Conversation 68581 - Tout sur le couvre-chef feminin
Bonjour
Je voulais savoir qu'elle était la raison du kisouy roch pour les femmes. J'ai entendu deux réponses :
- Cheveux= nudité. Dans ce cas la pourquoi est il permis dans certains cas (par exemple lorsqu'une femme est chez elle) de ne pas en mettre ? Pourquoi est il permis de ne pas couvrir complètement a 100% les cheveux si c'est considéré comme étant sa nudité?
- Cheveux=beauté. Pourquoi permettre les perruques qui ne retire pas vraiment de la beauté a la femme.
Merci de votre reponse
Shalom,
Vous posez une très bonne question, par conséquent la réponse sera un peu longue, vous m'en excuserez.
* Introduction législative
Je ne crois pas qu'il y ait vraiment une seule "raison" à ce commandement de se couvrir la tête. En effet, celui-ci est appris de la Torah (1) dans l'épisode de la Sotah où il est dit que le Cohen "défait (para') les cheveux de la femme". Et Rashi (ad loc.) commente: "de là on apprend que des cheveux découverts sont une honte pour les filles d'Israël". Et il suit en cela le Talmud (2) qui dit que les femmes sortant les cheveux "défaits" (paroua) ne suivent pas la "loi juive" (dat yehoudit). Selon le Talmud Bavli il y a une distinction entre chez soi, dans une petite ruelle et dans le marché. Chez soi, on peut ne pas se couvrir la tête, dans la ruelle et le marché, il faudrait se les couvrir. Cependant, le Talmud Yeroushalmi (3) va plus loin et permet d'être chez soi avec une "perruque" (kapaltin), mais dans la rue, il faut la couvrir!
Le Zohar (4) également suit cette opinion et dit qu'il faut se couvrir les cheveux chez soi et complètement !
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas l'avis du Rambam et de la grande majorité des décisionnaires qui disent que l'on va selon le Talmud Bavli (5) et il est donc permis de ne pas se couvrir les cheveux chez soi.
Il est à noter que le Rambam écrit : «Qu'est ce que la loi juive (''dat yehoudit")? Ce sont les habitudes (minhag) de pudeur qu'ont pris sur elles les filles d'Israël». C'est-à-dire que la "qualité" du couvre-chef dépend du lieu et de l'époque dans lesquels on vit - ce sont des facteurs variables (6). Cependant, en présence d'invités chez soi, il vaut mieux ne pas se découvrir la tête (7).
* La perruque
Les décisionnaires sont partagés quant à savoir s'il est permis à une femme de mettre une perruque ou si cela ne sert à rien. La source de cette discussion réside dans la raison de l'interdiction de dévoiler ses cheveux - faut-il avoir une apparence pudique ou ce sont nos propres cheveux - poussant sur nos têtes - qui sont "problématiques", parce qu'intimes - et ne peuvent être découverts qu'en présence du mari ?
Selon le Rema et le Shiltei Guiborim il est permis à une femme mariée de porter une perruque, car celle-ci voile ses cheveux naturels et nos Sages n'ont aucunement interdit aux femmes de s'embellir par différentes parures etc. L'essentiel étant juste de ne pas dévoiler son intimité à tout le monde - y compris les cheveux naturels. Cela inclut bien évidemment le fait de ne pas paraître de manière trop "attirante". Et donc, si la perruque est pudique on a le droit, selon eux, de l'utiliser pour se couvrir la tête.
Cependant, selon d'autres décisionnaires (8) le principe de couvre-chef réside dans le fait de paraître pudique et ils ne voient pas dans la perruque un "ajout de pudeur" relativement aux cheveux naturels. Et par conséquent, selon eux, il est interdit de se couvrir la tête avec une perruque. Le Mishna Beroura (9) rappelle les deux opinions et dit, selon le Pri Megadim, que quiconque revêt une perruque a sur qui s'appuyer.
Toutefois, là où les femmes n'ont pas l'habitude de porter une perruque, mais de se couvrir la tête, on devra également se couvrir la tête et ce pour des raisons de "mar'it ai'yn".
