Conversation 15673 - A qui donner?

taffarel
Lundi 26 avril 2004 - 23:00

Y A T IL UNE MITSVA DE DONNER DE L ARGENT A UN PAUVRE (meme 1 centime) a chaque qu un pauvre tend la main?MERCI D AVANCE

Rav David Zenou
Samedi 7 mai 2005 - 23:00

Oui.
Il faut donner au moins l'equivalent de 5centimes d'Euro ou 10 agourot.
Avec moins que cela on ne peut absolument rien acheter.

Yehuda11
Jeudi 1 mars 2007 - 23:00

Shalom Rabbanim,

Je voudrais vous poser une question concernant la Tsedaka.
J'habite en Israel dans un immeuble où l'entrée est libre.
Chaque soir et même l'apres midi, il y a au moins 2 personnes qui frappent puis sonnent à ma porte pour demander de l'argent.

Au début je donnais, mais avec le temps, cette situation m'est devenue tres desagreable, je prends cela comme une atteinte à ma vie privée et je refuse desormais d'ouvrir ma porte quand je n'attends personne.

Pour ma conscience je me dis que je donne de l'argent à des organisme de bienfaisance par voie telephonique qui reversent l'argent aux gens qui en ont besoin.

Ma femme me dit au contraire que ce que je fais est interdit, puisque je laisse ma porte fermee à des Juifs qui demandent mon aide.

Je lui reponds que je pense que beaucoup de ces necessiteux jouent la comédie et que s'ils ont besoin d'aide, il y a des milliers de centres de bienfaisance qui s'occupent d'eux et qui leur donnent de l'argent que j'envoie notamment.

De plus je lui dis notre appartement n est pas une gare routiere, que je ne supporte pas ces derangements intempestifs quotidiens ,et que leur ouvrir la porte c'est les encourager a recommencer et a me déranger encore plus souvent.

Que faut il faire? Comment se comporter dans une telle situation.?
Que feriez vous si TOUS LES JOURS , 2 ou 3 personnes sonnaient plusieurs fois avec insistance à votre porte pour vous demander de l'argent ?

Je sais que selon la Halakha il faut toujours donner même un peu quand on demande, mais dans ce cas précis, cela devient insupportable.

Et je ne peux pas mettre une affichette sur ma porte indiquant mon opposition à ce genre de pratique.

Nathan Schwob
Jeudi 19 juillet 2007 - 07:43

Je vous convie à une petite étude sur la Mitsva de Tsedaka.
Préparez vous les livres suivants: un H'oumach (Pentateuque), le Sefer Hah'inouch, le Kitsour Choulhane Arouch.

Ouvrons le livre de Devarim (Deutéronome), Chap.15, vers.7 à 12 avec Rachi:

Verset 7: Quand il y aura parmi toi un pauvre, de tes frères ... tu n'endurciras pas ton cœur, et tu ne fermeras pas ta main, à ton frère le nécessiteux.

Rachi commente: (Traduction libre):
"Tu n'endurciras pas": il y a des gens qui sont dans le dilemme de donner ou de ne pas donner, c'est pourquoi la Thora nous encourage à opter pour la générosité. Il y a des gens qui tendent leur main puis la retirent, c'est pourquoi la Thora nous dit de ne pas nous rétracter.
"Ton frère le nécessiteux": À votre tour de lire.

Verset 8: Mais pour ouvrir tu lui ouvriras ta main, et tu lui prêteras…
Rachi commente:
"Pour ouvrir tu lui ouvriras": même plusieurs fois.
"Et tu lui prêteras": S'il ne veut pas de don, donne lui en prêt.

Dans la suite (Verset 9), la Thora s'occupe du risque qu'ont les pauvres, à l'approche de la rémission des dettes lors de l'année Sabbatique (Chemitat Kessafim), de ne plus trouver à emprunter, ce refus est qualifié clairement de faute (fin du verset).

Il est intéressant de constater que celui qui refuse d'aider le pauvre n'est pas qualifié lui-même de "méchant" mais d'avoir de la méchanceté dans son cœur. La nuance est importante puisqu'elle nous encourage à penser que dans le fond chaque juif, digne descendant d' Avraham Avinou, à bon cœur, et que pour peu il se ressaisira. Etymologiquement, le mot "Beliyaal" employé ici pour la méchanceté du cœur, signifie d'ailleurs "sans joug", pour nous enseigner que cette faute n'a pas son origine uniquement dans un soupçon d'insensibilité mais aussi quelque part dans l'oubli que nous sommes plus les serviteurs de D. que les serviteurs de nos propres intérêts.

