Conversation 52207 - A propos des Falachas

EytanT
Samedi 22 mai 2010 - 23:00

Je vous écris sans aucune arrière pensée raciste comme cela pourrait malheureusement être le cas en traitant de ce sujet mais avec un grand étonnement. Je considérais effectivement les Juifs éthiopiens comme des membres à part entière du peuple d'Israël jusqu'à ce que je décide de me renseigner récemment sur l'origine de ces frères d'Ethiopie pour savoir comment et à quelle époque s'étaient-ils retrouvés en Ethiopie.
C'est ainsi que je me suis rendu compte que, en Ethiopie, toute la littérature rabbinique (le Talmud notamment!) était ignorée, qu'ils ne pratiquaient donc pas Hanouka, Pourim, Tzom Guedaliah ou encore Simhat Tora et qu'ils possédaient des fêtes étrangères d'origine purement éthiopiennes. Encore pire, ils possédaient une version chrétienne du Tanah, avec tout ce que cela implique, rédigée en guèze pusqu'ils ne connaissaient pas l'hébreu jusqu'au XXème siècle. Ils n'avaient donc pas de synaguogues, pas de rabbins (leur lieu de culte se nommait masgid, terme qui fait penser à misgad, mosquée). De plus, des recherches génétiques ont été menées et montrent q'ils ne disposent d'aucune partucularité génétique par rapport aux autres éthiopiens (ce qui n'est pas le cas de toutes les autres populations juives du monde qui possèdent des partucularités génétiques moyen-orientales communes).
Tous ces éléments tendent à prouver que les juifs éthiopiens ne sont qu'une population africaine qui rentra en contact avec quelques bribes confuses de judaïsme à un moment donné, ils ne descendraient donc aucunement de la tribu de Dan, ce qui est pourtant la thèse officielle.
Doit-on donc considérer les juifs éthiopiens comme des Juifs, alors que nous savons pertinemment qu'ils ne sont pas d'ascendance juive et si oui, pourquoi ?

Jacques Kohn z''l
Lundi 24 mai 2010 - 01:12

L’appartenance des Falachas, également appelés ביתא ישראל, à la communauté d’Israël a été attestée par le grand-rabbinat et homologuée par le gouvernement israélien.
Afin de lever les doutes sur leur judéité, il est procédé, à leur arrivée en Israël, à des conversions destinées à sécuriser leur état.

Bondy007
Lundi 24 mai 2010 - 23:00

A EytanT (question 52207)

Shalom,

Je réponds point par point à vos objections sur la judéité des Juifs d'Ethiopie :

- certes, ils ne faisaient pas certaines fêtes et ignoraient le Talmud, mais c'est tout simplement parce qu'ils sont arrivés là-bas avant que le Talmud ne se répande dans l'ensemble de la Diaspora. Depuis lors, ils ont été coupés des autres communautés juives.
Depuis qu'ils sont en Israël, ils acceptent les règles talmudiques et tous les rabbins éthiopiens y sont formés comme n'importe quel autre rabbin.
- j'ignore ces fêtes typiquement éthiopiennes dont vous parlez. Mais le fait qu'un Juif français fête le 1er mai, le 8 mai ou même le 31 décembre lui enlève-t-il sa judéité ?
- de même, j'ignore cette version chrétienne du Tanakh dont vous parlez (puis-je d'ailleurs vous demander où vous avez pioché ces informations ?). En effet, la Torah (qu'ils appellent "Orit" ce qui rappelle "Oraïta" en araméen) est écrite en guèze, langue sémitique comme l'hébreu mais, selon les informations dont je dispose, son contenu est strictement le même que la Torah en hébreu.
- "mesgid" signifie "synagogue" en guèze. En araméen, "masgid" signifie "se prosterner" (lehichta'havot), donc ce n'est pas forcément une référence à l'islam que d'appeler un lieu de culte "mesgid".
- ils ont bel et bien des rabbins qu'ils appellebt "kes". Mais on peut comprendre que le rôle d'un rabbin soit moins important lorsque la loi orale est inexistante.
- toutes les lois de la Torah écrite sont strictement observées, ce qui est en flagrant décalage avec toute autre religion (connaissez-vous beaucoup de chrétiens ou de musulmans qui circoncisent leurs enfants à huit jours, mangent du pain azyme pendant Pessa'h ou jeûnent à Kippour ?).

