Conversation 30512 - Vous croyez vraiment que D'ieu existe?
je voudrais savoir pourquoi des fois je me demande si D... existe vrement vu qe je n'ai pas de preuves vivantes et materiel qu'il existe , des fois je me demande meme comment j'ose dire ca ...car c es irealiste me j'aimerais vrement obtenir une reponse qui me ferait plus dutout douter de l'existance de D...
merci J'attends avec impatience votre reponse
Shalom
Y-a-t-il une preuve logique, implaquable, de l'existence de D...? Grande question, voici quelques elements de reflexion.
En philosohie, il existe ce que l'on nomme la preuve ontologique - c'est une preuve etablie grace aux 19 regles de la logique formelle et qui mene a la conclusion qu'on ne peut refuter logiquement l'existence d'un etre supreme (c'est la seule preuve parmi les 4 preuves developpees au moyen-age qui tient la route aujourd'hui, meme apres la critique de Kant - pour les inities).
Cependant, tous les croyants ne connaissent pas cette preuve et pourtant ils croient quand meme ! De plus, cette preuve ne nous conduit pas necesssairement au D... d"israel et a ses comandements, elle n'est donc peut etre pas la plus convainquante.
Certains considerent la croyance en D... comme une evidence premiere a laquelle il n'est nul besoin d'amener des preuves; au contraire, y amener des preuves serait en douter.
D'autres voient dans la nature, la physique, la chimie, dans l'ordre du monde et dans cette extraordinaire machine qu'est le corps humain une trace indelebile d'un createur (Cf Maimonide).
D'autres, comme Rabbi Yehouda Halevy dans le livre du Kouzari voient dans l'existence du peuple juif au travers des siecles, sa survivance malgre son eparpillement aux 4 coins du monde et son histoire exceptionnelle une preuve inebranlable de la presence de D...,... preuve a mediter.
On raconte que l'on a pose la question a Albert Einstein: 'Croyez-vous en D...". Sa reponse etait: 'Dites-moi ce que vous entendez par le mot D... alors je pourrai vous dire si j'y crois ou non'. Et en effet, il faut s'entendre sur le sens du mot D... et sa fonction dans la vie.
Il est difficile en quelques lignes de developper un tel sujet qui a ete traite par des multitudes de penseurs et livres mais dans un esprit halakhique j'aimerai proposer l'optique suivante: l'experience du divin dans le Judaisme ne depend pas veritablement d'une preuve logique ou historique de l'existence de D... a la suite de laquelle je crois ou non. Elle depend avant tout de la facon dont j'organise ma vie, de l'experience de la vie reglementee selon les preceptes de la Torah, et qui donnent a cette vie une epaisseur qui lui etait inconnue auparavant. Une vie organisee autour des mitsvot est pleine de sens et suppose a posteriori que le mot D... a un sens.
Pour vous donner une metaphore: Chercher dans le Judaisme une preuve de l'existence de D,,, c'est comme essayer de comprendre uniquement le role du fou dans une partie d'echec sans considerer le jeu et la partie dans toutes ses facettes.
Un conseil: Lisez le livre du Kouzari de Yehouda Halevy (editions Verdier)
Suite a 30512
Dr. Ben Admon,
Permettez-moi d'ajouter quelque chose a votre reponse tres instruisante et a laquelle j'adhere entierement.
Le doute et la croyance sont des sujets fondamentaux, et j'ai rencontre dans les maisons d'etude et aussi dans les synagogues des approches differentes par rapport a eux. Le plus souvent, on entend : "le doute c'est Amalek" ou des developpements disant qu'il n'est pas bien de douter. Meme le Rambam dit que celui qui doute dans un seul des 13 principes de la foi juive cesse de faire partie de la communaute d'Israel. J'ai beaucoup souffert, car je ne voyais pas pourquoi je devais croire sans douter, je suis scientifique et la science m'a aide de m'elever sprituellement au-dela de l'existence materielle et de percevoir la beaute et la profondeur de l'esprit, ce qui est d'apres mon experience une elevation vers le divin (car j'ai toujours fait la science "le Shem Shamayim", seulement pour savoir et comprendre). Je ne voyais donc pas en quoi la reflexion et la speculation serait nuisibles au Judaisme qui est la "croyance de la verite" comme dit le Rambam (Maimonides).
C'est en etudiant le Rambam que j'ai fini par comprendre qu'il y a deux genres de doutes, un qui vient en premier et un apres lui. On ne peut arriver a aucun savoir et a aucune croyance sans douter (car on apprend en questionnant et toute question que l'on pose renferme en elle un certain doute), et celui qui ne doute jamais n'est qu'un ignorant. Ce n'est qu'apres un long processus de reflexion et d'etude que l'on arrive a des croyances fiables et irrefutables, que l'on interiorise comme des certitudes. Et si apres cela on recommence tout de meme a douter – alors quant a ce doute-la s'applique la phrase "le doute est Amalek". Si nous examinons bien les propos du Rambam a la fin dans son introduction au "Perek Helek" nous comprenons ce qu'il voulait veraiment dire : Celui qui adhere aux 13 principes de la foi DEVIENT Israel … et celui qui en doute SORT de la communaute d'Israel. La chronologie est claire : Pour devenir Israel "en acte" (et non pas seulement "en potentiel") on doit douter, mais une fois entré dans la communaute des croyants, douter sur les principes de bases cela est comme si un grand Sage de la Tora se mettrait d'un coup, que D'ieu nous en preserve, a transgresser Chabbat – son ame est retranchee.
