Conversation 2658 - La Loi peut-elle evoluer?

Anonyme
Mercredi 27 novembre 2002 - 23:00

Voila il y a quelque temps j ai ete a une conference sur la place de la femme dans le judaisme avec 3 rabbin 1 consistoriale 1 massorti et 1 liberale l approche du rabbin m a laisse sans voie pour lui la halaha a toujour evolue halaha holeh de + celon le rambam les femmes ne pouvait pas selon lui sortir de chez elle + de 2 fois par mois aujourd hui meme les personnes les plus scupuleuse sur la halaha ne tienne pas compte de cet avis car la halaha a evolue donc dememe aujourd hui voila en gros le point de vue du mouvement massorti alors moi jeune juif frequentant une synagogue consistoriale :que pensez de ce point de vue ?

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 15 décembre 2002 - 23:00

La halakha est immuable, mais elle ne cesse d’évoluer.

Expliquons comment :

Tout d’abord, jusqu’à l’époque du Talmud (1) ou des Gaonims (2), nos Sages étaient autorisés à éditer de nouvelles lois, appelées Gezeroth ou Taqanoths. Ces lois pouvaient être totalement nouvelles, et ne se limitaient pas à une interprétation du texte de la Tora. Le Talmud foisonne d’exemples. Il a fallu 4 tomes épais pour les recenser et les expliquer (3). Cette prérogative n’existe plus, pour des raisons historiques (4), et ainsi nous ne sommes pas autorisés aujourd’hui à annuler d’anciennes gezeroths qui sont aujourd’hui dépassées. De même, ne sommes-nous pas autorisés aujour’hui à décider de nouvelles Gezeroths. C’est ainsi par exemple, que l’idée d’interdire d’aller en Allemagne après la Shoa a été repoussée (5).

Ceci ne signifie pas que rien n’ait bougé depuis. Au niveau local, de nombreuses mesures ont été prises. Certaines ont été acceptées très largement, d’autres n’ont pas été retenues. Votre question ayant pour origine une causerie sur la condition féminine, je ne citerai d’exemples que de ce registre.

Au 10ème siècle, Rabbenou Gershom Meor Hagola a interdit la bigamie, et a interdit de répudier une femme contre son gré. La seconde mesure a été acceptée par toutes les communautés (6), la première ne l’a été que partiellement.
Quelques siècles auparavant, des Sages babyloniens avaient décidé que toute femme désirant le divorce l’obtiendrait aux dépends de son mari (7). Cette décision révoluitionnaire n’a été acceptée que par certaines communautés, et n’a malheureusement plus cours aujour’hui.

Mais il serait faux de croire que l’évolution de la Halakha ne se fait que par le biais de Gezeroths ou Taqanoths. On ne compte pas le nombre de halakhots qui ont évolué !

Voici quelques exemples, receuillis de livres de responsa orthodoxes, cela va sans dire.

Une halakha indique qu’il est interdit de marcher dans la rue derrière une femme. Sera-t-il interdit de laisser une femme monter devant soit dans l’autobus, par politesse ? Non, répondent 3 grands décisionnaires contemporains (8). Cette halakha avait force de loi à l’époque où effectivement les femmes ne sortaient quasiment pas de chez elles. Aujourd’hui les conditions ont changé, et rencontrer une femme dans la rue n’est pas rare. En conséquence de quoi cela ne donnera pas d’arrières-pensées aux hommes qui viendraient à la rencontrer.

Sur notre site, on a autorisé à être assis hommes et femmes autour d’une même table, lors d’un mariage. Ceci est en contradiction flagrante avec ce qui est écrit dans certains ouvrages au nom d’auteurs médiévaux. C’est qu’il y a déjà plusieurs siècles que les rencontres entre hommes et femmes sont courantes - et qu’il n’y a donc plus lieu d’interdire une telle chose (9).

