Conversation 4235 - Plus rien a faire en Exil?

Anonyme
Lundi 3 février 2003 - 23:00

Chers Rabbanim,

Avant toute chose, ma question est sincère et objective ; elle ne contient donc aucun sous-entendu.

Voici : plusieurs fois dans les réponses aux cheelot, s'ajoute une sorte d'appel ou de conseil, je sais comment dire, pour que l'internaute fasse son 'alia. Parfois même lorsque la cheela n'a pas de rapport apparent avec ce grand projet (par exemple la cheela 4205, dans laquelle le trait d'esprit du Rav Elyakim m'a vraiment fait rire de bon coeur !)

Evidemment, je partage avec nos Rabbanim l'attirance pour notre belle et sacrée terre d'Israël ; pourtant, une question me vient aujourd'hui : n'y a-t-il donc plus rien à faire, rien à réparer en 'houts laarets pour qu'on nous appelle à faire notre 'alia ?

Berakha vehatsla'ha

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 25 février 2003 - 23:00

Chalom,
Il ne s'agit pas seulement d'une attirance et notre belle et sainte terre d'Israël n'est pas tous les jours facile à vivre.
Il s'agit d'un commandement positif qui traverse toute la littérature biblique et talmudique de part en part. Israël ne peut être authentiquement lui-même qu'en Eretz-Israël et la Thora n'a de sens vraiment qu'en Eretz-Israël. Ne croyez pas qu'il s'agisse là de formules dictées par l'idéologie sioniste. C'est le sionisme lui-même qui est l'expression (parfois inadéquate et maladroite, mais les Juifs, même ceux qui se veulent "croyants" et "pratiquants" ne le sont-ils pas aussi, parfois ?) de l'aspiration des Juifs à retrouver leur indispensable dimension nationale dont ils avaient été amputés durant près de deux mille ans.

D'ailleurs, il faut préciser le vocabulaire : il n'y a d'exil que forcé. Aujourd'hui, grâce à Dieu, l'exil s'est achevé. Il reste la dispersion.

Vous savez que la Méguilat Esther ne fait aucunement mention du Nom divin. La Présence divine se voile et rentre en clandestinité. Les indices de Sa Présence ne restent perceptibles qu'à ceux qui acceptent de les reconnaître. Ainsi, une certaine lecture permet de voir que chaque fois qu'il est dit "le roi" tout court dans la Méguila, il s'agit en fait de Melekh malkhé hamélakhim haQadoch Baroukh Hou, du Roi des rois des rois, le Saint Source des Bénédictions. Or, l'accusation portée par Haman contre les Juifs et qui va déclencher ce qui de son temps n'a pas été la catastrophe épouvantable dont nous savons aujourd'hui ce qu'elle aurait pu être : il y a un peuple dont la profession de foi et la prétention est l'unité (yechno am e'had) - et il est dispersé et divisé (méfouzar ouméfourad) - et en conséquence ils ne respectent pas, ne réalisent pas les volontés du Roi (véett daté haMelekh énam ossim).

Rester en "exil" correspond à l'échelle collective du peuple à la terrible faute de "hotsaat zèra lévatala" et "hach'hatat zèra" : produire une semence vaine et détruire la semence. En termes socio-politiques ça veut dire l'assimilation et le pogrome. Tant que nous étions en exil, cette perte de semence était involontaire. Elle s'appelle alors "quéri". Mais là aussi la halakha met en garde : cette sorte de "hasard" n'arrive pas par hasard. Il y a des choses qui la provoquent.
Et alors elle provoque en retour de la part de Dieu, la colère correspondante, hamat qéri.
Relisez le chapitre 26 du Lévitique, à partir du verset 21 en particulier.

Une mission en exil ? Quelle mission ? Faire la preuve de notre fidélité, point à la ligne. Et ramener avec nous au temps du retour les moissons récoltées et ceux d'entre les nations qui se sont joints à nous au cours des âges. Alors voilà : le temps de rentrer la moisson est arrivé, ett hazamir higuia. Et vous savez ce qui arrive lorsqu'on tarde ? Elle pourrit.