Conversation 49867 - Judaisme et métempsychose

rondoudou
Lundi 23 novembre 2009 - 23:00

Bonjour à vous les rabbanims,
J'aurai besoin d'un éclaircissement sur un point. On prie pour les défunts pour que leurs âmes aillent au gan eden et d'un autre côté on parle de réincarnation. Si on prie toute l'année pour un proche et que sa néchama est revenue sur terre dans un autre corps, à quoi bon prier l'élévation de cette néchama qui ne se trouve plus auprès de Dieu ?
Kol Tov

Rav Reouven Ouziel
Lundi 30 novembre 2009 - 09:30

La notion de réincarnation ou métempsychose, c.à.d. une doctrine selon laquelle l'âme se réincarne dans un autre corps, humain, animal ou végétal, n'existe pas dans le judaïsme.
Selon l'hindouisme p. ex., "A la façon d'un homme qui a rejeté des vêtements usagés et en prend d'autres, neufs, l'âme incarnée, rejetant son corps, usé, voyage dans d'autres qui sont neufs". Ce type de croyance est issu d'une vision idolâtre et fataliste de la vie humaine.
On ne change pas de corps ni de destin comme on change de chemise!

Chacun, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, doit affronter ses épreuves avec son libre arbitre et sa conscience. Et c'est le niveau spirituel acquis durant sa vie qui décidera de son sort, après sa mort.

En vérité, selon le Sefer Habahir [195] et le Sefer Hazohar [vol.1, 186; voir Cha'arey Zohar du R. Margaliot sur Baba Metzia 107a] il y a une possibilité de gilgoul néchama qui est traduit très improprement par métempsychose, mais il s'agit de quelque chose de complètement différent.
Parfois, lorsqu'un homme a très gravement fauté, ou n'a pas réussi à corriger sa conduite de façon correcte, il faudra poursuivre ce tikoun [=réparation spirituelle] à travers la vie d'une autre personne. Cela ne signifie pas que c'est le même homme avec un autre corps, mais que cette deuxième personne a, en plus de sa propre vie, une "étincelle" de l'âme de la première personne, et par sa conduite pourra achever le tikoun et permettre à cette personne de finir complètement ce qu'elle avait laissé inachevé.
Il peut y avoir aussi une faute si grave que la nechama soit emprisonnée dans un animal ou toute autre créature, mais encore une fois, elle ne se réincarne pas, mais seulement reste emprisonnée le temps nécessaire.

Chacun reste responsable de ses propres actes, et le fait qu'il "porte" une "étincelle" d'âme ne représente qu'un élément de plus dont il faut tenir compte [s'il en est conscient, ce qui en général n'est pas le cas], comme de ses traits de caractères, innés ou fruits de son éducation et de l'influence de son entourage.

En conclusion, le gilgoul néchama fait partie du programme divin de la Techouva [=rédemption] de toute la création, et ne change rien au destin individuel de chacun.
Et donc, continuez à prier pour le tikoun du défunt qui poursuivra sa voie dans la vie éternelle.

rondoudou
Lundi 7 décembre 2009 - 23:00

Merci pour votre réponse à la question 49867.
Vous nous dîtes donc que la réincarnation au sens "Hindou" du terme n'existe pas dans le judaïsme.
Si j'ai bien compris et pour résumer votre réponse, la néchama ne revient que pour réparer de graves fautes afin de pouvoir jouir du Gan Eden. On échange pas un corps contre un autre mais nous "cohabitons" de manière plus ou moins présente avec une autre néchama.

Je viens de lire le livre d'Annaëlle et dans ce livre, elle décrit sa vie antérieure à savoir qu'elle est décédée dans les camps pendant la Shoah, que son frère actuel était son mari et ses parents étaient ses enfants.

Ces 2 visions sont donc en contradiction l'une et l'autre.Ces 2 versions (la votre et celle d'Annaëlle) sont-elle valables ?
PS : C'est suite à la lecture du livre d'Annaëlle que la question 49867 m'était venue à l'esprit.
Merci et Kol Tov

Rav Reouven Ouziel
Jeudi 10 décembre 2009 - 07:16

Je n'ai lu que quelques extraits du livre d'Anaëlle, mais il me semble évident qu'elle n'avait pas les moyens intellectuelles pour expliquer clairement ce qu'elle a vécu, et l'intérêt essentiel de son livre est d'encourager la emouna et le comportement moral, pas d'enseigner les principes du judaïsme que seuls nos sages peuvent expliquer de façon certaine.
Donc, ne tirez aucune conclusion de son livre mais continuez à y puiser un réconfort moral qui vous aidera à mieux vivre votre judaïsme.
Behatzla'ha!