Bien que la Guemara interdise de réciter le Chema en présence d’une femme mariée ayant les cheveux découverts, de nombreux décisionnaires ont écrit que ceci est autorisé aujourd’hui (10). En effet, de nombreuses femmes mariées ne respectant pas l’obligation de se couvrir les cheveux, voir aujourd’hui les cheveux découverts d’une femme n’amène à aucune arrière-pensée. Ceci n’empêche pas ces décisionnaires de regretter cet état de choses.

J’aurais pu citer encore de nombreux exemples, uniquement liés au statut de la femme. Sans compter les lois qui ont changé sur d’autres sujets.

Il nous faut donc revenir à la première phrase de notre réponse : la Halakha est immuable.

Expliquons-nous :

La Halakha est un ensemble de principes indiquant aux hommes la marche à suivre pour accomplir la volonté divine. Ces principes sont immuables. A l’heure actuelle, nul ne peut les changer. Quand sera retablie l’autorité du Sanhedrin, certains d’entre eux pourront être remis en question. Pas aujourd’hui. Cependant, l’application de ces immuables principes peut changer quand la Société change. Le point commun des trois exemples pré-cités est que l’on doit éviter les situations pouvant amener les hommes à avoir de mauvaises pensées. Ceci est le principe. La définition précise de ces situations dépend de la Société dans laquelle on vit. Ceci peut varier d’un milieu social à un autre à la même époque.

En tout état de cause, la latitude de décider de ces changements ne revient qu’aux grands décisionnaires de chaque génération. Ceci est un des points importants de la polémique que nous avons avec le mouvement massorati (10).

Il n’y a pas d’examens à passer pour se voir reconnaître le droit d’opérer de tels changements. C’est le charisme de tel ou tel maître, l’étendue de ses connaissances et sa compréhension des problèmes de la génération qui font que les autres rabbins lui accordent la préséance et accèptent les changements qu’il propose.

Et comme pour toute question halakhique, il est bien rare de trouver une décision qui fasse l’unanimité.

Je n’ai pas traité dans ma réponse du problème des motivations qui se cachent parfois derrière le désir d’opérer des changements, de la technique halakhique selon laquelle ces derniers peuvent être obtenus, etc…

En résumé, on peut parler d’évolution de la Halakha, on ne peut pas parler de révolution la Halakha.

Notes: 1. Maïmonide, introduction au Michné Tora; Piskey Haroch, Chabat 2, 15.
2: Maguid Michné, Hamets ouMatsa, 5, 20. 3. Schepansky, Hatakanot beIsrael. 4. Voir Maïmonide, note 1. 5. Rav Mechoulam Rathe, Kol Mevasser, 2, 13. 6. Ozar Hagueonim, Yevamot 7. Rav Chlomo Auerbach et Rav Eliezer Waldenberg dans Tsits Eliezer, 9, 50. 8. Rav Ovadia Yossef, Yabya Omer, 6, O. H. , 13. 9. Aroukh Hachoulhane, O. H., 75, 7.

lagi
Dimanche 10 octobre 2004 - 23:00

Bonjour Rav,

A propos de la question 2658 (la halakha peut-elle evoluer?), vous dites que pour des raisons historiques il est devenu impossible de faire des gzerot et des takanot, ou d'annuler certaines de ces dernieres, ce qui etait encore possible a l'epoque des amoraim et des geonim. Mais vous n'expliquez pas pour quelle ''raison historique''. Pouvez-vous me l'expliquez?
Par ailleurs, vous dites que cela n'a pas empeche la halakha d'evoluer dans certains cas, ni certaines decisions d'etre prises localement, en se faisant plus largement accepter ou non. J'avoue ne pas comprendre. Si c'est interdit, pourquoi l'a-t-on fait?
Mille merci