Je vous suivrais donc pour dire que les Juifs éthiopiens ne sont pas, ou plutôt n'étaient pas avant leur arrivée en Israël, des pharisiens, pour des raisons historiques et non pas idéologiques ; mais de là à dire qu'ils ne sont pas juifs ! Quant aux théories que vous évoquez sur la tracabilité génétique de la judéité, pour moi c'est vraiment du n'importe quoi et je doute de trouver un jour un généticien sérieux qui suive ce genre de sottises (qui rappellent certaines théories du 3ème Reich), maintenant si vous avez des sources sérieuses je suis preneur.

Kol touv

Jacques Kohn z''l
Mercredi 26 mai 2010 - 01:11

Je vous remercie de cette contribution.

EytanT
Mardi 25 mai 2010 - 23:00

A Bondy007 (52231) "A propos des Falachas"
Je vais également m'efforcer de vous répondre point par point de manière à démontrer la véracité de mes "objections à la judéité des Falashas" (pas nécessairement à leur judaïté) :

- Il est vrai que dans ma question précédente, j'ai omis de préciser qu'en plus d'ignorer le Talmud lui-même, ils ignoraient, en Ethiopie, l'ensemble de la Loi orale. Comme son nom l'indique, avant d'être mise par écrit et d'adopter la forme que nous lui connaissons, la Loi orale était purement orale et ainsi transmise depuis Moshé rabbenou. La transmission de cette Loi orale est donc bien l'un des témoins essentiels des la survie du peuple juif au cours de l'Histoire. Cette Loi orale, la communauté éthiopienne aurait dû en posséder une partie, elle était pourtant totalement absente chez eux. Dire simplement qu'ils ont quitté la terre d'Israël il y a très très longtemps et qu'ils ont perdu cette Loi orale est une affirmation dépourvue de preuve sortant tout droit de l'imagination.
Il est tout à fait normal qu'ils acceptent à présent le Talmud puisqu'ils sont considérés comme juifs et se considèrent en tant que tels.
- Les fêtes juives éthiopiennes que je signale sont Arfeasart, Lesa et le Sigd. Ce sont des fêtes religieuses et non nationales.
- Ils possédaient bel et bien une version chrétienne (issue de la Septante) du Tanah rédigée en guèze. Preuve en est qu'ils possédaient exactement la même que les chrétiens éthiopiens. Leur "Tanah" comprenait donc des livres propres à la Septante grecque : Tobie, Judith, le Siracide..etc. (ce sont des livres juifs, leur traduction est cependant chrétienne). Le fait que le guèze soit une langue sémitique ne change strictement rien au problème de la traduction chrétienne (et de toute façon traduction=trahison, seul l'hébreu est apte à exprimer précisément l'enseignement de la Tora). Pour votre information personnelle, je "pioche" mes informations de divers sites internet tels que Universalis ou Wikipedia, divers articles, notamment une étude de Steve Kaplan dans le New York University Press et du livre "Les Juifs éthiopiens en Israël".
- "Masgid" ne signifie pas "synagogue" puisque "synagogue" vient du terme grec "sunagogé" : assemblée qui est une adaptation du "Beit Knesset" hébreu qui signifie "maison de l'assemblée. Les Falashas n'avaient justement pas le droit de simplement se réunir, "s'assembler", dans leur masgid qui était uniquement un lieu de prière (ils ne pouvaient y entrer pour faire autre chose). Ne connaissant pas le Talmud, les Falashas ne connaissaient logiquement pas l'araméen, ce n'est donc pas pour sont éventuelle signification araméenne qu'ils baptisèrent ainsi leur lieu de culte. Il y a donc très probablement un rapprochement à faire avec l'islam.
- Ils ont effectivement des "prêtres" (traduction exacte du terme "kes"), des kes, qui sont considérés comme descendants d'Aaron. D'ailleurs, l'absence dans leur communauté de véritables descendants d'Aaron, de véritables cohanim, porte encore plus à penser de manière évidente qu'ils sont un groupe africain récemment converti (par le grand-rabbinat israélien) au judaïsme.
- Je ne comprends pas votre remarque au sujet d'un "décalage" qui n'existe pas avec les autres religions. De toute façon, la Tora n'est pas faite pour être appliquée au pied de la lettre mais pour être pratiquée en prenant compte de la Loi orale qui nous a également été donnée au Mont Sinaï et dont les falashas auraient du disposer, au moins de son contenu primitif (s'ils descendaient vraiment de la tribu de Dan).
- Les pharisiens ne sont que la continuité de ce que les Juifs ont toujours été, depuis le don de la Tora. Ce terme a été créé pour désigner les Juifs qui continuaient à être fidèles à la Tradition à la différence d'autres (sadducéens, esséniens..).
Quant au sujet de la génétique, ce ne sont pas des théories que j'évoque mais des faits scientifiques. La génétique est une science exacte. Les particularités génétiques moyen-orientales communes à l'ensemble des communautés juives (SAUF à celle des falashas) sont OBSERVABLES.
Je ne vois pas le rapport avec le IIIème Reich mais seulement avec l'histoire du peuple juif (il y a tellement de généticiens sérieux tel que R.R Sokal et de magazines sientifiques tout aussi sérieux tel que le Human Genetics qui traitent de ces études génétiques que je ne peux tous les citer, cherchez un peu, vous trouverez.)

