Conversation 22258 - Ma mere ou ma conversion?

Mem
Mercredi 9 mars 2005 - 23:00

Bonjour,
Mon histoire n’est pas simple mais je vais tenter de vous exposer la question qui me tourmente le plus.

Ma culture est Juive ; mon père est Juif, mais ma mère non. Tous deux ont refait leurs vies. Mon père habite en Israël et ma mère en France. Je ne parle pas hébreu. J’habite chez une personne de ma famille (du côté de mon père) à Paris. Je vais parfois à la synagogue pour le Shabbat (tout en le transgressant puisque je n’ai pas le droit de le faire).

Depuis quelques années, grâce à mon père, j’ai voulu en savoir un peu plus sur la Thora et je dois dire que je suis de plus en plus attiré par son étude et par sa pratique. Tant de finesse, tant de force, de sagesse et d’intelligence… je suis émerveillé et, pour la première fois de ma vie, je me sens vivant et heureux.

Ma mère sait que je vis dans la famille de mon père, mais elle ne sait pas ce que je ressens au sujet de cette religion ; je n’ai jamais réussi à lui en parler à cause d’une vieille blessure affective précisément sur ce sujet. Ma mère est quelqu’un d’intelligent et d’extrêmement sensible. Après réflexion, j’en suis venu à la conclusion qu’il me fallait passer outre mes problèmes personnels et lui dire que c’est par amour que j’ai envie de devenir Juif. Je pense qu’elle le comprendra. Ça ne sera pas simple, mais elle l’acceptera. Mais mon problème se situe à un autre niveau :

Je ne veux pas faire semblant d’être Juif. Si je le deviens, ce sera de tout mon cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces, ce qui impliquera que je mangerai strictement cachère et que je ne pourrais plus dîner chez ma mère (j’y vais plusieurs fois par mois). Hors, connaissant ma mère, je sais que cela lui portera un coup dans le cœur parce que je sais qu’elle prendra mon choix non seulement comme une trahison, mais comme un meurtre symbolique (comme si je voulais le renier) et qu’elle mettra ceci sur le dos de « notre vielle blessure » commune.
De façon plus large, je ne veux pas faire du mal à ma mère. Je ne suis pas venu sur terre pour lui faire du mal, ni à elle, ni à ceux que j’aime, ni à ceux que je croise…
D’un autre côté, je sais que si je vis cela, c’est qu’il y a une raison et qu’il doit exister une solution à mon problème, à savoir rester intègre envers moi-même et respecter ma mère (nous avons été déjà assez déchiré comme ça par le passé).
Alors quelle est-elle ? Ce cas a déjà dû se présenter ? Quelles sont les discussions à ce sujet ?
Je sais très bien que, de toute façon, vu ma sincérité, D. me viendra en aide, mais cette situation est très douloureuse pour moi (bien que je sache qu’elle débouchera sur une très grande joie, puisque c’est la vérité que je cherche). Je suis à une période très importante de ma vie et je me dois de faire le bon choix tout en étant conséquent.

En résumé : Je veux me convertir (je n’ai encore entamé aucune démarche). Je ne peux plus rester dans ce compromis là et je dois franchir le pas et me convertir ; ne pas le faire équivaudrait à ne pas être sincère et à me renier et je refuse de passer à côté de ma vie. Je ne veux pas trahir ma mère (imaginez une mère à qui on interdirait de nourrir son enfant…). Éclairez-moi, je suis dans la peine ombre.

En espérant avoir été assez clair et explicite, je vous remercie de votre lecture et vous souhaite de passer une bonne journée. Cordialement.
Mem

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 15 mars 2005 - 23:00

Votre question contient deux volets.
Celui de la conversion en elle même, et celui des repas chez votre mère.
A vous de régler seul le premier problème en en parlant avec votre mère et en lui expliquant que ce passage n'est en rien dirigé conre elle.
Concernant les repas en commun il ne s'agit que d'un peu d'organisation au niveau technique pour que ces repas soient cachers. Cela demande un petit investissement, ridicule pour qui veut garder contact avec son enfant alors que ce dernier a choisi une voie différente.
Tachez de montrer à votre mère qu'avoir un enfant juif religieux qui considère comme un devoir religieux d'honorer ses parents ne lui apportera que plus de bonheur (mème si d'un point de vue tout à fait formel cette obligation ne vous incombe pas totalement).