de naissance. On peut le faire, ou pas - ce n'est ni prescrit ni interdit. Et, si on le fait, on peut calculer la date de l'anniversaire selon le calendrier juif ou selon le calendrier civil. C'est un acte neutre, religieusement parlant.
Il est exact que certaines opinions considerent qu'il faut s'abstenir, en general, de toute utilisation du calendrier civil. Cf. Maharam Schick, Yoreh Deah 171 pour un exemple. Mais de nombreux poskim ont utilise le calendrier civil dans la redaction de leurs responsa (cf. Havot Yair 184, 'Hatam Sofer Even HaEzer 1:43), et l'habitude est generalement de permettre le recours a la datation civile.
Pour les noms, je crois que vous avez plusieurs reponses detaillees sur le site, que je vous invite a consulter. Par "obligation sociale", j'entends qu'il n'y a rien de tranche dans les grands codes de la halakha. De tres nombreux rabbanim portaient des prenoms non-juifs. A part les considerations kabbalistiques (cf. autres reponses sur le site), le principal facteur a prendre en compte consiste en les attentes du milieu ou vous appartenez. Parce qu'appeler votre fils "Jean-Pierre", si vous vivez dans un milieu tres engage dans la religion, cela fait relativement curieux de nos jours; alors, vous ne violez pas la halakha, mais faites-vous du bien a votre enfant en ne respectant les us et coutumes de votre groupe socioculturel ?
En esperant avoir clarifie la situation...