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 11 octobre 2004 - 23:00

Maïmonide explique que jusqu'à une certaine époque, les sages et leurs disciples étaient concentrés géographiquement dans quelques yechivot, en Babylonie. Cette proximité permettait échanges et confrontations d'idées ainsi qu'enrichissement intellectuel mutuel.
Les décisions halakhiques qui étaient prises à la majorité avaient de la valeur, chacun n'ayant émis son avis qu'après avoir entendu les avis opposés et avoir rééxaminé le sien à la lueur des remarques et critiques des autres rabbins.
Un autre effet de cette concentration était que l'autorité des rabbins de l'endroit étaient acceptée par toutes les populations juives, et que leur décision avaient force de loi pour quasiment toutes les populations juives de l'époque.
Quand les communautés se dispersèrent, ces deux facteurs disparurent.
Les décisions ne furent plus prises de la manière que nous avons décrite, les rabbins n'étaient plus investis que d'autorité locale. Et les décisions prises par ces derniers ne concernaient que leur propre communauté.
Il n'est donc pas possible de prendre des décisions pour toutes les communautés, mais chaque autorité religieuse a le droit de le faire dans son propre fief, vis-à-vis de la communauté qui l'a choisie comme guide spirituel.
Prenez par exemple, le Herem de Rabbénou Gershom qui au 10ème siècle interdit de prendre deux femmes. Il ne fut pas accepté par toutes les communautés. Mais il constitue un exemple de mesure locale qui a beaucoup contribué à l'évolution de la Halakha.

lagi
Mardi 12 octobre 2004 - 23:00

Bojour Rav,
je vous remercie de l'eclaircissement donne si rapidement a la question 19566 (la halakha peut-elle evoluer). Simplement pour essayer de resumer ce que vous dites (et donc de verifier si j'ai bien compris): suite a l'episode babylonien, il est donc faux de dire que la modification de la halakha est impossible et qu'il est interdit de modifier des gzerot et des takanot edictees jusque la. Simplement, c'est au niveau du klal israel qu'il est impossible de le faire (il s'agirait donc plus d'une impossibilite technique que d'un interdit). Au niveau local, en revanche, c'est possible.
J'ai bien compris?
Merci

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 14 octobre 2004 - 23:00

Non, pas tout à fait.
Même au niveau local, on ne peut pas annuler de lois talmudiques, et l'on ne peut pas annuler de gzérot et de takanot (législation rabbinique).
Mais on peut faire certains aménagements, tels par exemple le Herem de Rabbénou Gerchom qui interdit d'épouser deux femmes par exemple.
Une autre "piste" de changement est celle que j'ai indiquée dans ma première réponse, à savoir celle de dire que l'application d'un principe halakhique immuable est sujette à fluctuations dans des situations elles mêmes fluctuantes.

lagi
Mardi 12 octobre 2004 - 23:00

Bonjour Rav,
Desole de vous embeter sur la question de l'evolution de la halakha, mais voila que vos reponses entrainent de nouvelles questions... voila: que les communautes juives aient vecu en vases clos durant plusieurs siecles de dispersion, et que cela ait rendu impossible une evolution de la halakha au niveau collectif, je veux bien (encore que je ne suis pas sur d'avoir bien compris votre reponse). Mais aujourd'hui, la modernite et les moyens de communication ne permettraient-ils pas de briser ce systeme de vases clos et de permettre justement d'edicter des takanot valables pour tous, et donc de supprimer, le cas echeant, certains decrets devenus caduques? Il faudrait m'expliquer, par exemple, pour quelle raison les kitniot sont toujours interdites de consommation pendant Pessah dans le monde ashkenaze, alors que de nombreux maitres de la generation jugent ce decret totalement obsolete. En effet pour quelle raison? Est-ce un decret que nous sommes obliges de nous ''coltiner'' parce qu'on ne modifie pas ce type de decret? Ou est-ce que le debat a ete ouvert, et qu'il s'avere que la majorite des maitres contemporains s'oppose a son abrogation et le jugent actuel?
La concentration mediatique ne suffit-elle pas pour reviser la halakha? Faut-il necessairement une concentration geographique de la population juive? Ou faut-il carrement un Sanhedrin (et donc l'arrivee des temps messianiques), et dans ce cas l'argument de la dispersion geographique ne sert a rien. En outre, s'il faut un Sanhedrin, pourquoi les geonim et les amoraim ont-ils edicte des decrets?; en effet, ils n'avaient pas plus de Sanhedrin que nous.
Merci mille fois.