C'est aussi ce que la Tora nous enseigne : "(1) Israel vit la 'grande main' que fit l'Eternel en Egypte, (2) et le peuple eu peur de l'Eternel, (3) et ils crurent en l'Eternel (4) et en Moshe Son serviteur." Ce n'est qu'apres la revelation de D'ieu en Egypte par Ses miracles que le peuple croyait. Il est absurde de croire sans aucune preuve ! C'est pourquoi le D'ieu d'Israel s'est revele a TOUT LE PEUPLE au Sinai pour qu'il n'y ait aucun doute chez personne. Et cette preuve d'existence de D'ieu au Sinai est la plus grande preuve qui existe.
Or seulement, une croyance basee sur une telle preuve ne dure pas (comme nous montre la faute du veau d'or). La croyance, pour pouvoir persister, elle doit se baser sur un concept et sur la reflexion. C'est pourquoi le Talmud dit : "Le Sage est plus grand que le prophete", car le Sage EXPLIQUE et le prophete ENONCE. Mais l'homme intelligent a naturellement le besoin de recevoir des explications. Ce que l'on interiorise par l'ETUDE persiste (etude n'est pas accumulation de faits et apprentissage par cœur, c'est apprendre en questionnant et reflechissant avec un erudit de la Torah qui est moral et intelligent, quelqu'un que l'on ressent comme un model par la vie qu'il mene et qui n'a pas peur de questions), et de l'autre cote, ce que l'on fait par l'HABITUDE ou par obligation ou seulement par peur risque de ne pas durer.
Rambam "Guide des Egares" (premiere partie, chapitre 50) :
"Il ne peut y avoir croyance que lorsqu'il y a eu conception ; car la croyance consiste a admettre comme vrai ce qui a ete concu… S'il se joint a cette conviction que le contraire de ce que l'on croit est absolument impossible et qu'il n'existe dans l'esprit aucun moyen de refuter cette croyance, ni de penser que le contraire puisse etre possible, c'est de la certitude. Si tu te depouille des desirs et des habitudes, si tu es intelligent et si tu consideres bien ce que je dirai [sur les attributs divins]… tu auras necessairement de la certutude a cet egard, et alors tu sera de ceux qui concoivent l'unite de D'ieu. Et non pas de ceux qui la prononcent seulement de leur bouche, sans en concevoir une idee, et qui appartiennent a cette classe dont il a ete dit 'Tu es pres de leur bouche, mais loin de leur interieur' (Jeremie 12, 2)."
Seulement, NOUS, on n'a pas vu D'ieu parler. Pourquoi devons-nous AUJOURD'HUI croire en D'ieu ?! Pour au moins deux raisons :
1. La Tora et le Talmud, les commendements aussi que les enseigenements philosphiques et morales, sont une telle source de Sagesse qu'il est inconcevable que cela soit le seul fruit d'hommes (bien que les Sages soient associes au developpement da la Sagesses Divine).
2. Il y a dans le monde 15 000 religions, mais une seule pretend que D'ieu s'est revele a TOUTE UNE NATION, chacun etant temoin de la meme experience de sorte que personne n'avait besoin de douter, c'etait une PURE EVIDENCE. Dans toutes les autres religions – sans exception aucune – c'est toujours un presume prophete auquel une divinite se serait revelee au milieu d'une foret et dans la nuit, sans aucune preuve et aucun temoin. Mais pourquoi personne n'a pretendu que telles ou telles divinite s'etait revelee a toute une ville, par exemple. Pour deux raisons : a) Cela est en dehors de l'imagination de l'homme et une telle chose ne s'invente pas, et b) en pretendant cela on serait oblige d'apporter ces temoins, et il est impossible que tout une nation ou meme toute une ville pretende une experience qu'ils n'auraient pas vecu, et en plus de perpetuer ce recit pendant 3000 ans !!! Les gens ne sont pas dupes a ce point.
Ce sont deux raisons entre autres qui nous font croire a l'enseignement de nos peres.
Shalom,
Merci pour vos remarques.
Concernant la place du doute dans la recherche de la verite il est important de rappeler les propos du Rav Kook sur la difference entre scepticisme ('safkanout') et heterodoxie ('kfira). Selon la premiere, la recherche de la verite ne peut s'effectuer que dans une demarche ou l'on rencontrerait le faux - ce que le Natsiv de Volojyn disait; 'on peut apprecier la lumiere - c.a.d. la verite - qu'en connaissance de l'obscurite', principe partage par le Maharal et beaucoup d'autres. L'erreur est ainsi constitutive et me mene a la verite.
Pare contre la kfira - c.a.d. le refut de toute verite concernant le divin - ne suppose pas une envie de progresser mais statue sur des verites sans les confronter a d'autres pour des raisons de confort intellectuel voire meme dans le but d'oter tout statut positif au fait religieux.
Concretement, cette difference a etait integree au sein de la pensee halakhique et l'on trouve des decisionnaires qui considerent que dans la majeure partie des cas la kfira (l'heterodoxie) est fonction d'un manque de connaissance. C'est le fameux argument ramene au nom du Hazon Ish (Tinok Chenishba). Une personne posant des questions sur les fondements du Judaisme serait a comparer a un bebe qui a grandi chez des non-juifs et qui n'a pas ete eduque sur les genoux de la tradition;
D'autrs decisionnaires vont encore plus loin et adoptent des positions qui sont proches du paternalisme et considerent que la societe moderne est 'infestee de virus heterodoxes' et donc une personne assimile des donnees sans meme les avoir reflechies. Il n'est donc pas responsable de ses pensees, qu'il pense pourtant etre siennes. C'est la position entre autres du rav Hertzog.