Conversation 85209 - la cacherisation pour pessah avant le 19 eme siecle

eric67
Vendredi 2 avril 2021 - 14:15

bonjour

avec le recul, de cette fete de pessah, je me demande comment faisaient  nos aieux dans les villages de pologne , algerie.... sans électricité,sans gaz,  pour cacheriser la cuisine et vaisselle pour pessah.

je doute fort qu'il aient eu des  chalumeaux pour les grilles des cuisinières  , four pyrolyse,  nappe ciré et papier d'alu pour tout recouvrir:  je doute fort que tout cela  existait

je doute qu'ils aient eu une vaisselle spéciale pessah,  comme nous .. je sais pas si il en avait les moyens ... ce n’était pas le même coût

je me demande chaque année pourquoi ébouillanter une table en 'pseudo bois'  alors que l'on  a un protège table + une nappe et que l'on mange dans des assiettes

comparé à l'époque avec une table en bois massif avec assiette posé directement sur la table  ....

 

bref je me demande si nous ne sommes pas devenu  obsédé par la cacherisation à outrance.....

 

 

Rav S.D. Botshko
Vendredi 10 juin 2022 - 15:36

Il est bien évident que ce que l'on fait est bien souvent sns raopport avec ce que l'on doit faire.

voici ce qui doit etre fait

Cachérisation des ustensiles de cuisine en vue de Pessa’h

 

Généralités et principes

 

Que doivent faire ceux qui souhaitent utiliser pendant Pessa’h un de leurs ustensiles ‘hamets ?

Le problème de l’ustensile ‘hamets est que, par la cuisson, il a contracté le goût du ‘hamets, de sorte que, lorsqu’on y fera cuire de la nourriture pendant Pessa’h, il rejettera du goût de ‘hamets dans ladite nourriture. Or le ‘hamets est interdit à Pessa’h, fût-ce dans la mesure la plus minime.

Cependant, de nos jours, les ustensiles de cuisine modernes ne sont presque plus absorbants ; et s’ils le sont, c’est dans une mesure si faible que cela n’a pas d’effet gustatif, de sorte que cela n’entraîne pas d’interdit. Jadis, en revanche, les ustensiles étaient faits de matières véritablement absorbantes, si bien qu’ils pouvaient rejeter le goût absorbé[1].

Malgré cela, on a coutume, de nos jours encore, dans la plupart des communautés, de cachériser les ustensiles comme on le faisait à l’époque talmudique, comme s’ils étaient véritablement absorbants. En effet, dans leur majorité, les décisionnaires estiment que, malgré les changements survenus dans la fabrication des ustensiles, il ne faut pas changer la règle. Cette conduite sera de principe dans la formulation des halakhot ci-après, mais il est certain qu’il n’y a pas lieu d’ajouter à cela des mesures supplémentaires de rigueur, car le fondement même de l’interdit, on le voit, est faible.

En outre, même les ustensiles qui ont absorbé du ‘hamets ne rendent interdites les nourritures qui y cuisent que dans les vingt-quatre heures suivant cette absorption. En revanche, si vingt-quatre heures ont passé depuis la cuisson, le goût que l’ustensile rejette n’est pas bon, mais altéré (pagoum), si bien qu’il ne rend pas interdite la nourriture qui y a cuit.

Cependant, bien qu’il ne la rende pas interdite, les sages ont interdit a priori de cuire dans un tel ustensile, même vingt-quatre heures après la cuisson de ‘hamets ; cela, afin que l’on n’en vienne pas à y cuire avant l’expiration des vingt-quatre heures. De plus, les sages ont prescrit l’usage d’ustensiles séparés pour les aliments lactés, d’une part, carnés d’autre part. Ils ont, en outre, fondé la coutume interdisant de se servir d’ustensiles que des tiers ont utilisés de manière interdite. C’est, nous semble-t-il, pour cette raison que les décisionnaires contemporains ont estimé qu’il ne fallait pas changer l’usage suivi depuis des temps immémoriaux.

