Conversation 24178 - La priere pour l'etat

Objet : A propos de la prière pour le gouvernement
Le prophète Jérémie a recommandé : « Et cherchez la paix de la ville où je vous ai transportés, et priez Hachem pour elle ; car dans sa paix sera votre paix » (29, 7).
Cette directive a été appuyée par une Michna : « Prie pour le bien du pouvoir politique, car si on ne le craignait pas, les hommes s’avaleraient vivants les uns les autres » (Avoth 3, 2).
Il est frappant de constater que la recommandation du prophète Jérémie concernait l’attitude à avoir envers un pays, la Babylonie, dont il avait lui-même prophétisé qu’il disparaîtrait après soixante-dix ans (25, 12). Cela me paraît signifier qu’il ne s’agissait pas tant, dans son esprit, de faire acte d’un quelconque patriotisme que de souhaiter que le gouvernement, aussi longtemps qu’il ne serait pas renversé, continue de garantir la sécurité de ses citoyens, et notamment de ses citoyens juifs.
On peut d’ailleurs observer que la pratique consistant à prier pour le pouvoir en place, qui a pris les formes les plus diverses – le judaïsme français, par exemple, ayant adopté un texte ignoré partout ailleurs – a été en honneur même chez les Juifs espagnols. Lorsque ceux-ci sont arrivés aux Pays-Bas, alors qu’ils venaient pourtant d’être chassés de leur pays par des souverains fanatiquement antisémites, ils y ont introduit une formulation qui leur était propre.
Au nom de quelle idéologie religieuse voit-on aujourd’hui en Israël des communautés d’une orthodoxie apparemment irréprochable refuser obstinément d’introduire cette prière dans leurs rituels ?
Si elles sont rebutées par les mots : Réchith tsemi‘hath gueoulathènou (« prémice de la floraison de notre libération »), que ne font-elles comme certaines communautés orthodoxes d’Amérique du Nord (pourtant dispensées de prier pour Israël), qui les ont remplacés par : Chéyakhol lihyoth réchith tsemi‘hath gueoulathènou (« Qu’il puisse devenir un prémice de la floraison de notre libération ») ?