Conversation 16676 - Berechit, chapitre 1

NathanninNathan
Lundi 31 mai 2004 - 23:00

Shalom rav,Rav

En relisant le perek aleph de Berechit,je me suis aperçu qu'il y avait un rythme (sha)maïm,arets,or : d'abord création des deux premiers et lumière pour les éclairer, puis délimitation de leurs domaines spatiaux et temporels(le rakiah,la yabacha,les meorot),enfin peuplement (et là,il est flagrant que D' Crée simultanément êtres aquatiques et aériens-volant au moyen d'ailes),pour bien sûr terminer par Adam
Quelques questions à ce sujet:
1)ce rythme serait-il le bria-yetsira-assia dont parlent certains commentateurs? (ça me semble clair,mais je ne voudrais pas dire de bêtises)
si c'est le cas,pourquoi assia est-il mentionné explicitement avec les animaux terrestres et pas avec les animaux peuplant cieux et eaux?
2)est-ce de là que le midrash tirerait par règle de symétrie que les êtres célestes ont été créés le deuxième jour? (Adam=essence terrestre+"lumière"divine,créé au jour 7-1; êtres célestes=essence céleste +"lumière" divine,créés au jour 1+1)
A ce propos,le midrash étant le fruit de réflexions talmudiques très poussées,à quel moment un talmid débutant est-il apte à le lire judicieusement?
3)Rachi commente (verset 1:24) que tout a été créé le jour premier et n'avait plus qu'à sortir. Ceci me permettrait-il de comprendre "Berechit bara elokim et hashamaïm veet haarets" comme "D' créa à l'état de prémices le ciel et la terre" (celles de la terre étant le tohu-bohu, celles du ciel étant maïm et shamaïm indistinctes)?
4)Pourquoi les végétaux sont-ils formés avant que les astres ne règlent le jour et la nuit?

Je me rends bien compte qu'il s'agit d'une longue question. Ne vous gênez pas pour la scinder si besoin est.Merci d'avance

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

Si vous lisez l'hébreu, je vous recommande le livre de rabbi Avram bar Hiya Hanassi (11ème siècle) Higayon Hanéfèche.
Ce que vous dites contient des intuitions qui vont dans la bonne direction mais insuffisamment mûries et méditées. Ne vous précipitez pas à formuler des conclusions, ni même des trop d'hypothèses, de "peut-être que". Engrangez les faits, lisez les commentaires de Rachi, d'Ibn Ezra et de Nahmanide. La difficulté du 1er chapitre de la Genèse tient entre autres au fait qu'il ne s'agit pas d'un exposé linéaire et unidimensionnel et que les différentes "notations" des versets, comme une musique, doivent aussi intégrer les silences et les non-dits dans la trame d'intelligibilité. Le blanc du parchemin où s'inscrivent les lettres de la Thora fait aussi partie de la Thora...

NathanninNathan
Mardi 1 juin 2004 - 23:00

Encore une interprétation personnelle du premier mot de Berechit
Il est dit dans l'hymne Ygdal : rishon veein reshit lereshito.
Pourrais-je en conclure que Bereshit Bara El' pourrait aussi être rendu par "D' Créa dans/par/au moyen de Son Essence"?
J'espère ne pas commettre un blasphème?

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

Voir 16676.
A supposer qu'il en serait ainsi, qu'est-ce que cela rajouterait à la compréhension première qui n'est pas directement impliqué dans l'acte de création ?

Mais le Yigdal dit en fait autre chose, en relation avec le réshit. C'est que Dieu a créé un réchit et dans ce réchit il a créé les cieux et la terre (et rien à voir à ce niveau avec une Essence quelconque) : Be-Réchit bara... Or ce réchit lui-même n'est pas préexistant mais doit lui même faire l'objet d'une création et c'est - en relation avec la création à partir du néant - la précision donnée par le Yigdal que ce néant doit lui avoir un commencement : Eyn (hou) réchit le-réchito alors qu'il n'y a pas de commencement à la primauté non-chronologique de Dieu.

