Conversation 77559 - Le patissier de pessah

David2504
Vendredi 20 mars 2015 - 23:00

Bonjour, je suis dans une école de pâtisserie et j'ai vu votre réponse au sujet du problème de travail chez un goy pendant pessah'. Cependant ma situation est légèrement différente car pendant la semaine de pessah je suis à l'école et je ne touche pas de salaire. J'aimerais savoir si cette différence m'autorise à y aller car je risque peut être d'être renvoyer.
Merci d'avance

Rav Samuel Elikan
Lundi 23 mars 2015 - 18:31

Shalom,

Ce n'est pas foncièrement différent du fait de travailler dans une pâtisserie à Pessah', puisqu'il y a également un profit (hana'a) du h'ametz, en effet, lors de ces cours vous devez cuisiner et êtes appréciés en fonction de ce que vous produisez, c'est donc que vous voulez que ce h'ametz existe. Vous en tirez donc profit, et c'est interdit (O.H. 443,1).

Toutefois, j'ai demandé à mes maîtres si on pouvait néanmoins permettre d'assister au cours durant h'ol hamo'ed, sans y participer activement, en regardant des non-juifs cuisiner par exemple.

Le Rav N.E. Rabinovitch m'a dit qu'il y a lieu de permettre, dans ce cas, surtout s'il y a un risque réel d'être renvoyé (bien que cela me semble assez surprenant).

J'ai évoqué le problème du plaisir que le h'ametz peut amener par son odeur - et il m'a dit que si on n'y pense pas et on n'essaie pas d'en profiter, il n'y a pas de problème (c'est également l'avis de plusieurs décisionnaires).
Quoi qu'il en soit il m'a dit encore de bien vous expliquer l'importance de l'interdit du h'ametz à Pessah' et le fait que pour sa consommation il s'agisse d'un interdit de la Torah très important, au point que quiconque le transgresse est retranché (h'ayav karet) du Peuple juif! Si on peut éviter, on évite, même s'il ne s'agit pas ici de consommation et que le profit n'est pas aussi sévèrement sanctionné.

Si vous pouvez expliquer à l'école qu'il s'agit d'un interdit religieux, qu'il vous tient à cœur de respecter, qui est marqué dans la Bible qui plus est, explicitant que durant une semaine vous ne pouvez ni consommer, ni posséder, ni tirer profit de toute fermentation des cinq céréales, je pense qu'ils peuvent comprendre.

Par ailleurs, le Rav Méïr Shlesinger m'a renvoyé à une réponse du rav Mordeh'ai Winkler (1) citant de nombreux rabbins (2) affirmant qu'on ne peut regarder un cuisinier cuire du h'ametz à Pessah'. Il m'a encore dit que si vous pouvez vous faire porter malade, c'est mieux.

Le Rav S.D. Botshko - que je remercie pour ses commentaires - me signale que cette dernière opinion (l'interdit de regarder le cuisiner cuire du h'ametz) est une "h'oumra" (décision juridique plus stricte) qui n'a pas sa source dans le Shoulh'an Arouh', pour lequel il semblerait que cela soit autorisé (cf. OH 440,3 à propos d'un four appartenant en association à la fois à un juif et à un non-juif et Pisskei Teshouvot, ad loc, au nom du Rabbi de Tshebin [resp. Dovev Meisharim II,4]).
J'en conclue donc qu'on peut aisément s'appuyer sur l'opinion du Rav Rabinovitch.

Notes:
(1) Rabbin en Hongrie, de 1844-1932; dans ses responsa (Levoushei Mordeh'ai III,O.H. §29
(2) tels le Rav Gantzfried dans son Maadanei Shemouel 112,29 et le Admour HaZaken de H'abad dans son Shoulh'an Arouh' OH 443,3.

Pessah' sameah' vekasher,
Cordialement,