Conversation 12743 - Magdil ou migdol

Anonyme
Jeudi 8 janvier 2004 - 23:00

chalom,
je commence a desespere je l'avoue d'avoir une reponse a mes questions, est ce que vous ne les auriez pas oubliees??
Il s'agit des 12205, 12303 et 12484...je vous remercie.

et pour ne pas terminer sur une plainte, j'ai une nouvelle question:
pourquoi dans le birkat de chabat ou yom tov "migdol" plutot que "magdil"? Quelle est la difference au niveau de la traduction et de la signification.
Chabat chalom ou mevorach et kol touv

Nathan Schwob
Samedi 21 août 2004 - 23:00

La derniere partie du Birkat Hamazone (apres les 4 Benedictions obligatoires) contient un ensemble de requetes sous forme de Harah'aman. C'est la place des demandes personnelles un peu comme a la fin de la Amida. Le texte exact des Harah'aman varie suivant les epoques et les rites.
La plus ancienne trace de ces textes se trouve dans le Talmud (1), qui enonce la benediction des hotes en faveur du maitre de maison.
Le dernier des "Harah'aman" contient les verset que vous citez:

HARAH'AMAN HOU YEZAKENOU LIMOT HAMACHIAH' .... MAGDIL/MIGDOL YECHOUOT MALKO...
Ce qui signifie:
Celui qui est misericordieux nous donnera le merite de voir l'epoque du Messie et de vivre dans le Monde Futur: "(MAGDIL) Il fait grandir les evenements salutaires de Son roi, et comble de bienfaits Son oint, David et sa descendance pour toujours". (Psaumes 18,51)
ou bien: "(MIGDOL) Donjon du salut de Son roi...". (Samuel II,22,51).

Ces deux versets qui ne sont en fait qu'un seul et meme verset se trouvent a la fin de la Chira (chant a la gloire de D') de David. Ce texte se trouve 2 fois dans le Tanach. Dans le livre des Psaumes il est ecrit MAGDIL sans le YOD, dans le texte de Chemouel il est ecrit MAGDIL avec YOD mais il faut lire MIGDOL (Kri Ouktiv).

A l'epoque des Gaonim, on ne disait pas encore ce "Harah'aman" puisqu'il ne figure ni dans le Sidour du Rav Amram Gaon ni dans celui de Rav Saadia Gaon.(2)

On le rencontre la premiere fois dans le Mah'zor de Vitry (3) (pour votre fierte gauloise), mais seulement suivant la version MIGDOL, pour tous les jours sans difference.

Dans le Michne Thora du Rambam (4) aussi ne figure que la version MIGDOL. Certain juifs Yemenites ne disent que MIGDOL jusqu'a nos jours.

Le premier temoignage de l'habitude de dire MAGDIL/MIGDOL se trouve dans le commentaire du Sidour d'Aboudraham (5) qui l'explique de la maniere suivante. Le verbe MAGDIL, qui se trouve dans les Psaumes, est conjugue dans une forme factitive. Il a ete ecrit par David avant d'etre roi, dans la montee de sa reussite et de son regne. Le mot MIGDOL, par contre, qui designe un fait accomplit, apparait dans le livre de Chemouel dans le cadre du bilan de la royaute de David.
Le Chabbat etant le Roi de la semaine merite donc le mot MIGDOL.
Les jours de la semaine servent donc a progresser vers le Chabbat.

Le commentaire "Iyoun Tefila" imprime dans le sidour "Otzar Hatefilot" explique la difference dans le contexte de la demande de voir le Machiah'. Les jours de la semaine ressemblent au Galout (Exil) qui est une longue mais permanente marche vers la Gueoula (redemption). Par contre le Chabbat ressemble aux jours messianiques. Le mot MAGDIL (qui fait grandir le salut de son Machiah') convient donc a la semaine et a sa dynamique, tandis que le mot MIGDOL (forteresse du salut de son Machiah') convient au Chabbat et a la protection qu'apportera, le Machiah' au peuple juif (6).
Les jours de la semaine servent donc a agir afin d'avancer vers la Gueoula, sous l'eclairage du Chabbat et des jours de fetes qui servent de phare.

