Conversation 27998 - L'apero du vendredi soir

hozer bitchouva
Mercredi 4 janvier 2006 - 23:00

Chalom!
Est ce vari que le vendredi soir, aprés avoir fait Kidouche, mais avant de faire nétilat yadaime,on a pas le droit de faire des brahotes par exemple mézonote ou adama etc... sur un appéritif parceque c'est braha lévatala étant donné qu'on a l'intention de manger cet aliment précis aprés avoir fait mosti????? Si non pouvez vous m'expliquer un peu la chose que j'aurais pu mal comprendre? merci et chabbat chalom.
Ps c'est quand le prochain tchat?

Raphael Boussidan
Vendredi 6 janvier 2006 - 23:00

Shalom!

Vous avez eu raison de poser la question. Effectivement, beaucoup ignorent cet usage tres repandu dans les communautes originaires d'Afrique du Nord, et surtout croient qu'il est erroné. C'est une tendance a la mode de penser que nous decouvrons subitement la Torah et que ce que nos Peres avaient l'habitude faire est obsolete. En réalité, pratiquement TOUS les Minhaguime de nos Peres s'appuient sur des bases solides: ca commence par "Baroukh Hou ouVaroukh Shemo" qu'on doit repondre y compris au Kidoush, pour la Meguila ou le Shofar, ca continue par se lever au moment de la lecture des 10 Commandements, dire "Emete Toratenou haQedosha" juste apres la lecture de la Torah, faire la berakha apres l'allumage des bougies de Shabbate et non avant, etc...

L'usage de faire des Berakhote entre le Kidoush et Netilate Yadayime le Shabbat a pour but de completer les 100 benedictions que nous devons reciter chaque jour. Pendant la semaine, c'est beaucoup plus facile car rien qu'avec les 3 prieres quotidiennes, nous recitons deja 3*19=57 Berakhote. Alors que le Shabbate, nous avons 4 prieres (Moussaf compris) mais elles ne contiennent chacune que 7 Berakhote (au lieu de 19), 4*7=28. On a donc pratiquement 30 Berakhote de "deficit" par rapport a un jour de semaine, deficit que nous devons rattraper de diverses manieres, comme par exemple cet usage.

Point de vue Halakha stricte, la question dont vous parlez est de "Berakha She-Eina Tserikha" [litteralement: benediction dont on a pas besoin (superflue donc interdite)]. Or, comme dit precedemment, on a precisement besoin de ces benedictions pour completer les 100 Berakhote le Shabbate, donc il n'y a aucun probleme.

Une autre question se pose, c'est celle de la Berakha Ah'arona (Boré Nefashote, 'Al haMih'ya ...) si on mange plus de Kazayite (30g) de cet aperitif: doit-on la faire avant Netilate Yadayime ou peut-on s'appuyer sur le Birkate haMazone de la fin du repas?
1) Pour les cacahuetes, olives, bambas, variantes qui viennent nous mettre en appetit avant le repas, on peut selon tous les avis en manger plus de Kazayite et s'appuyer sur le Birkate haMazone de la fin du repas (meme en semaine).
2) Pour le mezonote par exemple, les avis ont partagés: certains demandent a priori de ne pas rentrer dans le doute et de toujours s'abstenir d'en manger plus de Kazayite avant le repas; d'autres pensent que le Shabbate specialement, ou nous faisons le Kidoush a l'endroit du repas ("Kidoush biMeqome Se'ouda"), tout fait partie du repas et on peut donc s'appuyer sur le Birkate haMazone de la fin du repas ['Aroukh haShoulh'ane (Simane 176) et H'ayé Adame (Klal 41)].

Conclusion:
En semaine et le Shabbate, on peut meme prendre plus de Kazayite d'aliments qui nous mettent en appetit avant le Motsi [cf 1)] et s'appuyer sur le Birkate haMazone de la fin du repas.
Pour les autres aliments: en semaine, il vaut mieux eviter d'en prendre plus de Kazayite avant le Motsi pour ne pas rentrer dans le doute (moins de Kazayite: aucun probleme). Le Shabbate, on peut en prendre plus de Kazayite, et on s'appuiera sur le Birkate haMazone de la fin du repas, selon le principe "Safeq Berakhote Lehaqel" (dans le doute pour une Berakha, on s'abstient de la faire).

Source: "Maguène Avote" du Rav Lebhar (Simane 176)

Voila, j'espere que ce petit eclaircissement reussira a vous faire reprendre confiance dans les usages ancestraux d'Afrique du Nord.

Kol Touv et bon appetit!

Nota: cet usage existait (existe?) aussi chez les Ashkenazes. Le 'Aroukh haShoulh'ane et le H'ayé Adame peuvent en temoigner...