Conversation 68463 - les rabbanim peuvent ils faute?

Heeb
Mardi 2 avril 2013 - 23:00

Shalom,

Le récent aveu du Grand Rabbin de France Gilles Bernheim sur des faits de plagiat dont il se serait rendu coupable est de nature à ébranler les plus solides convictions surtout lorsque l'on considère la sommité morale que représente l'intéressé.

Personnellement, j'avais et j'ai toujours naturellement la plus grande estime et admiration pour ce Sage parmi les Sages d'Israel.

Si l'on admet que nul ne peut être à l'abri du mauvais penchant, si l'on ne saurait juger en lieu et place d'Hachem - sous réserve du pardon des victimes éventuelles - si l'on doit laisser le bénéfice d'une techouva toujours possible, je m'interroge sur les limites que l'on doit donner à notre estime et notre admiration pour un Maître dont il est avéré qu'il a fauté.

Comment la Halakha envisage ce genre de situation ?
Que devons nous faire ?

D'avance, merci.

Kol touv

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Rav S.D. Botshko
Jeudi 11 avril 2013 - 04:21

C’est avec consternation, comme vous-même, que j'ai pris connaissance des informations concernant le grand-rabbin de France.
Nous sommes d’avis, comme vous-même, que ce n’est pas à nous de juger l'homme ; mais il est de notre devoir de dire que ces informations s’étant avérées exactes, il s'agit sans conteste d’un ‘Hiloul Hachem.
En effet, pour la Thora, le devoir d’honnêteté et d’intégrité constitue le fondement incontournable de toutes les lois religieuses.
La guémara (Chabbat 31a) nous enseigne que la première question que l’on pose à un homme lors de son jugement est de savoir s’il a été honnête (loyal et fiable) dans ses rapports avec autrui.
Nombre d’entre nous entretiennent avec l’homme des liens que nous entendons maintenir, et nous ne devons pas oublier tout le bien qu’il a fait durant des dizaines d’années d'enseignements et de dévouement ; mais nous ne pouvons nous empêcher de dire que si l'homme a ses raisons et qu'en aucun cas nous ne pouvons le juger, nous devons dire clairement que ces actes sont contraires à la Thora.

Certains de mes amis rabbins, répondeurs sur le site, se sont opposés à la publication de ce qui est dit ici en tant que "réponse collective". Ils invoquent deux motifs: le premier est que l'homme est aujourd'hui attaqué de toute part et qu'il ne serait donc pas moral de publier ici ce qui pourrait être interprété comme un acharnement; le second , c'est que nous avons probablement commis nous-mêmes des fautes plus graves que celle d'avoir omis de mentionner une référence ou de ne rien dire lorsque l'on nous honore d'un titre que nous ne possédons pas.

Aussi, je le répète, je n'attaque en aucune manière l'homme que j'aime et il est en effet vraisemblable que mes fautes soient bien plus grandes que les siennes ou que les vôtres, vous qui lisez mes réponses sur Cheela.

Mais en suivant cette logique jusqu'au bout, nous devrions nous interdire complètement de répondre a toutes vos questions!

Aussi, je répète qu'il faut faire la distinction entre le jugement des personnes qui appartient à Hachem, car Lui seul connait toutes les circonstances qui entourent les actes des humains et notre devoir de dire la parole de la Thora tel que nous le comprenons.

Il n'est certes pas inutile de rappeler dans ce contexte que ce que nous nommons "la Thora", c'est d'abord le respect des lois élémentaires qui sont la base de toute société, bien avant que d'être le respect des lois strictement "religieuses". Et cela doit être répété pour chacun d'entre nous en cette occasion.

Dans la Parachat Vayikra, le texte traite de la faute éventuelle que commettrait le Grand Prêtre. Curieusement, il note à ce propos que le peuple en est la cause! Et Rachi d'expliquer que lorsque le grand prêtre trébuche, c'est certainement l'expression d'une faute plus générale qu'il faut rechercher dans l'ensemble du peuple.

C'est pourquoi en cette occasion, nous nous devons de faire notre examen de conscience et de vérifier si nous nous comportons réellement de façon honnête, Avons-nous laissé trainer des dettes que nous aurions du régler? Avons-nous pris un engagement que nous n'avons toujours pas tenu? Sommes-nous scrupuleux dans nos affaires? Avons-nous suffisamment vérifié la qualité de ce que nous vendons? Avons-nous apposé notre signature conformément à l'exigence de Vérité?, etc.

C'est moi-même et nous tous qui devrions aujourd'hui passer a la loupe tous nos comportements et nous rappeler l'enseignement de nos prophètes et de nos sages: le Chabbat et les fêtes n'ont aucun sens si nous ne sommes pas scrupuleux dans nos relations avec autrui.

Pour finir, je tiens a rappeler que Cheela est un site de Halakha et de réponse aux questions qui se posent en rapport avec les enseignements de la Tradition. Nous disons ce qu’il est nécessaire de dire, aussi précisément que possible, Mais nous ne pensons que le cas qui nous occupe, il soit utile d'épiloguer davantage.