Conversation 33829 - Manitou, sioniste, hassid

sara88
Mardi 24 octobre 2006 - 23:00

Chalom Rav,

Veuillez m’excuser pour la question 33716, qui n’en était pas vraiment une, je venais d’avoir une conversation houleuse avec un antisioniste ignorant je promet (blin eder) de ne plus discuter avec des antisionistes qui ne connaissent rien à rien, j’essaierai (blin eder) de ne m’énerver qu’avec ceux qui sont un peu plus sérieux !

Une question ! (Une vraie cette fois)

Dans le tome I de la parole et l’écrit (chapitre : le hassidisme dans la pensée mystique),
Manitou nous dit : « Le problème du hassidisme peut se rattacher au problème contemporains du sionisme. La plupart des théoriciens du sionisme politique ont une inspiration de type hassid. Cela permet de poser le problème d’un rapport éventuel entre les faux messianismes et le sionisme contemporains. Voilà la réponse que fit le Rav Kook à cette question : Tous les problèmes de faux messianisme ont commencé par être d’ordre religieux avant de quitter le fait national juif. Ils ont tous dévoilés par la même qu’ils ne concernaient pas le fait national juif Le sionisme est différent car il apparaît à la périphérie de la communauté et dans les milieux le plus assimilés. Si, en fin de compte il aboutit à réaliser les espérances de type messianique, il est a l’origine de type nationaliste. Ainsi il y a une filiation très étroite entre sionisme et hassidisme. A la base de la richesse du mouvement hassid et de la réussite sioniste, il y a cette même reconnaissance de l’importance pure et simple du fait d’être juif. La communauté hassidique a été la seule a être juive et seulement juive, la prise de conscience de l’exil a été plus aigue. Le hassid a pour spécificité de n’avoir que des catégories spirituelle strictement juives, et en cela il est la matrice du mouvement sioniste car le mouvement sioniste qu’elle qu’en soient ses périphérie a aboutit à être en fin de compte la messianité elle-même ».

1-Est-ce que ça veut dire que la manière la plus authentique d’être hassid est d’être sioniste, parce que le hassidisme est celui qui en exil a préservé son identité judéo-juive et pas judéo-polonais, judéo-russe etc… ?

2-Si la meilleur manière d’être conservé son identité hébraïque en exil c’était d’être hassid, alors la meilleur manière de l’être après 1948 c’est d’être sioniste ?

3- Comment se fait-il alors que beaucoup de hassidim ne sont pas super sionistes ?

4-Est-ce parce que la première manifestation du sionisme était une manière d’être homme athée ? Pourquoi malgré tout le hassidisme ne sait pas lancé dans le projet sioniste seulement du fait de son caractère national même si le coté religieux y été moins présent ? Est-ce ce qui a mené certain dire que le Rabbi était le Machia’h parce que religion sans nationalisme ça tourne à faux messianisme ?

Merci d’avance !

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 19 février 2007 - 01:48

Pas une question, quatre !
Il me semble que l’intention de Manitou était d’expliquer que sionisme et hassidisme ne sont pas a priori deux choses distinctes l’une de l’autre. Qu’ils s’impliquent l’un l’autre. Cela devrait répondre aux deux premières.
La réponse à la troisième est un peu problématique, et c’est peut-être à leurs rabbins qu’il faudrait la poser. Leur réponse implique souvent un cercle vicieux. Un grand parmi eux l’a formulé dès 1920. Il s’agit du rav Ashlag, auteur – entre autres – du monumental commentaire sur le Zohar qu’il a appelé le Soulam, l’Échelle, qui permet d’y accéder. Il a dit : c’est une course de vitesse qui est engagée entre eux et nous. Il dépend de nous d’être la majorité. Mais hélas il n’a pas été suivi et – nous n’avons pas assez de larmes pour pleurer cela, cette majorité s’est perdue dans les fours crématoires. On ne peut pas décemment reprocher à l’État de n’être pas ce que nous souhaiterions et ne rien faire pour qu’il le devienne.
Le Rabbi était un des plus grands maîtres contemporains. Le Talmud dans une page très connue indique qu’il est quasi impossible aux élèves d’une yéchiva de ne pas identifier leur maître avec la figure messianique, puisque c’est à travers lui qu’ils la connaissent. C’est pourquoi d’ailleurs, quiconque participe à l’élaboration de la messianité, participe aussi de cette identité. De là sont toujours possibles des dérives, certaines par exagération et certaines par rejet.
Difficile à dire si la deuxième n’est pas plus problématique que la première.