Un des grands rabbins séfarades de la génération dernière interdit aux séfarades de porter la perruque - car, dit-il, cela ne constitue en rien un couvre-chef ! Cependant de nombreux rabbins séfarades le permettent (10).
* Les différentes "raisons" de l'interdit
Je vais succinctement vous présenter certaines "explications" données par les rabbins quant au fait de se couvrir la tête - elles sont bien différentes les unes des autres et je ne suis pas certain de leur exactitude, mais je vous les présente quand même (c'est une liste vraiment non-exhaustive).
- Pour garder la femme des regards d'hommes étrangers - autres que son mari, préserver l'intimité (11).
- Pour des raisons de pudeur - une femme mariée se doit d'être plus pudique, car après le mariage l'amour devient plus "intérieur" et se doit d'être moins lié à l'apparence extérieure, bien qu'il soit bon de se faire désirer par son mari (12).
- Le couvre-chef est une distinction sociale, un signe distinctif qui peut même éloigner des autres, des hommes surtout, dont le rôle est similaire à une bague de mariage, toutefois de manière plus radicale, puisque ce signe se doit de respecter les limites juridiques de pudeur. Son but est double - rapprocher la femme de son mari et l'éloigner du reste du monde. C'est dur, mais c'est fait pour préserver la cellule familiale (13).
- Ce n'est ni un signe social, ni de la pudeur, mais c'est l'aspect de la femme tel que décrit par la Torah (14).
- C'est un rappel à la femme de se conduire selon les coutumes des filles d'Israël qui sont pudiques, selon nos Sages. Toute femme ayant connu un homme aurait besoin de ce rappel (15).
- Une écrivaine israélienne (Noa Yaron-Dayan, dans son livre "Mekimi") s'exprime ainsi:
"Il est incroyable de voir à quel point les règles de la Torah sont précises. Les cheveux justement il faut couvrir. On le sent tout de suite. La relation avec l'entourage est tout de suite différente, moins "flottante", moins "flattant". Plus simple. Plus propre. C'est à la fois douloureux et agréable, combattre l'orgueil". Pour elle, c'est créer un rapport différent avec le monde, un rapport de femme mariée.
- Je voudrais aller plus loin, en tentant d'expliquer la thèse quelque peu complexe, mais vraiment bonne, à mon avis, du Rav Shimon Or (dans son livre "HaTeshouka Leh'ayim" - La volonté de vie). Il explique qu'une lecture attentive des halah'ot permet de comprendre le point de vue de la Torah, perdu au fil des générations et qui peut faire dire à certains décisionnaires contemporains, comme le Rav Ovadia et le Rav Eliashiv pour ne citer qu'eux que même les filles non-mariées devraient se couvrir la tête, a priori, mais que celles qui ne le font pas ont sur qui s'appuyer... (16).
Selon lui, cette approche est erronée et il faut voir dans la distinction entre une femme mariée et celle qui ne l'est pas une différence capitale. Pour lui, le couvre-chef vient marquer cela justement. Qu'est-ce qu'un "erva"? Généralement traduit par "nudité" ? Il démontre longuement, qu'au fil de la Torah, pour Rashi et Ibn Ezra surtout, cela signifie "dévoilement". C'est-à-dire que les cheveux peuvent constituer le "dévoilement" d'une femme. Mais pourquoi pas celle d'une jeune fille? Il distingue entre une jeune fille pour qui les cheveux constituent une sorte de parure, d'ornement, tout comme des bijoux - c'est pourquoi dans les lois de deuil on lui permet de se coiffer, de mettre des bijoux, etc. pour plaire - afin qu'elle puisse se marier. Par contre la femme mariée - on lui permet de faire tout cela "pour ne pas se sentir laide aux yeux de son mari"? Cela veut dire, selon lui, que les cheveux prennent une autre signification après le mariage - ils ne sont plus qu'une parure, mais deviennent un "dévoilement", ils revêtent alors d'une certaine sensibilité acquise lors de la rencontre avec un homme. Rashi explique d'ailleurs tout l'interdit de regarder une femme (Berah'ot 24a) relativement à une femme mariée. Pourquoi?