NathanninNathan
Mardi 1 juin 2004 - 23:00

Complément à la question 16676:elle est sûrement sans valeur si vous m'apprenez que mes hypothèses sont fausses(je n'ai pas encore reçu la réponse),mais s'il y a bien un cycle cria-yetsira-assia,pourquoi D' commence-t-Il par dire:NaASeH ADaM puis VaYVRaH EL' ET-HaADaM?
Et au fait, mais ceci est une autre question : le verset Ber 1:26 dit
בצלם אלוקים ברא אתו זכר ונקבה ברא אתם
A l'image de D' Il le Créa mâle et femelle Il les Créa. Pourriez-vous m'expliquer comment lire ce verset (sa signification,je pense la deviner,elle est explicitée au pereq ב)

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

Voir 16676.
Pour Naassé Adam, il y a d'abord la formulation du projet et elle porte donc sur l'achèvement de la réalisation. Le projet est formulé au pluriel parce qu'il comporte deux associés : le Créateur et la créature à qui ce projet est proposé.
Ensuite la Thora décrit la part de Dieu dans la mise en oeuvre du projet (Béria) (plus loin, au chap. deux il sera question de la yétsira) alors que la assia appartient à l'homme - c'est en ce sens qu'on parle de mitsvoth maassioth, c'est par son action que l'homme achève, parachève et accomplit le projet de l'oeuvre du commencement.

J'hésite à entrer par écrit dans l'explication détaillée de ce verset. Je vous ferai simplement observer que ce n'est pas sur le adam lui-même que porte la progression décrite dans le verset mais sur ce qui fait - disons - son essence (il faudrait dire sa quiddité) représentée dans le verset par la préposition ett qui va faire l'objet d'un déploiement : ett, puis oto, puis otam. D'abord l'énoncé de la dimension universelle non encore particularisée dans un sujet, pui la particularisation dans un sujet par adjonction du suffixe de la 3ème personne, puis déploiement dans le couple créateur d'identité engendrée par la transformation du suffixe singulier en suffixe pluriel.

rahoum
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

en complément à la question16676 sur Berechit le ZOHAR HAKADOCH traduit:"avec rechit (point sans dimention)Il a créé Elokim ainsi que le ciel et la terre".C'est mot pour mot la théorie du "Big Bang"j'en ai peut etre trp dit et on comprend pourquoi le Zoharn'est pas à mettre entre toutes les mains et surtout dans une traductin.chalom vékol touv

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 3 juin 2004 - 23:00

Vous allez un peu vite en besogne, et d'ailleurs il n'y a rien de bien nouveau dans la théorie du Big Bang. Certaines lignes de Louis de Broglie ne sont pas moins étonnantes à ce sujet.
Mais il est vrai aussi que fonder une réflexion sur une traduction du Zohar est quelque peu osé.

NathanninNathan
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

Par rapport à 16729,lorsque vous dites concertation entre Créateur et créature,laisseriez-vous entendre que D' a proposé à l'une de ses créatures (l'Ed,si j'ai bien compris) la mission de commander aux autres créatures d'une façon analogue à la mission qu'Il a proposé plus tard à Moshe Rabbenou?
Par ailleurs,y a-t-il dans l'évolution du ett un jeu de mots,si je puis dire,ADaM=AB+EM=HeM?

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 5 juin 2004 - 23:00

Non, ce n'est pas exactement cela. D'abord la mission n'est pas de commander aux autres créatures, le verset qui parle de cela indique seulement une dimension de supériorité qui fait de l'être attendu le souverain du monde d'en-bas, le couronnement de la création.
Le problème soulevé par le premier chapitre de la Genèse est bien plus "profond". Quand on s'adresse à quelqu'un, ce quelqu'un existe déjà. Mais que signifie le fait de s'adresser à quelqu'un qui n'est pas encore, pour lui proposer une aventure commune à Dieu et à lui ? C'est ce "quelqu'un" qui aura accepté la gageure de cette aventure que la Thora appellera Adam, homme.
Au chapitre deux, la Thora décrit la manière dont le Ed, semblable un peu à ce que -sans rapport ni intention - Bergson a appelé l'élan vital, "montait de la terre avant que l'homme n'en fut formé, et [qui] continue de monter à travers lui tant que la formation de l'homme n'est pas encore achevée, à l'aboutissement messianique de l'histoire d'Adam" (rav L. Askénazi (Manitou), La parole et l'écrit, p.27)

Je dirais peut-être plutôt la progression que l'évolution et dans le cas d'espèce, je ne vois pas de jeu de mot.