P.S. : Le texte de votre question comporte quelques fautes, disons, d’orthographe, sans doute provoquées par la hâte. Certaines seraient intéressantes à analyser, comme par exemple : « Pourquoi malgré tout le hassidisme ne sait pas lancé dans le projet sioniste ». Bien entendu, en vous relisant, vous auriez tout de suite corrigé : « le hassidisme ne s’est pas lancé ». Il y a donc là comme un lapsus révélateur : un engagement est toujours le résultat d’un savoir et d’une foi. En reliant cela au préambule de votre question, peut-être pressentiez-vous qu’il pouvait y avoir une certaine ignorance dans l’attitude que vous décrivez ?

sara88
Dimanche 18 février 2007 - 23:00

Réponse à 33829

Quelle finesse Rav Simsovic... j'hésitais déjà sur le véritable sens que pouvaient avoir mes questions, mais de là à en trouver dans mes fautes d'orthographes! J'en suis plus qu'honorée ! :)
Vous m'éclairez beaucoup lorsque vous parlez de Foi et de Savoir, Emet et Emouna , c'est l'histoire de Bor ve Houlda, que la guemara explicite et qui est citée dans le Aroulh.
J'ai tres souvent l'impression en discutant avec de jeunes hassid ou juifs pratiquant, que l'étude et la prière se résume à un fort setiment de piété.
Plus c'est pieux, plus c'est mieux (grosse faute de français consciente).
Il y a pourtant cette histoire hassidique où un Rabbi demande à ses disciples quelle est la plus grande catas jamais arrivée au klal, les disciples disent : destruction du 1er temple? non! du sencond? non plus? les pogroms? non! la shoah? non! Assimilation , mariages mixtes, Jesus? non!!! La plus grande castatrophe répond le Rabbi, c'est que la Torah soit devenu une religion!
Comment cela est arrivé? 2000ansd'exil ça fait mal à la tete , mais à quel moment s'est-on "enreligiosé"? Est-ce le contact du monde chretien?
Le manque de la Terre? Comment redevient-on la manière d'etre Homme qui est celle de nos ancetres, d'Israel?
Est-ce que "religion juive " a un sens? Puisque comme dit Manitou D. n'a pas révélé une confession religieuse au mont Sinai.
Alors quel sens a le terme religion ou religieux chez nous?
Merci d'avance Rav

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 3 mai 2007 - 23:39

Je crois que le tournant se situe au XIXeme siècle, lorsque "l'émancipation" a ouvert les portes des droits civils aux Juifs. En Europe, il règnait et règne encore une confusion entre citoyenneté et nationalité. On ne peut être citoyen d'un pays sans en avoir la nationalité, ce qui est, non une erreur, mais une conception de l'identité humaine. Or, bien qu'on ait inventé depuis le concept de "double nationalité", cela ne fait qu'ajouter à la confusion, car ce dont il devrait s'agir en réalité c'est de "double citoyenneté".
En Israël, par exemple, des Arabes peuvent - et sont - citoyens de l'État, tout en appartenant à une nationalité -léom, en hébreu, différente.
Or, être Juif, signifiait jusqu'à la fin du XVIIIeme siècle, "membre de la nation juive" et non pas "de religion juive". Mais ouisque l'émancipation retirait aux Juifs leur nationalité, il fallait leur laisser "leur culte". Ce culte, d'ailleurs, est en soi authentiquement religieux, mais l'identé juive ne se résumait pas - ou plutôt : ne se réduisait pas - à cela. Elle impliquait, par l'usage même du mot "Juif", l'espérance et l'attente ardente du retour des autres dimensions d'identité dont l'exil et la dispersion nous avaient privés. Cette appellation soulignait que l'identé hébraïque originelle était à reconquérir. Cela a commencé, d'ailleurs, en ce même XIXeme siècle, avec des maitres comme le rav Kalisher, le rav Moholiver ou le rav Alqkalaï (qui fut le rabbin de la communauté du grand-père d'un certain Théodore Herzl), et ce à la suite des grands maîtres du XVIIIeme, le Gaon de Vilna, le Hatam Sofer, le Baal Chem Tov et le Richon-leTsion, le rav Haïm BenAttar (Or HaHayim haqadoch) qui tous, chacun à sa manière, ont prôné le retour en Eretz Israël pour y construire des maisons et en cultiver la terre.
Ni les uns ni les autres n'ont été suivis, si ce n'est pas par des poignées héroïques de disciples fervents mais en nombe très insuffisant pour que le cours de l'histoire en soit changé.
Le "judaïsme" étant devenu une religion, s'auto-privant de sa dimension nationale, la réaction est venue par un sionisme revendiaquant cette dernière et rejetant la première.
Il est grand temps que les deux se retrouvent et se rejoignent, dans la prise de conscience que "nous sommes tous fils d'un même père, et l'unité nous manque" : "koulanou bené ich ehad, vehaehad enenou..."
sachant que Israël ne peut être peuple un que sur sa terre : am ehad - baaretz.