Verset 10: Pour donner tu lui donneras … et pour cela D. te bénira.
Rachi commente: (Traduction libre):
"Pour donner tu lui donneras": même s'il frappe à ta porte cent fois.
Et comme le disait Enrico: "Donnez, donnez, dooonnez, D-ieu vous le rendra".

Passons au Sefer Hah'inouch.
Vous trouverez dans la Parachat Reè deux Mitsvot, l'une négative (No478) et l'autre positive (No479), que l'on accompli à chaque fois qu'on donne même une petite pièce à un pauvre.
En lisant le détail de la Mitsva négative, vous remarquerez que l'auteur insiste sur deux points: c'est une Mitsva qui demande de travailler sur soi même et c'est une Mitsva qui est accompagnée d'une bénédiction: "ne crois pas que tu vas y perdre de l'argent, grâce à cette Mitsva D-ieu te bénira, or un instant de Sa bénédiction vaut bien plus que des trésors d'or et d'argent (citation)". Pour le Sefer Hah'inouch, cette bénédiction est plus large que celle d'Enrico.
En lisant le détail de la Mitsva positive, vous remarquerez que l'auteur insiste sur la manière de donner: "avec joie et satisfaction". L'auteur reprend ici une expression biblique que je vous laisse méditer tout seul (Voir Devarim 28,47). Remarquez aussi que la Mitsva de Tsedaka se retrouve plusieurs fois dans la Thora, les versets sont cités par l'auteur qui nous renvoie à son commentaire sur la Mitsva de prêter au pauvre (No66).
Là bas, l'auteur nous explique quelques points de la profondeur de cette Mitsva (Michorchey Hamitsva). Cette Mitsva s'inscrit directement dans la volonté divine de remplir le monde de Sa bonté. Pour cela il nous demande d'être Ses envoyés afin que nous soyons de bonne nature et que nous véhiculions le bien. En quelque sorte nous réalisons et concrétisons ainsi notre Humanité créée à l'image de D-ieu.

Passons au Kitsour, Chap.34, Halacha 1:
Je vous laisse lire… c'est un peu long.

Merci.
Comparez cette introduction au texte de Devarim que nous avons étudié il y a quelques instants, qu'un pensez vous?
Effectivement, à première vue c'est presque de la paraphrase. À première vue.
Reprenons quand même quelques idées fortes:
1) Servir D-ieu par la Tsedaka compte tout autant que de Le servire par des sacrifices. Ce qui n'est pas peu dire puisque les deux demandent un sacrifice financier, mais l'un est bien plus facile que l'autre.
2) On n'a jamais à subir de dommages à cause de la Tsedaka, pas seulement financiers mais même par manque de tranquillité.
3) Nous frappons trois fois par jour à la porte de D-ieu pour lui demander la même chose, notre subsistance (dans la Amida: Barech Aleynou ou Barechenou). Avec les repas et le Birkat Hamazone cela fait 6 fois par jour. (De quoi se sentir Noudnik?). Alors pourquoi? Peut être pour que nous apprenions, là aussi à ressembler à D-ieu en supportant les importuns.

Halacha 3 (deuxième partie): Vous y apprendrez que vous n'avez pas l'obligation de donner plus qu'une petite pièce au pauvre qui frappe à la porte. Si vous avez une petite boite de Tsedaka dans laquelle vous glissez une pièce de temps en temps, c'est l'occasion de distribuer ce qu'elle contient.

Halacha 8: Vous y apprendrez qu'on ne renvoie pas un pauvre les mains vides.

Voici encore une petite Halacha tirée du Rambam (Zeraim. Lois sur les dons aux pauvres, Chap.7 Hal.6): Un pauvre qu'on ne connaît pas et qui quête pour manger, on ne vérifie pas s'il est honnête. Pour d'autres besoins on vérifie.

Kitzour Halacha 16: De cette Halacha ressort que les nécessiteux qui jouent la comédie auront des comptes à rendre… mais pas à vous. Ce qui nous aidera à appliquer correctement la Halacha du Rambam: quand vérifier l'honnêteté de celui qui tend la main?
Très souvent c'est impossible, alors pour les petites sommes du porte à porte, cela n'est plus notre problème mais celui du nécessiteux vis-à-vis de D-ieu. Quant à nous, nous accomplirons notre devoir afin de ne pas blesser les vrais nécessiteux.