NathanninNathan
Dimanche 6 juin 2004 - 23:00

Petite précision par rapport à 16771,par jeu de mot,j'entendais que le concept progressait selon différents sens que pouvait prendre ADaM, comme dans le jeu de mots "Le Belge n'est pas franc,car le franc belge n'est pas lourd,et si le franc est lourd,c'est qu'il est Suisse"

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 7 juin 2004 - 23:00

C'est noté

NathanninNathan
Mercredi 7 juillet 2004 - 23:00

Rav yakar,
j'espère ne pas abuser de votre temps ni votre patience en retournant sur les sujets que je ne comprends pas (en dépit de vos pourtant lumineuses explications)
Voici donc à la lumière des nouvelles données dont je dispose encore un essai de comprendre le verset 1:27

a)d'un point de vue structurel, la première partie du verset: "vayvra El' I ett haadam betsalmo" est le miroir du verset 1:1. Si on écrivait "betsalmo bara El' ett haadam", ce serait le jumeau de Berechit bara El' ett hashamaïm veett haarets" Donc, ce n'est pas le Tselem qu'on veut mettre en évidence.

b)par contre, dans la seconde partie "Betselem El' bara oto", c'est la structure du verset 1:1.
J'en infère que :-soit la deuxième partie décrit le pourquoi de la première (cf Rachi 1:1:bishvil rechit => ici, bishvil tselem)
-soit la première partie est la conception et se rapporte à Naasse Adam (verset précédent) alors que la seconde est déjà liée à la réalisation (verset 2:7)

c)si la première partie du verset était inversée, nous lirions "Betsalmo bara El' ett haadam, betselem El' bara oto" Il y aurait déplacement du centre d'intérêt de betsalmo vers oto.

d)ce n'est pas le cas, d'ailleurs le taam est on ne peut plus clair (même pour quelqu'un comme moi qui ne sait pas les lire) : Vayvra El' I ett haadam etc L'accentuation est sur Vayvra El' (comme dans "Mi kamokha I baelim Adoshem")
Et Dieu Créa (soupir ou roulement de tambour) l'homme à Son image!, selon le moule qu'Il avait réalisé pour lui (Rachi)

Et quel est ce moule? Le Tselem El', l'Image ou plutôt l'Exemple de Dieu!
Avec un Modèle si parfait, pourquoi Dieu fait-il d'Adam un homme et une femme? D'abord, parce que l'homme est triste d'être seul, ensuite parce que ADaM ayant la valeur numérique de HeM, il n'a pas été fait pour être seul.

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 10 juillet 2004 - 23:00

a) La conclusion est hâtive. Les raisons pour lesquelles Bereshit est "en-tête" n'ont aucune pertinence par rapport au tselem.

b) ce n'est encore pas exact du point de vue formel.

Mais surtout, vous manquez encore de beaucoup d'éléments et vous vous lancez prématurément dans des tentatives d'explication. Même s'il y a des intuitions intéressantes dans ce que vous dites, vous risquez de vous coincer au lieu de laisser ouvertes toutes les pistes. Il y a une différence entre noter des données concernant les versets, l'ordre des mots, les correspondances, etc. et chercher à en tirer trop vite des conclusions.

C'est particulièrement vrai du dernier paragraphe.
Une indication, à partir précisément de Rachi :
Dieu a créé l'homme à son image, c'est-à-dire que la conception est fonction du projet (tselem) que Dieu se fait de l'homme achevé et la démout indique que l'homme est créé capable de se rendre semblable à l'être du projet conçu pour lui.

NathanninNathan
Dimanche 19 septembre 2004 - 23:00

Rav Yakar,

Au vu de ma désastreuse interprétation du commentaire de Rachi sur Ber 1 :1 sur laquelle je ne reviendrai pas, j’ai essayé de suivre votre conseil de réviser ce que je pense acquis. Je souhaiterais à présent voir si cela porte ses fruits.
Ma traduction est libre. Si toutefois elle était trop sauvage, je vous prierais de bien vouloir me corriger instamment.

1er commentaire de Rachi sur le premier verset du premier Livre de la Tora :
Rabbi Its’hak a dit qu’il n’aurait pas fallu commencer la Tora autrement que par « Ce mois est pour vous… », qui est la première prescription qu’Israël a reçue, et pourquoi avoir commencé par Bereshit ? Parce que (Psaumes 111) : « Il Fit le Récit de la Puissance de Ses œuvres à Son peuple, afin de leur donner l’héritage des Nations » Parce que si les états du monde disent : « Vous êtes des brigands, qui avez conquis les terres des sept peuples », ils leur disent : toute la terre est au Saint Béni Soit-Il, Il l’a Créée et l’a Donnée à celui qui est droit à Ses yeux (Jérémie 27 :5), par Sa volonté Il la leur a Donnée et par Sa volonté Il la leur a Retirée, et nous l’a Donnée.