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 11 novembre 2004 - 23:00

Votre question est effectivement très embêtante! Tout simplement parce que vous avez en partie raison!
Si nous n'avons pas de Sanhédrin et si la communauté juive mondiale est aujourd'hui dispersée, il est vrai que les moyens modernes de communication permettent un échange d'idées aussi intense que celui qui se passait à l'époque des yechivot de Babylonie.
Mais il ne s'agit pas seulement de cela. La possibilité d'émettre des décrets qui engagent tout le peuple n'existe plus parce qu'aucune autorité n'est aujourd'hui reconnue par tous. Ce problème existait déjà à l'époque des Gaonim, il semble qu'il n'existait chez les amoraïm. C'est ainsi que les décrets de Rabbénou Gershom n'ont pas été acceptés par tout le monde juif. Il y a d'autres décrets qui ont été acceptés par certaines communautés seulement.
La division, de même qu'elle empêche la création d'un Sanhédrin (et non pas l'absence du Machiah'), empêche donc aussi toute évolution.
Quant aux kitnioth, cela relève d'un autre registre, celui du respect des minhaguim. Je ne sais pas à quelles autorités halakhiques vous pensez quand vous écrivez que nombreux sont ceux qui trouvent ce décret obsolète. De plus il ne s'agit pas d'un décret mais d'un minhag.
Mais s'il se trouvait effectivement de telles autorités, je pourrais aller sur les traces du Hakham Tsvi qui écrivait que s'il trouvait un autre rabbin, il serait le deuxième à signer.
D'un autre côté on peut peut être trouver une explication satisfaisante au minhag des kitnioth, si l'on est prêt à faire une h'oumra. Mon ami le Rav Yoel Bin Noun considère que l'idée de ce minhag est de nous faire manger totalement différemment Pessah' des autres jours de l'année. Conformément à cela, il évite tous les produits qui ressemblent aux produits h'amets consommés dans l'année tels que gâteaux etc.…

non
Vendredi 15 octobre 2004 - 23:00

au sujet de la question 19603,la loi peut elle evoluer.
Il ya une notion que je ne comprends pas.Si le principe est immuable mais que son application peut varier en fonction du contexte,il "suffirait "de changer le contexte volontairement ou non pour modifier la halakha?
il y aurait de nombreux exemples allant de la piscine à la nourriture .

Rav David Zenou
Samedi 17 septembre 2005 - 23:00

Chalom,
C'est vrai, ainsi il est permis de traverser un fleuve le chabbat en se mouillant totalement si le but n'est pas de faire trempette mais seulement pour passer vers l'autre bord (sans nager), par exemple pour aller voir son rav (exemple du Talmud).

Pour savoir quel sont les paramettres immuable et quels sont ceux qui peuvent changer, il faut connaitre les tenant set les aboutissants des lois, ce qui demande de l'etude et surtout un maitre d'etude.

adame
Samedi 31 mars 2007 - 23:00

Cher Rav,
je n'ai pas bien compris votre réponse sur "la loi peut-elle évoluer".
Les exemples que vous rapportez semblent plutôt un choix entre deux maux,,
- ne pas sortir ou sortir dans la rue sachant que l'on va forcément suivre un femme et paraître un rustre si on ne la laisse pas passer en premier selon la mode actuelle (une nécessité s'oppose à une réalité qui entraîne une mitsva de kidouch hachem)
- Aller ou non à un mariage et s'atabler avec des femmes ( deux mitsvot s'opposent)
- réciter ou non le chéma en présence d'une "nudité capillaire"( deux mitsvot s'opposent)
Il s'agit en aucun cas d'une "évolution" de la halaha, mais d'un chikoul entre deux maux qui fait partie intégrante de nombres de halahot psoukot où deux mitsvot sont en opposition.

