Conversation 5973 - L'eau de la fin
bonjour,
quelle est l'origine des " mayim hacharonim" s'il vous plait?
merci et hag sameah.
A l'epoque du Talmud, il y avait du sel, appele "melah' sdomit", sel de Sodome. On ne servait pas de saliere, on trempait les doigts dans la saliere pour saler les aliments.
Les personnes sortant de table et se frottant les yeux risquaient de devenir aveugles. C'est pourquoi les Sages du Talmud ont institue que l'on doit se laver les mains avant de reciter le Birkat haMazone.
Notons que des rabbins medievaux francais ont ecrit que de nos jours ce sel n'est plus en usage, et qu'il n'est donc pas necessaire de "faire mayim ah'aronime". Ceci est rapporte par Rabbi Yosseph Karo, qui ecrit cependant que c'est une obligation.
C'est effectivement l'usage dans je crois toutes les communautes, a l'exception des communautes allemandes, alsaciennes et lorraines.
References: T. B. Erouvin 17 b et H'oulin 105 b; Tossafoth Berakhoth 53 b; Choulhane Aroukh, O. H., 181, 1 et 10.
[ suite cheela 5973 ]
Cher Rav Elie,
C'est une explication très intéresante que vous rapportez là, bien que je ne comprenne pas personnellement pourquoi la salière, ou un principe similaire, ne fut pas inventée plus tôt : est-ce un usage raisonnable que de toucher directement avec les doigts une matière dangereuse pour ce précieux organe qu'est l'oeil, simplement parce qu'elle est comestible ?
Plus je réfléchis et plus je me demande pourquoi nos 'Hakhamim n'ont-il pas simplement ordonné de ne toucher du sel que de façon indirectement, au lieu de rajouter une ablution de fin de repas.
Ceci n'était qu'une réflexion personnelle, mais voici vraiment ce qui m'amène : y a-t-il lieu de réciter une bénédiction lorsque l'on fait maïm a'haronim ?
Sim'ha vehatsla'ha
Rappelons nous un peu d'histoire (de France). Les premieres fourchettes furent utilisees au restaurant "A la Tour d'Argent", rue du Cardinal Lemoine a l'epoque de Henri IV (si mes souvenirs sont exacts, mais je n'ai pas toujours ete un tres bon eleve). Nos ancetres mangeaient avec les doigts, la saliere n'aurait donc pas aide a grand chose. Cependant votre question me permet d'ajouter un point que je regrettais de ne pas avoir mentionne dans ma precedente reponse.
La Guemara (Berakhot 53 b) ne se contente pas de la prosaique explication que j'ai deja exposee, mais cite un verset lie a l'idee de saintete pour justifier entre autres l'usage de mayim ah'aronim. Ce qui signifie qu'il y a une autre raison, et que la dimension pratique n'est qu'une des explications. C'est peut etre aussi une des raisons pour lesquelles l'avis des Tossafotes que j'ai mentionne ne fait pas l'unanimite.
Il n'y a pas lieu de reciter de benediction pour mayim ah'aronim.
suite 5973 concernant le mayim ah'aronim
1) Pourquoi les femmes n'ont-elles pas l'obligation de faire mayim ah'aronim?
2) J'ai entendu dire qu'il ne fallait pas parler entre mayim ah'aronim et Birkat amazone. Est ce vrai? Si oui, pourquoi?
Kol touv
1. Bien que certains dispensent les femmes de faire mayim ah'aronim (1), la logique exige que dans les communautés où cela se pratique, elles le fassent aussi (2).
Cependant si votre épouse ne le fait pas, elle trouvera des opinions rabbiniques pour lui donner raison.
2. Cela n'apparait pas dans le Choulh'ane Aroukh. mais il est cependant d'usage de ne pas faire de trop longue interruption. On ne parlera donc que si nécessaire entre les deux.
Pourquoi? Parce que faire mayim ah'aronim est une déclaration d'intention de faire le birkat Hamazone.
Référebces: 1. Chevet Halévy, 4, O.H., 23. 2. Yalkoute Yossef, 3, p. 244.
Chalom,
j'ai lu dans une de vos reponses (5973) que les "communautes allemandes, alsaciennes et lorraines" n'ont pas l'habitude de faire mayim a'haronim.
Pourriez-vous me donner une source de cela!
Merci!
Ce sont les Baaley Hatossafot qui l'écrivent, et cet usage est rapporté par Rabbi Yossef Karo dans le Choulh'ane Aroukh, fin du chapitre 181 (O. H.).