1er commentaire du Ramban sur le verset et le commentaire :
Rabbi Its’hak a dit etc. (le Ramban reprend le commentaire de Rachi)
Or, dit le Ramban, Bereshit bara El’ est la « racine de la foi », celui qui n’y souscrit pas et pense que le monde était antérieur (éternel) est un mécréant absolu. Il faut donc se demander pourquoi « il n’eût pas fallu » que la Tora commence par cela. La réponse est que l’Acte de Création est un secret trop profond pour être compris à partir des lectures et qu’il ne pourrait être connu sur ses ???(borav, que je ne rapproche que de bour, terre inculte,…) ??? si ce n’est par la transmission (je suppose qu’il faut comprendre « Kabbale ») depuis Moshé Rabbenou de la Bouche de la Puissance (de Dieu) ; et ceux qui la savent doivent la cacher.
Donc, tout ce qui précède la première prescription :
- l’histoire de ce qui a été créé au premier jour
- ce qui a été fait au deuxième jour
- la porte des eaux
- le long processus de la formation d’Adam et Eve
- leur pêché et leur punition
- l’histoire du Jardin d’Eden et comme Adam fut éloigné de celui-ci,
« Tout cela ne sera pas pleinement compris d’un discernement total à partir des Ecritures »

Et ce qui concerne l’histoire de la génération du Déluge et la compagnie, n’est pas d’un grand intérêt.

Il aurait suffi aux hommes de la Tora, sans ces écritures, de croire à tout cela lorsque cela leur est rappelé dans les Dix Commandements : « car six jours YHVH Fit le ciel et la terre et la mer et tout ce qu’il y a dedans et Il Se reposa le septième jour », et il resterait le savoir à certains d’entre eux (j’imagine qu’il s’agit des Meqoubalim) de la halakha de Moshé sur le Sinaï grâce à la Tora Orale.

Rabbi Its’hak a expliqué qu’il en est tout de même ainsi car la Tora, qui commence avec Bereshit bara El’, et continue avec l’histoire de la yetsira, la création de l’Adam, (toutes ces choses étant incompréhensibles pour qui n’a pas Reçu) narre le fait qu’Il le fasse régner par les actes de ses mains et tout ce qui (Shet ?) sous ses pieds. Et que c’est le Jardin d’Eden, le plus beau des endroits créés dans ce monde, qui est octroyé à Adam comme lieu de repos, jusqu’à ce qu’Il le chasse de là à cause de son pêché.
De même, Les hommes de la génération du Déluge ont été chassés du monde entier par leurs pêchés, à l’exception du seul juste parmi eux et de ses fils. Et les pêchés des semences de ceux-ci ont également valu à ces descendants de s’égailler DANS DES LIEUX AUXQUELS ILS SONT ETRANGERS, où ils se sont installés avec leurs familles de leurs nations selon ce qu’ils pouvaient trouver.

C’est ainsi que vont les choses : lorsque le peuple ajoute à son pêché, il disparaît de sa place, et un autre peuple vient s’octroyer sa terre, car tel est depuis toujours le décret de Dieu à propos de la terre. Et comme il est raconté dans l’écrit que Canaan a été maudit et vendu pour servir le monde, il ne convient pas que lui soit donné la fine fleur des endroits où l’on séjourne. Par contre, celle-ci sera accordée aux serviteurs de YHVH, la semence de Son amour, ainsi qu’il est écrit (Psaumes 105 : 44) « Et Il leur donnera les terres des peuples et ils recevront le labeur des nations car ils garderont Ses règles et ils préserveront Ses Enseignements » C’est-à-dire, qu’Il A exclu ceux qui se révoltent contre Lui et A installé ceux qui le servent, et ceux-ci savent qu’ils en jouiront en Le servant, mais que s’ils pêchent envers Lui, la terre les vomira comme elle a vomi les peuples qui y étaient avant eux.

