Conversation 6470 - Vaincre la depression

Anonyme
Dimanche 11 mai 2003 - 23:00

Qu'est ce que la depression ? Quelle explication en donne les Sages ?
Que faut-il faire quand on a perdu le gout de la vie et que l'on est seul ?
La depression semble porter avec elle aussi toutes les mauvaises middot telles que l'agressivite, la jalousie, la colere, la haine ; tout ce qui nous sort du monde encore plus; comme si on ne se sentait pas deja assez sortie du monde, etrangere a lui.
Merci pour votre reponse et beatsla'ha pour ce site qui est aide beaucoup.

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 6 juillet 2003 - 23:00

Les sages ne parlent pas de dépression, ils parlent de mélancolie (mara ché'hora, la bile noire du Moyen-âge que les modernes déguisent sous son nom grec : melanos = noir, cholie = bile.
Et la grande question : est-ce une cause ou un effet ? ou un cercle vicieux où l'effet alimente la cause et finit même par se faire prendre pour elle.
L'une des causes, à tout le moins, pourrait s'appeler : impatience. Entre la situation que nous vivons au jour le jour et l'exigence absolue d'un sens positif à l'existence, un fossé se creuse. Nous avons l'impression d'avancer à pas de fourmi et le chemin à parcourir est tel que nous nous sentons découragés ; sans compter que le sentiment déprimant des erreurs commises nous fait croire que nous sommes abandonné de Dieu. D'où surcroît d'amertume.
C'est pourquoi il faut se rassurer et se renforcer dans la certitude que nous ne sommes jamais seul, car toujours Dieu est avec nous, à la fois proche et lointain.
Et les sentiments que nous éprouvons sont précisément le signal d'alarme qui peut nous permettre de nous ressaisir. (Je ne parlerai pas ici des cas cliniques qui relèvent d'une thérapie - il arrive parfois qu'on ne puisse pas s'en sortir seul et qu'il faille faire appel à une aide professionnelle. Ce n'est pas mon propos)
Nos points faibles nous révèlent à nous mêmes le sens particulier de notre existence : c'est là-dessus en particulier qu'il faut faire porter l'effort en sachant que c'est de Lui que viendra le secours, car "celui qui vient se purifier, on lui vient en aide", tandis que "celui qui veut se rendre impur, on le laisse faire".
Se sentir "hors du monde", c'est véritablement avoir conscience que ce n'est pas ici notre vraie place. Et c'est bien vrai ! Mais l'impatience consiste à vouloir déjà que le voyage s'achève alors qu'on n'a pas encore recueilli ce qu'on nous a envoyé chercher. C'est par les valeurs déjà acquises, celles qui sont déjà purifiées en nous, que nous pressentons que nous appartenons déjà à un "ailleurs" ; c'est par conséquent dans le sentiment que nous avons de ce qui reste imparfait que nous risquons la mélancolie alors que - justement - c'est là que devrait se manifester notre gratitude envers Lui : chance nous est donnée de purifier ce qui ne l'est pas encore et pour ce faire de pouvoir le conaître. Au lieu de sombrer dans la dépression provoqué par l'idée de l'échec, c'est le sursaut provoqué par la certitude que si nous ne sommes pas parfaits, du moins sommes nous perfectibles et que ce qui nous sera mesuré, c'est l'effort que nous aurons fourni car il nous sera tenu compte de tous les obstacles qui auront entravé notre progrès.
Mais surtout, une fois encore, il faut savoir que Celui qui nous a prescrit la mission nous connaît, nous aime et nous attend ; Il nous surveille et veille sur nous.
Non, nous ne sommes pas seul.

Anonyme
Mercredi 11 juin 2003 - 23:00

Si la question 6470 pose trop de problemes, je ne veux pas vous forcer a y repondre, apres tout , c'est une question peut-etre trop personnelle et trop large. Je ne vois pas d'inconvenient a ce que vous l'annuliez.
Merci pour ce site et Kol Tov.

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 12 juin 2003 - 23:00

Je suis, depuis un certain temps déjà, en train de vous préparer une réponse. Comme vous le dites, la question est personnelle et large et délicate et les marges d'erreur permises sont minuscules. Nous hésitons toujours à répondre dans ce genre de cas, car nous ne sommes pas des gourous.
Entre-temps, peut-être pourriez-vous lire le deuxième volume des "Célébrations hassidiques" de Elie Wiesel, intitulé "Contre la mélancolie".
Ce terme est celui par lequel la tradition désigne habituellement ce que nous appelons la dépression. L'une de ses caractéristiques est l'inversion des causes et des effets. Par exemple on est déprimé parce qu'on est seul alors que peut-être en réalité c'est parce qu'on est déprimé qu'on est seul. Et un cercle vicieux s'installe qu'il est à la fois difficile et impérieux de briser.
Autant qu'il est en notre pouvoir, nous essayerons de vous y aider.
Chabbat chalom

Anonyme
Mercredi 29 octobre 2003 - 23:00

Chalom ouvrakha,

Que disent les textes, la tradition, les 'hakhamim au sujet de la mélancolie ? La dépression, quand elle est avérée, est-elle considérée comme une maladie ? Comment ne pas se sentir coupable sur le plan spirituel d'une forme de désespoir et de doute ? Que signifie l'angoisse d'un point de vue religieux ?
Etant donné la complexité de ce sujet, je vous laisse tout le temps nécessaire pour tenter de répondre à mes questions, qui bien entendu trouvent une réponse dans la vie elle-même, laquelle a tant à nous apprendre.
Je sais, qu'ici, "rien ne se perd, rien ne s'oublie...".

P.S. : Je connais l'ouvrage d'Elie Wiesel "contre la mélancolie".

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 2 novembre 2003 - 23:00

Avez-vous lu la réponse à la question 6470 ?