Conversation 62120 - La lourdeur du Sanctuaire
bonjour a tous les rabanim,ma question porte sur le rachi (p 39 v33 ) :שֶׁלֹּא הָיוּ יְכוֹלִין לַהֲקִימוֹ,pourquoi ne pouvait ils pas le monter ? rachi semble dire que c'est a cause du poids des poteaux,mais en se mettant a plusieurs ils aurais pu (vu qu'en Égypte il y a des obélisque,qui doivent être bien plus lourd et que nous savons que ce sont les leviim qui démonter et porter les poteaux durant le voyage)merci
Effectivement ils auraient pu théoriquement, mais ce n'était pas la volonté de D-ieu. Or tout le Michkan (Tabernacle) devait être construit et avait été réalisé exactement suivant l'ordre divin (Ch.39 v32).
La réponse à votre question se trouve dans le commentaire de Rachi que vous rapportez:
"Ils apportèrent le Michkan à Moché": Car ils ne pouvaient pas le monter, et comme Moché n'avait réalisé aucun travail dans la construction du Michkan, D-ieu lui a réservé l'assemblage. En effet aucun homme ne pouvait le monter à cause du poids des poteaux, qui pesaient trop pour être relevés par un homme. Mais Moché a mis le Michkan sur pied. Moché demanda à D-ieu: comment un homme pourrait-il monter le Michkan? D-ieu lui répondit: fais des gestes comme si tu le montais et il se lèvera et se montera de lui même."
De ce commentaire tiré du Midrach Tanh'ouma il ressort clairement deux points:
1) Le Michkan devait être monté par Moché.
2) Le Michkan devait se monter miraculeusement.
Pourquoi?
Deux réponses:
1) Lors de l'inauguration du Temple de Jérusalem, le Roi Salomon dit la phrase suivante, très significative: "D-ieu à émis Sa volonté de résider dans une nuée. J'ai donc construit pout Toi une demeure, siège de Ta résidence à jamais. (...) Mais est ce qu'en vérité D-ieu résiderait sur terre? Le ciel et tous les cieux ne sauraient Te contenir, à plus forte raison cette maison que j'ai construite." (Rois I ch.8 v.12-13, 27).
La dimension du divin ne peut pas être conçue dans les limites d'un monde matériel créé. Si le divin semble se limiter à l'espace d'un Temple ou d'un Michkan, cela ressort du miracle et non pas du fait que des forces humaines aient réussies à introduire le Divin dans des limites matérielles. Il fallait donc que les enfants d'Israël comprennent clairement que ce n'était pas le Michkan qui contenait D-ieu, mais bien l'inverse: c'est D-ieu qui faisait tenir le Michkan, comme le reste de l'univers. Sans cette compréhension du véritable ordre des choses on retombe dans l'idolâtrie du veau d'or, or le Michkan devait justement démontrer que cette faute avait été corrigée et pardonnée. Le rôle de Moché, qui n'avait rien fait à part transmettre la volonté de D-ieu, continue sur sa lancée. Moché ne construit rien: il n'est que le vecteur de la volonté divine qui se réalise.
2) Après la faute du veau d'or (Voir Chemot Ch.32-33), D-ieu a décidé de liquider le Peuple d'Israël, et de recommencer l'histoire avec Moché, qui a refusé catégoriquement. Puis D-ieu annonça à Moché que sa Providence ne serait plus clairement présente parmi le peuple d'Israël, là aussi Moché intercéda en faveur du peuple: "si Ta face ne marche pas avec nous, ne nous fais pas monter d'ici" (du Mont Sinaï vers la terre d'Israël) (33,15). Le retour de la Providence divine clairement apparente, avec le Michkan, marque pour ainsi dire la réussite éclatante de Moché qui a su ramener le Peuple d'Israël, les enfants d'Avraham, Yitsh'ak et Yaacov, au rôle, à la grandeur et à l'honneur des Patriarches, celui d'être "Merkava LaChekhina", d'être les porteurs du message divin et de sa Providence dans le monde, au fil des temps et des lieus. (Voir les derniers versets du livre de Chemot et leur signification suivant Ramban dans son introduction au livre de Chemot). D-ieu a donc réservé le montage du Michkan à Moché car seul lui pouvait compléter ce processus du retour de la Présence divine au sein du peuple d'Israël.
Il est significatif que le mois de Nissan soit considéré tout entier comme un mois de joie durant lequel on ne dit pas Tah'anoun, à cause de Pessah' et cause de l'inauguration du Michkan. Deux évènement liés l'un à l'autre, puisque les deux ensembles nous rappellent et nous font revivre notre rôle ancestral, celui d'être "Merkava LaChekhina", sur la Terre d'Israël, avec son Temple reconstruit.
a propos de la 62120 "La lourdeur du Sanctuaire"
Article interessant de Mr Jacques Kohn Z"al publié sur le site Chiourim.com à ce sujet dont je reproduis ici les termes (http://www.chiourim.com/mots_cles/paracha_article/parachath_terouma_%E2…)
Si l’on considère les mesures de l’Arche sainte, telles qu’elles sont spécifiées dans la parachath Terouma , les Tables ont pesé à elles seules, nous apprend la tradition de nos Maîtres, quarante séa chacune, ce qui correspond à peu près à cinq cents litres, soit un poids d’au moins cinq cents kilogrammes si l’on tient compte de ce que la densité de la pierre est supérieure à celle de l’eau. Ce poids est à multiplier par quatre (deux premières Tables, et deux secondes Tables), de sorte qu’elles ont pesé à elles toutes au moins deux tonnes.
Le rideau et les Chérubins étaient eux aussi très lourds : le volume des Chérubins était de quinze centièmes de mètre cube. Ce volume n’était pas creux puisque les deux Chérubins étaient faits d’or massif. Leur hauteur était de dix mesures du poing ( tefa‘him ), et ils avaient aussi de longues ailes. Autant dire qu’ils devaient peser des tonnes !
Ces constatations amènent à se poser plusieurs questions : Comment des hommes, de par leur seule force physique, ont-ils réussi à transporter sur leurs épaules des masses aussi impressionnantes ? Comment ont-ils pu, d’autre part, transporter l’Arche au moyen des deux barres de bois de chittim prévues à cet effet ( Chemoth 25, 13) ? Elles n’auraient pas manqué de se casser aussitôt !
La réponse à ces questions nous est fournie par la Guemara : L’Arche était transportée par des moyens surnaturels. « Elle se portait-elle même, et portait en même temps ceux qui la portaient » ( Sota 35a). Aussi la force physique de ceux qui la portaient n’importait d’aucune manière.
Quant aux barres de bois de chittim , peut-être convient de les considérer de manière allusive :
« Le Saint béni-soit-Il dit au roi David : “Si tu cherches la vie, regarde la Tora , car il est écrit (Proverbes 3, 18) qu’elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent” » ( Yalqout Chim‘oni Tehilim ).
Se pourrait-il que ce bois de chittim ait été une allusion à cette métaphore qui associe arbre et Tora ?
Jacques Kohn Z"al
Merci, c'est dans le même ordre d'idée.