Il existe plusieurs manières de se servir d’un ustensile. Ceux que l’on utilise exclusivement pour des aliments froids n’en absorbent pas le goût, et il est permis de s’en servir à Pessa’h, après les avoir nettoyés. Les ustensiles dont on se sert pour des aliments chauds, par contre, en absorbent le goût, et leur cachérisation se fait par échaudage (hag’ala). Car de même que l’absorption du goût par l’ustensile se fait par le biais de la cuisson, de même l’expulsion de ce goût est rendue possible par l’effet de l’échaudage à l’eau bouillante.

Les ustensiles tels que les moules à pâtisserie absorbent les saveurs par l’effet du feu, et l’on n’a d’autre possibilité, pour les cachériser, que le chauffage à blanc (liboun). La raison en est que, de même qu’ils ont absorbé les saveurs par le biais d’un feu découvert, de même est-ce par le feu qu’ils doivent être cachérisés. Le chauffage à blanc s’opère à la flamme directe d’un chalumeau, lequel brûlera tout ‘hamets absorbé, jusqu’à ce que des étincelles soient projetées par l’ustensile. Cependant, il est très difficile de réaliser un chauffage à blanc conforme à la halakha. En pratique, il est bon de ne pas le faire, mais de préférer utiliser d’autres ustensiles. Voilà donc les principes essentiels. Ci-après, nous indiquerons comment, en pratique, cachériser les ustensiles en usage de nos jours.

 

 

La cachérisation en pratique, de nos jours

 

Ustensiles que l’on n’utilise qu’à froid

Rappelons ici que la cachérisation a été instituée pour des ustensiles ayant absorbé des particules de nourriture chaude ; cela, de crainte qu’on n’y introduise à Pessa’h de la nourriture chaude, laquelle absorberait le ‘hamets rejeté par l’ustensile ‘hamets.

Par conséquent, les ustensiles ou surfaces de cuisine sur lesquels n’a pas été posée directement de nourriture chaude – mais où l’on a seulement déposé des assiettes ou casseroles, elles-mêmes chaudes –, de même que les ustensiles dont on s’est servi à froid, ne nécessitent pas de cachérisation. Nous apprenons de là que les réfrigérateurs, congélateurs, tables, qui n’entrent pas en contact direct avec du ‘hamets chaud, de même que les plans de travail, si l’on n’y pose pas de ‘hamets chaud dans le cours de l’année, ne requièrent aucune cachérisation.

Les verres – tels que le verre à Qidouch et les verres à boire – que l’on utilise seulement pour la boisson à froid, ne nécessitent pas de cachérisation, qu’ils soient de porcelaine, de verre ou de quelque autre matériau.

 

Ustensiles que l’on utilise à chaud

Les ustensiles de porcelaine utilisés à chaud ne peuvent être cachérisés.

La cachérisation des assiettes et des couverts de métal, de plastique rigide ou de Pyrex se fait par échaudage (hag’ala).

Les ustensiles de verre sont, suivant la coutume séfarade, permis sans cachérisation (parce qu’ils n’absorbent pas) ; la coutume ashkénaze consiste à ne pas les utiliser pendant Pessa’h, si l’on s’en est servi pendant l’année pour des boissons ‘hamets chaudes.

Les marmites et leurs couvercles requièrent un échaudage.

 

Ustensiles utilisés pour la cuisson au four

Il n’y a aucun moyen de cachériser en vue de Pessa’h les moules, grille-pains, grilles de four et tous les instruments semblables, si l’on y pose de la nourriture de façon directe.

 

Ustensiles et surfaces où l’on ne place pas directement de nourriture

Nous tenons ce grand principe : un ustensile de métal n’absorbe pas le ‘hamets d’un autre ustensile de métal sans qu’il y ait du liquide en contact avec l’un et l’autre.

Par conséquent, les plaques de cuisson et les grilles desdites plaques ne nécessitent pas de cachérisation, car on n’y pose que des marmites, et ces plaques et grilles ne se trouvent en contact qu’avec des marmites, non avec de la nourriture. Peu importe qu’il s’agisse de plaques de cuisson au gaz, électriques ou à induction2.