Afin d’éclairer son propos, Le Ramban cite d’une part Bereshit Rabba 1 :3 « Rabbi Josué de Sikhnin ouvrit au nom de Rabbi Lévi : Il A Fait le Récit à Son peuple la Puissance de Ses oeuvres (Psaumes 111 :6), pourquoi le Saint Béni Soit-Il leur A-t-Il dévoilé à Israël ce qui a été créé au premier jour et ce qui a été créé au deuxième jour ? Afin que les sept nations n’accusent pas Israël et ne leur disent : N’êtes-vous pas une nation de pillages ?, et Israël leur répondrait : et vous, le pillage n’est-il pas dans vos mains, n’est-il pas dit : les Kaftorim sortis de Kaftor les ont détruits et ils se sont établis derrière eux (Deutéronome, 2 :23) ? Le monde et tout ce qu’il contient appartiennent au Saint Béni Soit-Il. Quand Il l’a voulu, Il vous l’a donnée, quand Il l’a voulu, Il vous l’a reprise et nous l’a donnée. C’est ce qu’il est écrit (Psaumes 111 :6) : Pour leur donner l’héritage des peuples, Il leur A fait le récit de la Puissance de Ses œuvres » Pour leur donner l’héritage des peuples, Il leur A fait le récit de Bereshit.
Et d’autre part, il reprend le dire de « nos maîtres de mémoire bénie » (Introduction au Guide des égarés) : « Il A Fait le Récit à Son peuple la Force de Ses œuvres. Faire le récit de la puissance de l’Acte de Création à des êtres de chair et de sang est impossible. En vertu de cela, tu as simplement l’écrit Bereshit bara El’ »

Un grand merci d'avance, shana ve 'hatima tova!

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 25 septembre 2004 - 23:00

bourio = de barrour, clairement.
Si vous vous reportez à l'explication que j'ai donnée de ce Rachi, vous verrez que les propos de Nahmanide ne portent réellement que sur le premier chapitre de la Genèse, jusqu'au Chabbat inclus.
Je ne me souviens pas que Nahmanide ait déclaré l'histoire de la génération du déluge et celles qui l'ont suivi comme étant d'un intérêt mineur.
Prenez garde, la Thora n'est pas un texte "pieux" moralisateur. Ce que vous écrivez pourrait figurer et figure même sans aucun doute dans des ouvrages de prêche. C'est ce que Monsieur Gordin, le premier maître ashkénaze de Manitou, appelait de la bouillie sucrée pour chat.
La Thora vient nous dévoiler le sens de l'histoire humaine et les enjeux qui s'y rattachent et elle le fait dans le détail - à sa manière - qui requiert patience et humilité et surtout tradition orale, enseignement "frontal" comme on dit aujourd'hui, que tous les livres du monde et même Cheela, hélas ou plutôt grâce à Dieu, ne peuvent pas remplacer.
Si on veut comprendre ce qu'Israël représente dans le monde, il faut commencer par comprendre en quoi ont consisté tous les échecs qui l'ont précédé. Il faut comprendre quel était le formidable défi qu'Abraham a relevé, pourquoi il est appelé "grand parmi les géants", et ainsi de suite de l'histoire d'Isaac et de Jacob et de ses fils, des rivaux et adversaires qui accompagnent leur histoire. Bien sûr, il s'agit des hommes qui ont accepté de conformer leurs actes à la droiture, qui ont légué à leur descendants le projet de sainteté pour le salut du monde, mais la Thora n'est pas un récit de distribution de bons et de mauvais points et si tu n'es pas sage tu vas au coin.
Vous me pardonnerez, je l'espère, en cette saison propice, de parler un peu sévèrement. Je le crois nécessaire.
Quant à la question de la création, je vous dirait tout autrement : l'homme, quand il n'a pas été déformé par une éducation réductrice, a l'intuition profonde de la création "ex nihilo" parce que se connaissant, il sait qu'il est unique et que si ses parents lui ont préparé un corps, le "quelqu'un" qu'il est en tant que sujet de sa propre histoire n'a aucun antécédent. De cette intuition les Hébreux ont gardé à la fois la foi et la mémoire. Mais cela resterait une hypothèse si la Thora ne venait apporter en premier lieu sa confirmation ; et dire du même coup : ce qui va suivre ne s'adresse qu'à ceux qui comprennent que le monde est créé, qu'il a un Créateur préoccupé de son avenir - même si la nature du fait de création échappe en tant que tel à la raison, il est le fondement de la rationalité de la Thora.