Conversation 14229 - La benediction des apostats
Messieurs les Rabbins,
je fréquente en ce moment ce que l'on appelle "université inter-âge", et j'ai pris le christianisme des premiers siècles ; ce que je voulais savoir, c'est quelle était l'attitude des premiers chrétiens par rapport aux juifs, et quelles attitudes ils ont adopté vis à vis de nous.
Le professeur, qui n'est pas théologien mais historien, nous a parlé pour les juifs de la "prière des minimes", dont je n'ai trouvé nulle trace sur internet.
Pouvez-vous me dire quelle est son nom hébraïque? c'est une prière au cours de laquelle nous "maudissons" (le terme est peut-être un peu violent mais ne me dérangerait pas, éventuellement!!) ceux qui se sont convertis, ceux qui nous veulent du mal., je crois, et cette prière aurait ses origines à l'époque des premiers chrétiens.
(nous avons abordé le "dialogue" entre Justin et le Rabbin Triphon).
Si vous me demandez pourquoi une juive va à de tels cours, je vous répondrai que maintenant je comprends la haine des juifs de l'époque envers ceux qui sont en définitive des apostats.
Merci de me renseigner au sujet de cette prière des minimes,
et agréer, Messieurs, mes salutations les plus sincères.
Chavoua tov,
GUITL
Pas les minimes, les minim.
Il s'agit de la dix-neuvième bénédiction rajoutée au Chemoné Essré (ou amida). Il y a tout un passage dans le traité de Bérakhot (28b-29a) qui traite de cette question et qui prouve au contraire qu'il n'y avait pas de haine, puisqu'on s'est posé la question de savoir qui serait capable de rédiger cette bérakha ; la difficulté étant que vu la dureté de son contenu, il fallait avoir la certitude qu'elle serait formulée sans animosité ni rancoeur et encore moins - ou plutôt encore plus - sans haine. C'est pourquoi seul Shmouel-le-Petit qui était connu pour son incapacité à haïr qui que ce soit a accepté de s'en charger. En effet, c'est lui l'auteur de la Michna des Pirqé Avoth IV, 19 : "ne te réjouis pas de la chute de ton ennemi et que ton coeur ne se réjouisse pas lorsqu'il trébuche, ce qui serait vil aux yeux de Dieu et sa colère se détournerait de lui".
Et ce n'est pas parce que c'était des apostats, c'est parce qu'en fait ils étaient des traitres à leur peuple, non seulement hérétiques (avec ça on peut s'arranger) mais délateurs prenant fait et cause pour Rome et ce qui allait devenir sa religion nouvelle contre Jérusalem.
Concernant la question 14229 (la bénédiction des apostats)
Kvod Harav,
Qui sont aujourd'hui les minim et les malchinim ?
Est-ce qu'un juif (né de mère juive donc), qui rejette la Torah, adopte une autre religion (bapteme ou conversion a l'islam par exemple), et lutte contre Israel peut (doit) etre considéré comme tel ?
Quelle est l'attitude a avoir avec une telle personne ? Peut-on encore la considérer comme juive ? (d'un coté il y a toujours l'espoir de la techouva, mais alors que faire du "al tehi tikva" ?)
kol touv
Il n'est pas dit qu'il n'ait pas d'espérance s'il fait téchouva, mais tant qu'il persiste dans la voie qu'il s'est choisie.
Il ne suffit pas de s'être "converti" pour "mériter" la désignation de "min". Tant de pièges et de tentations s'ouvrent sous nos pieds ! Et quand quelqu'un s'est fait piéger, nous avons encore le devoir de ne pas l'abandonner et de le ramener.
Mais cetains d'entre ces convertis ne sont pas simplement des égarés et deviennent effectivement les ennemis de leur peuple, se servant des connaissances qu'ils ont pour miner les assises de leurs frères et les dénoncer à la vindicte des nations. Pour ceux-là, que Dieu ait pitié d'eux, si c'est encore possible. Ils n'ont plus rien à attendre de la nôtre.
Et pourtant, s'ils se repentent et demandent à revenir au sein de leur famille, ils ne seront pas repoussés.
Concernant la question 17119 (la benediction des apostats)
Kvod Harav,
Qu'en est-il des malchinim ? Quelle est la différence entre un min et un malchin ?
Pourriez vous me donner une définition (actuelle) de ces deux termes ?
kol touv
Pour simplifier, un min est un apostat et un malshin est un Juif délateur qui dénonce ses frères (imaginez par exemple sous l'Inquisition, ou plus près de nous pendant la Choa ou aujourd'hui en Iran ou en Syrie...)