Une plata (plaque chauffante) de Chabbat ne requiert pas non plus de cachérisation. Toutefois, si, au cours de l’année, on y réchauffe de la ‘hala (pain de Chabbat) congelée, en l’y déposant directement, on la nettoiera bien, après quoi on l’activera pendant une demi-heure. Puis, à Pessa’h, on n’y déposera pas directement de nourriture : celle-ci sera déposée dans des ustensiles, comme il est d’usage3.

Les plans de travail, et tout endroit où l’on ne dépose pas directement de nourriture, mais des marmites, quoique celles-ci soient chaudes, ne nécessitent pas de cachérisation.

Les bouilloires, elles non plus, ne requièrent pas d’être cachérisées, car on n’y met pas de ‘hamets. Toutefois, si, au cours de l’année, on place du pain de Chabbat sur le couvercle de la bouilloire, pour le réchauffer, on versera de l’eau chaude sur le couvercle. Puis, à Pessa’h, on aura soin de n’y poser aucune nourriture.

Pour cachériser le lave-vaisselle, on le fera marcher une fois sans vaisselle.

L’évier ne nécessite pas de cachérisation4.

 

Four

Si la nourriture cuite au four est placée directement sur ses parois, il n’y a pas de moyen de le cachériser.

Dans les fours utilisés de nos jours, où la cuisson se fait par le biais de moules ou de plateaux de cuisson, il n’y a pas de contact direct entre les mets et les parois du four, de sorte qu’il n’est pas nécessaire, si l’on s’en tient à la stricte règle halakhique, de procéder à la cachérisation. Cependant, on a coutume de mettre en marche ces fours à vide pendant une demi-heure. Pour les fours à pyrolyse (qui parviennent à un très haut degré de chaleur), il faut activer le programme d’auto-nettoyage : en cela consiste leur cachérisation.

La même règle vaut pour la grille du four, si la nourriture n’entre pas en contact direct avec elle, mais est placée dans des moules.

Bien sûr, il faut vérifier la propreté de ces éléments, afin qu’il ne s’y trouve pas de ‘hamets visible.

Le four à micro-ondes, où la nourriture est déposée dans un ustensile intérieur, ne requiert pas de cachérisation. Mais si un aliment ‘hamets a été déposé et a chauffé sur l’assiette intérieure, la coutume ashkénaze veut que l’on échaude celle-ci. Suivant la coutume séfarade, aucune cachérisation n’est nécessaire.

Rav Shaoul David Botschko

 

 


[1] Le Choul’han ‘Aroukh, au chapitre 451, paragraphe 26, explique ainsi que le verre ne requiert pas de cachérisation, puisqu’il n’est pas absorbant ; ce qui prouve qu’une cachérisation n’est nécessaire que si l’ustensile est absorbant. Cf. responsa Dvar ‘Hevron (Yoré Dé’a II 153) ; Pniné Halakha (Cacheroute II, p. 276), qui s’étend sur cette question ; cf. également Ta’am Beyaqar, p. 511, et Igrot Moché (Ora’h ‘Haïm III 58), qui exprime des doutes à ce sujet.

2 La plaque à induction est un mode de cuisson où des bobines magnétiques sont placées sous la surface vitrocéramique, produisant un effet calorifère précis, selon un diamètre correspondant à la base de l’ustensile de cuisson.

3 Il n’est pas recommandé de recouvrir la plata de papier aluminium, car cela risquerait de prendre feu.

4 Bien que du ‘hamets puisse se déposer dans l’évier, provenant des assiettes, et que de l’eau chaude soit parfois versée dessus, il n’est pas nécessaire de le cachériser, car ce n’est pas de la nourriture ‘hamets chaude que l’on y dépose, mais des assiettes, et il n’est pas vraisemblable que le ‘hamets absorbé dans l’évier soit rejeté, puis soit absorbé en retour par les assiettes de Pessa’h, rendant interdite la nourriture qu’on y sert. En halakha, il n’y a point de crainte de cet ordre.