Conversation 59177 - Le peuple juif et Shlomo Sand

Elie-Machiah-Now
Samedi 10 septembre 2011 - 23:00

Bonsoir - Erev tov

Je viens de finir un livre d'un écrivain Israélien et Juif controversé malgré lui car auteur du maintenant très célèbre "Comment le peuple Juif fut inventé ?".
Ce livre soulève beaucoup de questions et met en lumière certain faits dérangeant mais dont la véracité est accrédité par beaucoup d'historiens.

Entre autre, Shlomo Sand utilise la théorie d'Arthur Koestler concernant les Khazars, et précise que ce peuple est la souche des Ashkénazes d'Europe de l'Est.
Ainsi, la grande majorité des Juifs actuels seraient issus d'une conversion et ne pourrait se revendiquer de la descendance de David.

Je suis née d'un père Séfarade et d'une mère Ashkenaze, voila pourquoi ce livre m'interroge.

Cette théorie peut t'elle remettre en question le fondement même de notre religion ?
Et si la plupart d'entre nous sommes convertis, alors comment pouvons nous prétendre a un quelconque retour sur une terre que nous n'avons jamais connu ?
De meme que le concept de la matrilinéarité qui finalement n'aurait plus vraiment de sens, si ce n'est deja le cas.

Conclusion j'ai l'intime conviction que ce que Arthur Koestler tente de démontrer n'est pas tout a fait faux.
Et puis, nos physiques ne sont t'ils pas la plus grande preuve que le proselitysme au cour de l'histoire juive etait plus repandu qu'on ne le dit ?

J'aimerais grandement avoir l'avis des Rabbanims sur cette épineuse question.

Shalom,

Elie.

Jacques Kohn z''l
Mardi 13 septembre 2011 - 03:08

Il en est de Shlomo Sand, qui professe que le peuple juif n’existe pas, comme de tous les chercheurs qui, définitivement séparés de toute référence religieuse et théologique à propos de l’identité de notre peuple, dénient au peuple juif la qualité de « Peuple élu » de Hachem : Ils creusent un fossé infranchissable entre ceux qui croient en Hachem et ceux qui n’y croient pas.
Les croyants tiennent pour pures fadaises de telles affirmations, tandis que les incrédules les considèrent comme dignes de respect et rejettent comme supersitions les opinions de ceux qui n’y croient pas.
Les choses ne sont cependant pas aussi tranchées, et le fossé qui sépare la foi de la raison tend aujourd’hui à se combler, ainsi que j’ai cherché à le montrer dans mes réponses aux questions N° 41902, 39287 et 44703 à propos d’un domaine il est vrai très différent, mais qui me paraît très révélateur d’un nouvel état d’exprit.

Joavan
Lundi 12 septembre 2011 - 23:00

suite à 59177
Au delà des questions de croyance, le livre de Shlomo Sand pose des questions très grave et est particulièrement dangereux pour le peuple juif en ignorant ce qu'est l'identité juive et utilise une définition "raciste" du peuple juif (celle donnée par les theoriciens des races à partir du 19ème siècle et ayant tragiquement fini).
Sand indique qu'il n'existe donc pas de peuple juif et l'un de ses exemple serait du fait d'une absence de ligne direct et démontrable depuis les Juifs de l'Antiquité et reprend l'exemple des Khazars. Deux points. Les Khazars étaient un peuple turc, chez qui l'on retrouve des marqueurs génétiques spécifiques... ces marqueurs génétiques ne se retrouve que dans moins de 10% des Ashkenazes et surtout l'un des marqueurs génétiques des populations du Moyen Orient (que l'on retrouve aussi chez les chypriotes, les assyriens, etc) se retrouve dans plus des 3/' des AShkenazes. Ceci est simplement pour répondre sur les faits soit disant scientifique que Sand avance sans preuve. son affirmation autour du lien entre Khazars et Ashkenaze est donc scientifiquement fausse, ce qui ne signifie pas qu'aucun Khazar n'ait donné une descendance juive actuelle, et celà m'amène au second point. Quand bien même TOUS les ashkenazes seraient descendant de convertis, celà ne changerait rien à leur droit sur Eretz Israel. Il s'agit d'une question d'héritage et de prise d'identité. Refuserait on à un enfant de ne pas hériter de son père sous prétexte qu'il serait adopté? Ce serait cruel, discriminatoire ... ce que le judaisme se refuse à faire avec les convertis. Pour mieux illustrer le fait que les propos de Sand sont racistes, la conversion peut tout à fait être aussi vu non seulement comme une nouvelle religion, mais aussi comme une nouvelle identité "nationale". Si l'on s'en tient au propos de Sand, en appliquant sa logique à la France par exemple, selon lui un immigré en France qui aurait appris le français, les us et coutumes, son histoire et l'aurait fait sienne etc et qui obtiendrait la nationalité française, ne serait selon lui jamais considéré comme un français du fait de ses origines. Seul l'extrème droite en France prône se genre de chose, et c'est exactement la même logique que Sand.
Mais le judaisme ignore plusieurs choses, d'une part la notion de race lui est totalement inconnu (on retrouve dans d'anciennes traductions ce terme dans la Bible, mais ne recoupe aucune notion comparable avec le terme race de nos jours), et d'une part le racisme bien évidemment.
Je crois me rappeler une réponse sur Cheela sur le fait que l'Humanité serait né d'un inceste entre les enfants d'Adam et Eve, et la réponse qui avait été faite était que Dieu avait préféré que le monde soit issu d'un inceste que de voir certains se prétendre d'une lignée plus grande. Tout le monde vient du même endroit, tous égaux en droit.
Voilà en quoi Sand ment totalement. POur plus de détails, une réponse avait été faite par Mireille Hadas-Lebel dans la revue Commentaire dont voici un résumé http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=16255
Ne pas oublier que pendant des siècles on a voulu nous détruire en tant que peuple, mais maintenant que l'on ne peut plus le faire, on fini par affirmer qu'en fait nous n'existons même pas en tant que tel. Que cela vienne d'une personne d'origine juive n'y change rien... Paolo Cristiani et Nicolas Donin furent au moyen age parmi les plus acharnés contre les Juifs et le judaisme, et étaient tous les deux d'origine juive.... Rien de nouveau.

Jacques Kohn z''l
Mardi 13 septembre 2011 - 09:48

Vous avez tout à fait raison, et l’on n’est jamais mieux trahi, depuis que le monde est monde, que par les siens.