Dans un corps malade des traitements toxiques doivent étre essayé pour une courte période. De là à les prescrire sans y ajouter cette réserve....
Si la société est malade il vaudrait mieux conseillé d'en changer ou d'aller dans le désert, plutôt que de prescrire des remèdes au long cours sous lesquels se développent des maladies beaucoup plus graves....
La cellule familiale est malade et les aménagements halahiques sans rappel à la loi originelle, d'ailleurs proscrits depuis 20 siècles, d'après l'air du temps et de l'espace font encore plus de mal que de bien. Porets gader....
Comment se fait il que des rabbanims puissent contredire des halahot rédigés en noir et blanc par les géants en stratégie et en tactique de notre loi que tout le peuple a accepté en son temps. (kibelou vekiyémou)
cela me parait très grave.
Encore navouh
Hag sameah

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 17 avril 2007 - 00:06

Chalom,

Vous avez en partie raison. Certaines décisions halakhiques ont été prises dans le cadre de ce que certains décisionnaires appellent la politique du moindre mal. A savoir, qu'entre deux mauvaises solutions, on va choisir la moins pire. C'est toute une discipline halakhique, qui est basée sur de nombreux principes talmudiques, qui eux même s'inspirent de la "politique halakhique" de la Tora, qui elle-même fait des concessions à la nature humaine. Le prototype de ce genre de halakhot pourrait être la loi de la belle prisonnière (Devarim/Deutéronome 21, 10).
Il est évident que prendre une femme étrangère sur le champ de bataille, même avec les restrictions qu'impose la Tora ne relève pas d'un niveau moral très élevé. La Tora l'autorise, l'alternative étant le viol. Ne nous voilons pas le face, les hommes sont ce qu'ils sont, et les évènements en Europe de la fin du vingtième siècle (je pense aux massacres et milliers de femmes violées en Bosnie) prouvent que les guerres entraînent en plus de la mort d'autres exactions. Les Sages du Talmud ont dit à ce sujet que la Tora a fait là une concession aux bas instincts de l'homme, pour éviter pire.
Cette politique du moindre mal se traduit par plusieurs principes talmudiques. Un chapitre de mon doctorat y est consacré (plus de soixante pages) et si j'arrive à surmonter les problèmes techniques, j'espère le mettre en ligne pour vous prochainement.
Cette politique continue jusqu'à nos jours et certains décisionnaires contemporains en font usage. Ainsi le Rav Ovadia Yossef a-t-il écrit à un directeur d'école de jeunes filles, qu'entre les mini jupes et le pantalon, il fallait autoriser le pantalon, si c'était la seule alternative (Yabia Omer, 6, Y.D. 14) . Ou que l'on pouvait autoriser l'ouverture d'un restaurant qui servirait des desserts lactés après des repas de viande si l'alternative était que le restaurant ne soit pas cacher du tout (Ibid 4, Y.D. 7). Le Rav Moché Feinstein a d'ailleurs lui aussi écrit dans ce sens (Igrot Moché 4, 52). Il y a encore de nombreux exemples.
Le point commun de toutes ces décisions est que les rabbins, dans les attendus de leurs décisions, ne manquent pas décrire qu'elle est prise dans le cadre de la politique du moindre mal. Un terme est récurrent, בעוונותינו הרבים, par nos grandes fautes. Ce terme désigne plus que tout le sentiment qu'a le décisionnaire et le choix qu'il a fait, d'évoluer dans le cadre de la politique du moindre mal.
Ce terme apparaît aussi dans les textes qui autorisent de lire le Chema en présence d'une femme mariée qui n'a pas les cheveux couverts, que j'ai cités dans la réponse "la loi peut-elle évoluer?".
Mais ces termes n'apparaissent pas dans de nombreux textes évoquant les évolutions de la condition féminine, le fait que les femmes aient aujourd'hui accès à l'éducation supérieure, qu'elles fassent partie du monde du travail etc.
Quand le Rav Ouziel écrit qu'aujourd'hui on rencontre des femmes sur les lieux de travail et que cela doit se traduire au niveau de la Halakha pas un mot de regret sur cette nouvelle situation. Pas plus que chez le Rav Ovadia Yossef, qui dit de manière assez humoristique dans une de ses conférences qu'il est possible d'écouter sur Internet (www.maran1.com/yazdim.php), que par la passé les femmes ne voyaient jamais d'hommes et qu'il étaient impensable de leur demander de réciter "Birkat hagomel" en public, mais qu'aujourd'hui, BAROUKH HACHEM, les choses ont changé.
Certains changements ont donc été faits à contrecœur, et le Natsiv (Méchiv Davar 1, 45) compare cela à une opération destinée à sauver un malade. On lache du lest pour ne pas s'écraser.
Mais certains changements ne répondent pas le moins du monde à ces critères et permettent de s'adapter à des changements positifs de la société.
Pour reprendre le thème de la réponse que vous citez, l'évolution de la condition féminine est à mes yeux positive et doit être encouragée. Il faut bien entendu le faire dans le cadre de la Halakha, sans que cela ne nuise à la cellule familiale. Mais ce n'est pas que l'affaire des femmes, il faut aussi éduquer les hommes pour qu'ils s'adaptent et n'essaient pas de reproduire dans le cadre de leur vie familiale ce qu'ils ont vu chez eux à une autre époque.
De crainte que cela soit effectivement une source de conflits et de discorde.
Je ne vous cacherai pas le sentiment que j'ai après notre relativement long échange de courrier, que vous envisagez aujourd'hui les rapports entre hommes et femmes selon un modèle dépassé, et que peu de femmes modernes accepteront. Une telle conduite peut avoir eu des conséquences sur vos déboires conjugaux.

