Conversation 54998 - Anthropomorphisme biblique

babaz
Samedi 1 janvier 2011 - 23:00

Bonjour,

Le caractère éminemment anthromorphique du Dieu de la Bible est quelquefois raillé par les tenants de spiritualités plus "introspectives", et très à la mode (le bouddhisme, par exemple, mais aussi, et en puissance, ses déclinaisons "laïques" contemporaines).

Permettez-moi de nous renvoyer à la "religiosité cosmique" d'A. Einstein, lui-même se référant sur ces questions au "Dieu" de Spinoza :

"Tous, cependant, peuvent atteindre la religion d’un ultime degré, rarement accessible en sa pureté totale. J’appelle cela religiosité cosmique et je ne peux en parler facilement puisqu’il s’agit d’une notion très nouvelle et qu’aucun concept d’un Dieu anthropomorphe n’y correspond.
L’ëtre éprouve le néant des souhaits et volontés humaines, découvre l’ordre et la perfection là où le monde de la nature correspond au monde de la pensée. L’être ressent alors son existence individuelle comme une sorte de prison et désire éprouver la totalité de l’Étant comme un tout parfaitement intelligible. Des exemples de cette religion cosmique se remarquent aux premiers moments de l’évolution dans certains psaumes de David ou chez quelques prophètes. À un degré infiniment plus élevé, le bouddhisme organise les données du cosmos que les merveilleux textes de Schopenhauer nous ont appris à déchiffrer. Or les génies-religieux de tous les temps se sont distingués par cette religiosité face au cosmos. Elle ne connaît ni dogme ni Dieu conçus à l’image de l’homme et donc aucune Église n’enseigne la religion cosmique. Nous imaginons aussi que les hérétiques de tous les temps de l’histoire humaine se nourrissaient de cette forme supérieure de la religion. Pourtant, leurs contemporains les suspectaient souvent d’athéisme mais parfois, aussi, de sainteté. Considérés ainsi, des hommes comme Démocrite, François d’Assise, Spinoza se ressemblent profondément."

Tiré de "Comment je vois le monde"

Mais aussi :

http://books.google.fr/books?id=PBKouRChu2kC&pg=PA106&dq=einstein+%22di…

http://colling.lu/chapitres_fr/12.pdf

Tout ceci m'ennuie beaucoup, d'autant que je crois savoir qu'au regard des sources de la mystique juive, "Dieu" nous est tout à fait insaisissable, puisque en fait, transcendant. Ses « apparats humanoïdes » n'étant alors que des adaptations "puériles" de ce qu'il est vraiment. Mais il n'en demeure pas moins que la Bible demeure l'ouvrage de référence...

Qu’en dites-vous ?

Je vous remercie

Rav Reouven Ouziel
Lundi 31 janvier 2011 - 00:41

Pour répondre succinctement, tous les formules de la Torah qui emploient des termes physiques pour décrire Dieu doivent être comprises de deux manières:

soit comme le Ramba"m qui explique que ce sont des termes qui permettent à notre entendement limité de comprendre au moins partiellement la manifestation de la volonté divine dans notre monde physique.

Soit comme l'ont expliqués les Mekoubalim, que chaque terme est l'expression exacte des dimensions célestes de la volonté divine, et leur équivalent physique n'en est que le reflet dans notre monde
[c.à.d. que la "main de Dieu" (Shemot 9, 3) est l'expression d'une certaine sphère céleste, et le mot main qui désigne le membre du corps humain a été choisi parce qu'il reflète la même signification].

De toute façon, ce que Spinoza et Einstein ont pu dire n'a rien à y faire car leur philosophie panthéiste est complètement fausse [mais il serait trop long de l'expliquer].