Conversation 16776 - Abravanel et moi

NathanninNathan
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

En attendant que mon cher libraire me procure les livres que vous m'avez recommandés,il m'a suggéré le commentaire du récit de la Création de don I. Abravanel (au fait,c'est Abravanel ou Abarbanel?),éd. Verdier. Est-ce un "bon" choix? Ou devrais-je approfondir mon étude avant de l'étudier lui?

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 5 juin 2004 - 23:00

Les hébraïsants disent souvent Abarbanel. Les lettrés disent Abravanel. Il existe deux grandes familles Abravanel et Abarbanel, il est difficle de trancher. je crois que les lettrés ont raison.

Ce livre est un peu "spécialisé" et demande peut-être une introduction à la personnalité de son auteur. Personnellement, j'apprécie assez. Feuilletez le un peu chez le libraire pour voir si vous "goûtez".

[J'ai acheté le livre surtout pour voir la traduction proposée (incorrigible ! pas la traduction, moi...)]

NathanninNathan
Dimanche 6 juin 2004 - 23:00

A propos de 16776,auriez-vous l'obligeance de me fournir (succintement si vous le souhaitez?) "une introduction à la personnalité de son auteur"?
Je sais par mon oncle que les Abravanel se disaient de la lignée de David Roi d'Israël,et qu'il n'est pas exclu qu'ils se soient un petit peu pris pour le Messie. Un Rav m'a dit par ailleurs qu'il posait des questions à n'en plus finir,au point d'endormir certains de ses élèves,avant d'avancer sa réponse(ce qui me correspond très bien!). Quels sonts les autres points à prendre en compte avant de l'aborder?

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 7 juin 2004 - 23:00

Non, je ne crois pas qu'il ait eu des "idées" comme ça.
Mais c'était un "Grand" d'Espagne, conseiller et financier de Ferdinand après avoir été celui du roi du Portugal.
Les excès de ces deux Cours l'ont dégoûté du pouvoir royal et arrivé en Italie, il a été séduit par la République de Venise, ler système des Doges et le fait qu'ils étaient responsables de leur gestion dont ils devaient rendre compte. Cela lui a suggéré quelques grandes pages de philosophie politique (liberté-égalité-fraternité est déjà dans le commentaire sur le Deutéronome 200 ans avant la Révolution française et certains passages ont été inclus dans le préambule de la Constitution des Etats-Unis d'Amérique.
Son fils, dit Léon l'Hébreu, est l'auteur d'un livre écrit en italien, Les Dialogues d'Amour (Dialoghi d'amore) qui sont un des grands textes de la Renaissance italienne en littérature.
Politiquement, culturellement, c'est une famille en prise directe sur son temps, et en porte-à-faux avec lui. Il a une approche très "systématique" des problèmes en même temps qu'une certaine réticence à l'égard du rationalisme maïmonidien. Cela se reflète dans le fait qu'avant d'aborder l'explication d'un passage, il fait l'inventaire des problèmes (les fameuses questions posées à l'infini... il n'endort pas ses élèves mais lasse parfois ses lecteurs) Il s'ensuit une combinaison assez délicate d'un approche analytique des questions et d'une approche synthétique des réponses. L'effort de formuler dans le langage culturel de l'époque, en hébreu, les réponses traditionnelles aux questions posées exige corollairement un effort de notre part pour "recoder" ces réponses dans notre registre culturel et suppose donc aussi une connaissance des sources traditionnelles pour établir les correspondances nécessaires. Je n'ai pas encore assez pratiqué la traduction en français du commentaire sur la Genèse pour pouvoir donner un avis sur la réussite de l'entreprise.