janick
Samedi 3 janvier 2009 - 23:00

Si j'ai bien compris: La loi juive, la halakha puise ses sources dans la torah écrite et dans la torah orale, le talmud, qui a été fixée par écrit au début de l'ère chrétienne par nécessité impérieuse, L'intérêt de la torah oral, et ce qui nous distingue des autres systèmes religieux, c'est d'empêcher la législation écrite de la communauté de devenir un système rigide, inaccessible à tout progrès et donc inadaptée à la société. Par conséquent les chefs religieux de chaque génération recevaient de la torah orale le pouvoir de légiférer pour leur époque à la lumière des circonstances contemporaines.
Au moyen âge la loi a été fixée dans différents ouvrages, dont notamment le cholhan harour, cette codification sur bien des points n'est plus adaptée aux circonstances contemporaines, pourquoi continue t-on de nos jour à nous présenter la halakha comme le shoulhan harour? pourquoi comme au moyen age, les chefs religieux de notre générations ne se réunissent pas pour légiférer sur des problèmes actuels comme le statut de la femme, les digicodes dans les copropriété, etc J'ai vu a travers la réponse sur le spermogramme les fabuleuses possibilités d'évolution et d'interprétation, alors pourquoi sur ce sujet certaines décisions sont prises et sur d'autres il y a une abstention totale qui fait que nous en sommes encore a suivre des halakhot du moyen âge?

Emmanuel Bloch
Mercredi 11 février 2009 - 23:56

Chalom,

Je vous propose de lire les reponses ci-dessus, vous devriez trouver beaucoup d'elements de reponse.

Je complete simplement avec une remarque sur la question du spermogramme, que vous mentionnez - dans ce cas les possibilites d'innovation halakhique sont grandement augmentees par le fait qu'il s'agit d'une technologie nouvelle, inconnue des generations precedentes. Il n'y a pas, comme dans d'autres domaines, 20 siecles de precedents halakhiques, ce qui donne par consequent une plus grande liberte aux decisionnaires dans leurs prises de decision.