Conversation 1537 - Sauver la vie d'un non-juif

Anonyme
Lundi 2 septembre 2002 - 23:00

D'abord dire mon effarement devant la question qu'on vous a posée: a t-on le droit de voler un non-juif? je suis atterrée.

ma question : il est ecrit quer quiconque sauve un juif sauve l'humanité toute entiere. Pourquoi préciser "juif"? il ne faut pas sauver un non-juif? sa vie vaut elle moins que la notre? je n'en crois rien

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 12 septembre 2002 - 23:00

Face a votre effarement devant certaines questions que l’on nous pose, je ne puis vous repondre seulement que notre responsabilite n’est engagee que par nos reponses, pas par les questions qui nous sont adressees.
Concernant votre question: La Michna (Sanhedrin, 4, 5) traite de l’avertissement adresse a des personnes venant deposer un temoignage engageant la vie de l’accuse. Il s’agit de les mettre en garde devant la portee de leur acte: une personne risque d’etre condamnee a mort a la base de leur temoignage. On leur dit donc que D’ a cree l’homme unique pour nous faire prendre conscience que supprimer une vie unique equivaut a supprimer toute l’humanite, puisque si le premier homme etait mort, c’en etait fini de l’humanite.
La Michna parle effectivement de la vie d’un Israel, car il s’agit du jugement d’un Israel. Mais le fait qu’elle parle du premier homme qui n’etait pas Juif montre qu’elle avait l’intention de parler de tous les hommes. C’est ce qu’a prouve le Professeur Ephraim Elimelekh Urbach dans un article extremement bien documente dont j’ignore s’il a ete traduit en francais (Meolamam chel hakhamim, p.561).
Une autre raison evoquee par la Michna pour la creation d’un homme unique est pour qu’un homme ne puisse dire a un autre “mon pere etait superieur au tien”, tous les hommes sont egaux puisqu’issus du meme couple.
L’obligation de sauver toute vie humaine aujourd’hui est la meme pour un juif et un non juif, et il est autorise de transgresser le Chabat aussi pour sauver un non juif (Rav N. E. Rabinovitch, Meloumdei Milhama p. 144-146).
On pourra vous citer de nombreux textes discriminant les non Juifs par rapport aux Juifs. Rabbi Menahem Hameiri ecrit deja au Moyen-Age, alors que les Juifs sont encore sujets a des persecutions que tous ces textes talmudiques ne concernent pas les non Juifs contemporains, qui vivent dans des etats de loi et de justice, mais seulement les non Juifs des epoques antiques qui vivaient sans foi ni loi (il revient sur cet argument un tel grand nombre de fois, qu’il m’ est impossible de citer les sources).
Le Rav Kook ecrit que c’est cette opinion qui prevaut aujourd’hui et qui doit reglementer tous rapports avec les non Juifs (Igrot haReaya, t.1 p. 99).