Le Rav Shimon Or explique selon le verset dans Job 31:1 "J'avais fait un pacte avec mes yeux: comment aurais-je porté mes regards sur une jeune fille?", que lorsqu'un homme se marie avec une femme, il se crée entre eux un lien particulier - sensibilisant de facto la chevelure féminine. Cette sensibilisation provient du fait, presque mystique dirions-nous, provoqué par la relation intime, qu'une femme mariée ressente les choses différemment. Dans la Torah, on voit parfois que certaines choses deviennent "animées" par notre rapport à celle-ci. Par exemple "œil pour œil" devient "argent" chez nos Sages, cet argent remplaçant un œil ! Ou encore, lorsqu'on donne de l'argent à un pauvre, celui-ci devient "vitalité" pour lui, il ne s'agit pas d'un simple objet sans signification, inerte et inanimé, mais bien de "vie" qu'il reçoit. L'argent se transforme en vie par l'action du don au pauvre. Il se passe la même chose, selon cet auteur, avec les cheveux de la femme. La rencontre avec l'homme transforme la "parure capillaire" en un élément de sensibilité intime. Ce qui explique pourquoi, une femme, après avoir connu un homme, comme dans le cas d'une divorcée ou veuve peut continuer à se couvrir les cheveux ! Il montre bien que la Torah, à la différence de la société occidentale distingue entre la femme mariée et celle qui ne l'est pas - car il y a une sensibilité différente, que l'on a de la peine à ressentir aujourd'hui. J'espère m'être exprimé clairement et ne m'être pas trop perdu dans les détails. Ce livre est assez bien fait je pense et longuement détaillé, je le conseille à quiconque lit bien l'hébreu. Il est disponible sur internet (http://upload.kipa.co.il/media-upload/torash9/9252011184844902.pdf)
Kol touv
Sources:
(1) Bamidbar 5:18.
(2) T.B. Ketouvot 72a.
(3) T.Y. Ketouvot chap. 7, hal. 6.
(4) III, 125b (sur parashat Nasso)
(5) Rambam, Hil. Ishout 24,11 et suiv.; Rema EH 115,4 et comm.
(6) cf. resp. Siah' Nah'oum, Siman 105, p. 359
(7) id. - cela correspond également aux propos du Midrash Rabba, Korah' 18,20. Et Iggrot Moshé EH I, 58 qui ne permet de se découvrir qu'en présence de la fmaille
On notera toutefois l'avis du Rav Yossef Messas qui permettait aux femmes de ne pas se couvrir la tête en expliquant qu'il ne s'agit que d'une habitude - Otzar Hamih'tavim III, p. 211 ; Mayim H'aim II, OH siman 110. C'est un avis que j'ai du mal à comprendre en lisant la guemara qui semble bien dire qu'il y a un interdit pour le moins rabbinique, mais il faut savoir qu'il existe.
(8) resp. Be'er Sheva siman 18; c'est aussi l'avis du Sdei H'emed et de nombreux autres décisionnaires.
(9) OH 75,15
(10) resp. Yakil Avdi VII, 16; ce sont également l'avis du Rav Mordeh'ai Eliahou zatsal et du Rav Messas.
(11) Rav Bar-Shaoul, Ma'arh'ei Lev, chap. 5; Rav Shlomo Aviner, resp. Shéilat Shlomo, p. 630 et Bat Meleh', p. 243-4.
(12) Rav Eliezer Melamed, Pninei Halah'a, Likoutim beinyanei Mishpah'a, p.145.
(13) Rav Yossef Zvi Rimon, "Kissouy Rosh Le'Isha", dans "Leveith'a Na'ava Kodesh" - livre en souvenir de Naava Appelbaum, p. 217-218.
(14) Rav Sherlow, Reshou"t Hayah'id - http://www.ypt.co.il/show.asp?id=29775.
(15) Rav Elyakim Elinson, HaTzneah Leh'et, p. 96-97.
(16) Yabia Omer VI, OH 15
J'ai beaucoup de mal avec cette mitsvah alors pouvez vous me dire quelles sont ou pour quelle raison une femme doit elle se couvrir la tête ??
Chavoua tov! Mercii
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Question envoyée via l'application iphone
Shalom,
Voyez la 68581.
Cordialement,