Tous ces éléments et arguments tendent à prouver que les Falashas ne sont pas d'ascendance juive (bien que convertis au judaïsme).
Shalom.

Jacques Kohn z''l
Lundi 14 juin 2010 - 14:40

Je vous remercie de cette contribution.

Yaakov
Lundi 14 juin 2010 - 23:00

Au sujet de la question 52207, deux remarques importantes:
- Wikipedia n est certes pas une source fiable a priori mais je le
cite par commodite et parce que j ai entendu cette information
par ailleurs, d un rabbin:

"En 1973, Ovadia Hazzi pose officiellement la question de la judaïté des Beta Israel au grand rabbin sépharade d’Israël, Ovadia Yossef. Le grand rabbin, citant une décision rabbinique égyptienne du XVIe siècle, celle du Radbaz (Rabbi David ben Zimra, 1462–1572) et reprenant sa thèse selon laquelle les Beta Israel descendent de la tribu perdue de Dan, reconnaît leur judaïté en février 1973. Celle-ci est initialement rejetée par le grand rabbin ashkénaze, Shlomo Goren, qui finit cependant par s’y rallier en 1974.
En avril 1975, le gouvernement de Yitzhak Rabin accepte officiellement le caractère juif des Beta Israel, et leur ouvre le bénéfice de la loi du retour (loi permettant à tout Juif dans le monde d’immigrer en Israël)."

Certes, il est toujours possible a un Talmid Hakham de contester les
decisions du Rav Ovadia Yossef, du Rav Shlomo Goren et du
Radbaz, mais comme ce n est pas mon cas j accepte leur psak que les
Juifs ethiopiens sont juifs. Point.
Source:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Falashas

- je suggere que le titre de la question soit change en "a propos
des Beta Israel" puisque le terme "falasha" est a priori injurieux pour
nos freres d Ethiopie (imaginons que le sens soit semblable a un
des nombreux termes pejoratifs pour les Juifs dans une langue
europeenne...).

D une maniere generale, merci et bravo pour votre travail a tous les rabbins et volontaires de cheela, qui m apporte toujours beaucoup.
Yaakov

Jacques Kohn z''l
Mercredi 16 juin 2010 - 03:32

Je vous remercie de cette intéressante contribution.