Conversation 11253 - Quand faire la priere pour la pluie?

Anonyme
Jeudi 30 octobre 2003 - 23:00

Concernant l'annonce de la pluie à Chemini Atzeret.

A Chemini Atzeret, nous faisons l'annonce pour la pluie, mais nous attendons encore quesluqes temps pour véritablement demander à ce qu'elle tombe en bénédiction : "Ten tal oumatar livracha".

Or, j'ai lu deux dates différentes :
Dans un siddour, il y a marqué le 7 Mar Chechvan.
Dans le siddour Bloch, le 5-6 décembre environ.

Le 7 Mar Chevchan, je peux comprendre, pour laisser le temps aux Juifs qui ont fait le déplacement jusqu'au temple de Jérusalem de rentrer jusqu'à chez eux avant de se faire tremper... D'ailleurs on constate que le soucis de l'autre et sa santé, sont bien plus importants que les soucis matériels...

Pourquoi y'a-t-il une autre date proposée pour demander la pluie ? Merci d'avance...

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 2 novembre 2003 - 23:00

Après que la Michna ait présenté les différentes opinions sur la date où l'on commence à demander la pluie en Israel (le 3 ou le 7 h'echvane), la Guemara (1) ajoute qu'en "Gola" (exil) on commence à partir du 60ème jour de la saison de Tichri. La saison de Tichri est l'automne, où le jour et la nuit ont la même durée, le 21 septembre dans le calendrier grégorien. Pour des raisons de changement de calendrier julien au grégorien, on commence aujourd'hui à demander la pluie le 5 ou 6 décembre (le 6 les années bissextiles), date qui ne correspond en fait pas rigoureusement à celle proposée par la Guemara.
De l'explication que donne Rachi, il est évident que le mot "Gola" employé ici désigne la Babylonie. En effet il écrit: "car c'est un endroit qui n'a pas tellement besoin de pluie". En d'autres termes, la Babylonie (anciennement Mésopotamie, entre deux fleuves) est bien irriguée par le Tigre et l'Euphrate et leurs affluents et a moins besoin de pluies que les autres pays.
Quid des autres pays? La logique aurait voulu que chaque pays demande en fonction de ses besoins.
En réalité, la date à laquelle il faudrait demander la pluie en Europe a donné lieu à des discussions passionnantes entre les rabbins médiévaux, discussions qui mettent en valeur l'approche des différents rabbins à l'adaptation de certaines lois rabbiniques aux différentes circonstances.
La base de la discussion, dont entre autres se font l'écho le Rambam (2) et le Roch (3) est que ces dates ne correspondent pas au climat européen, qui a besoin de pluies à d'autres époques de l'année (par exemple entre Pessah' et Chavouot où le blé pousse encore en Europe et a besoin d'eau, alors qu'il mûrit en Israel et a besoin de sécheresse relative).
Selon le Rambam et le Roch, les dates que cite la Guemara pour la "Gola" ne sont pas impératives, et correspondent aux besoins spécifiques de la Babylonie. Pour respecter la Halakha, il faudrait adapter les dates au climat de chaque pays. Ce qui semble s'être fait en partie puisque le Roch raconte qu'il a été très impressionné par le minhag de la ville de Montpellier où l'on commençait à demander la pluie depuis le 7 H'echvane (4). Il fut par contre déçu d'apprendre que l'on cessait de la demander à Pessah' alors qu'elle était encore nécessaire.
Mais le Roch lui-même décida de faire marche arriére devant l'opposition que ses propositions rencontrèrent.
Certains en effet se refusaient à ce que chaque pays fixe cette loi en fonction de ses besoins, et affirmaient que seules les deux dates proposées par la Guemara étaient acceptables, tous les pays en dehors d'Israel devant s'aligner sur la Babylonie. C'est cette opinion qui s'est imposée au fil des temps.
Le problème devint encore plus compliqué quand arrivèrent des juifs dans l'hémisphère Sud où les saisons sont inversées.
Et quand on considère qu'en Israel aussi on ne s'opposerait pas ajourd'hui à avoir de la pluie plus tôt, et que cela ne devrait pas trop déranger les pèlerins.
Mais ce sera déjà pour une prochaine question.

Références: 1: T. B. Taanit 10 a. 2: Dans son commentaire sur la Michna de la note 1. 3: Responsa 4, 10.