Il y a aussi des explications plus prosaiques:
Yitzh'ak Baer dans son Sidour "Avodat Yisrael" pretend que l'habitude s'est instituee tout simplement parce qu'il y a deux versets et qu'on ne voulait pas en laisser un sur la touche. La version MAGDIL qui convient le mieux au verset (et qui apparait aussi dans le Kri Ouktiv) a ete choisie pour le courant des jours, c'est a dire la semaine.
On peut se fier au bon sens de ce grand savant qui connaissait tres bien le sidour d'Aboudraham.

Il y a une autre explication qui elle, est peut etre fausse, et qui attribue l'habitude de dire MIGDOL le Chabbat a une erreur de scribe avant Guttemberg. A l'origine on disait MAGDIL, puis un scribe ecrivit "BCH"B" MIGDOL pour dire "Be CHmouel Beth" c'est a dire dans le deuxieme livre de Chemouel il est ecrit MIGDOL, et un recopieur peu instruit aurait reconvertit l'abreviation en "Be ChaBat" c'est a dire le Chabbat on dit MIGDOL.
Le texte du Mah'zor Vitry et du Rambam (MIGDOL) prouverait plutot le contraire. De plus, l'habitude citee par Aboudraham au nom de ses maitres remonte surement a deux generations, ce qui ne nous laisse a peine deux cents ans pour "inventer" cette habitude.

Le Birkat Hamazone se termine sur l'espoir de voir le Machiah', non pas seulement pour finir avec espoir, mais aussi pour nous rappeler que le Machiah' depend aussi de nous et que par nos actions de Tzedaka nous pouvons hater la Gueoula. Le Roi David, en parlant de sa royaute et du choix de Jerusalem, rappelle la promesse de D'(7) :

"Je benirai amplement ses approvisionnements, Je rassasirait ses pauvres de pain...La Je ferai grandir la corne de David, j'ai allume un flambeau pour Mon oint".
Ces verset peuvent aussi etre expliques ainsi, en parlant cette fois de l'homme qui imite D':
"Je remercierai (D') pour la nourriture, je m'occuperai aussi des pauvres (et pas seulement de mon estomac egoiste)...ce sont ces actions la qui ont la force de nous rapprocher de la venue du Machiah'.

Voir: Rav Yissachar Yaakobson, Netiv Bina, Vol3 p66;p95;

(1) Berachot 46a. Cette benediction d'ailleurs ne commence pas par la formule consacree Harah'aman.
(2) Rav Amram Gaon dirigea la Yechiva de Soura en Babylonie entre 4613 et 4631 date juive (853-871). On lui doit le premier Sidour connu, textes des prieres et Halachot. Rav Saadia Gaon (bar Yossef) ne en Egypte en 4652 (892) dirigea la Yechiva de Soura, jusqu'a sa mort en 4702. Il ecrivit entre autre le fameux "Emounot Vedeot". Un de ses eleves, Dounach ben Labrat, est bien connu pour son poeme "Deror Yikra".
(3) Sidour ecrit par le Rav Simh'a bar Rav Chemouel De Vitry, qui fut un eleve de Rachi. Decede en 4865 (1105).
(4) Texte des Prieres en fin du livre "Ahava". Rabbi Moche ben Maimon, ne a Cordoue en 4898 (1138), mort au Caire en 4965. Auteur entre autre d'un commentaire sur la Michna, du "Yad Hah'azaka" (Michne Thora) qui resume la Halach'a pour toute la Thora, et du "Guide des Egares". On a dit a son propos que depuis Moche jusqu'a Moche il n'y a pas eu d'homme comme Moche.
(5) Rav David ben Rav Yossef Aboudraham vecut en Espagne. Eleve de Rabenou Yaakov ben Acher auteur du Tour. Il est mort en 5100 (1340).
(6) Voir aussi Rav Munk "Le monde des prieres".
(7) Psaumes 132,15. Au nom du Rokeah', cite par "Iyoun Tefila".

nathasion
Jeudi 1 avril 2004 - 23:00

chalom,
dois je encore esperer des reponses a des questions vieilles de plus de 3 mois??Par exemple, les 12743, 12205, et une plus recente quoique datant d'au moins 3 semaines, la 14566.
Merci et chabat chalom

Rav David Zenou
Mercredi 21 avril 2004 - 23:00

On espere y arriver...