Conversation 52580 - Expliquez moi la halakha

Loulek
Mardi 22 juin 2010 - 23:00

Kvod arabanim ,
Tout d'abord, merci de nous faire profiter des lumières de la thora. Quel bonheur de pouvoir lire vos réponses dans le métro parisien, alors que d'autres sont déja en train de répondre à leurs mails, de lire les infos etc etc. Ce n'est pas du mépris , c'est juste je pense, qu'à ce moment précis, je suis plus heureux que toute la rame.

J'ai deux questions, mais excusez moi d'avance pour leur simplicité, je suis un ignorant qui n'étudie que très très très peu, mais qui souhaite progresser.

1. La première m'est venue en prenant mes cours de préparation au mariage. Sur un point précis, le rav me rapportait la halah'a , en citant la guémara et l'enseignement des sages au travers des siècles. Puis, il citait la kabbala qui portait un autre regard sur la question. Quelle est l'articulation entre halah'a et kabala? Le regard porté sur le point soulevé pouvait être radicalement différent et suscitait en moi des réactions différentes (notamment la crainte lors des mentions de la kaballa).

2. J'ai souvent entendu un rav exposer des points de halah'a. Par exemple, sur les hilh'ot shabbat, il ramenait les commentaires de nombreux h'ah'amim, leurs raisonnements toujours très pointus, les sources , les analogies etc etc. Puis, donnant la halah'a, après avoir écarté les points de vue non retenus, il disait souvent: "mais ceux qui veulent suivre tel avis plus mah'mir, tavo aléèm brah'a". Je ne comprends pas pourquoi? Pourquoi si la halah"a a été tranché et la règle de droit fixée , pourquoi encourager ceux qui veulent aller plus loin que la halah"a? Ne délégitime t on pas ainsi la règle elle même, en disant qu'il y a mieux que la règle? Exemple réducteur: vous cartonnez un examen, vous obtenez 20 sur 20 et non 22 sur 20, même si le correcteur a le sentiment que vous auriez excellé de même avec un exercice plus ardu.

Merci encore pour le travail extraordinaire que vous faites.

Qu'akadosh barouh'ou nous permette de revoir guilad shalit en liberté parmi ses frères békarov.

Emmanuel Bloch
Vendredi 16 juillet 2010 - 02:49

Chalom,

Les questions que vous posez peuvent sembler simples, mais les apparences sont parfois trompeuses.

1. Les rapports entre la halakha et la kabbala sont complexes.

a) Certaines fois, la kabbalah offre une nouvelle vision d'une pratique halakhique existante.
b) D'autres fois, la kabbalah cree de nouvelles pratiques, qui n'existent pas independamment (pensez au rituel de la kabbalat chabbat le vendredi soir, qui est purement d'origine mystique).
c) Il existe des cas ou les deux domaines se contredisent. En principe, les sources halakhiques l'emportent dans ces cas.

Mais il faudrait une reponse beaucoup plus longue et circonstanciee pour vous repondre pleinement. Quoi qu'il en soit, il n'y a aucune raison d'avoir peur. La kabbalah, ce n'est pas de la sorcellerie, c'est une maniere de comprendre le fonctionnement du monde et de vivre sa relation avec Dieu.

2. Prenons une autre analogie, celle du 22 sur 20 ne convient pas. Pour construire une maison, vous avez des normes legales a respecter (protection contre le bruit, securite des installations, ...). Ces normes representent un minimum. Si vous construisez une maison et que vous les respectez, c'est tout bon du point de vue de la loi. Mais si vous allez encore plus loin, et que vous garantissez encore plus de securite, sans que cela soit impose par la loi mais de votre propre initiative, c'est tres louable.

C'est ce cas que visait le rabbin que vous avez entendu. La halakha que l'on apprend est un minimum, mais on peut aller plus loin si on le souhaite.

Mais je voudrais neanmoins rajouter que toute 'houmra (rigueur) supplementaire n'est pas forcement a conseiller, il vaut mieux consulter un rabbin competent, et bien reflechir avant de prendre sur soi. Mieux vaut faire la halakha de base avec coeur et sincerite, que de se rendre fou avec du superflu.