Conversation 77658 - Joie et tristesse

rouroup.
Dimanche 29 mars 2015 - 23:00

Bonjour à tous.

Je voudrais poser une question sur la joie et la tristesse :
Il nous est enseigné qu'une personne n'a pas le droit d'être triste. Il nous est aussi enseigné que "mitzva guédola lihyot béssim'ha" = "c'est un grand devoir d'être joyeux".
D'un autre côté, chaque individu a des épreuves, chaque individu a des souffrances. Et ces souffrances sont capables de retirer la joie de l'individu en question, ce qui peut lui entrainer une certaine tristesse qui peut être grande...
Alors comment comprendre cette enseignement ? Comment peut-on dire à une personne qui souffre "mitzva guédola lihyot béssim'ha" ou bien "souris à la vie et la vie te sourira" etc. ? Ne vaudrait-il pas mieux l'aider par d'autres mots réconfortants ? De quelle tristesse parle-t-on dans cette enseignement ?

Merci.

Matitiaou Schilachter
Dimanche 6 décembre 2015 - 10:25

Shalom,
Vous posez une question interessante basee sur une citation juste. Mais cette phrase que vous citez, “mitsva gedola lihyot bessim’ha” ne parle pas d’une mitsva mentionnee textuellement dans la Tora ecrite , ou meme orale; c’est un adage celebre de Rabbi Nah’man, branche hassidique qui connait un renouveau formidable actuellement.

Que disent les textes a propos de la joie, ou de la tritesse/melancolie? Et a propos de la possibilite d’en faire le contenu d’une Mitsva/d’un ordre? Je citerai quelques points de repere, apercu rapide d’un sujet vaste.

La Tora nous raconte que les patriarches vivaient leus evenements de vie dans la joie, la peur, la tristesse, deuil prolonge; On attribut meme a L’Eternel des moments de tristesse/regret, de colere?!

La Hala’ha est sensible et consciente des differents etats d’ame particulier de chacun, des variations possibles. je dirais meme recommandees, en fonction des evenements de la vie –par exemple joie d’une naissance, tristesse autour d’un deuil, et du calendrier –joie de pourim, tristesse de Ticha be Av..-
Elle sait aussi differencier les intensites affectives normales et naturelles et leur propose un cadre pratique: par exemple, 1. le processus des lois du deuil variant depuis le jour de l’annonce du deces, puis après l’enterrement, puis les trois premiers jours de la Shiva (semaine de deuil), puis la semaine, puis le mois , et enfin l’annee pour les enfants et non les conjoints: ce procesus acccompagne et cree un processus affectif a partir d’une comprehension psychologique subtile, ou bien, 2. La joie a laquelle nous sommes convies a Hanouca est differente de celle e Pourim ou des jours des 3 Fetes, elles memes differentes de celle du Shabat. La aussi la Hala’ha exprime ces nuances dans les coutumes et loies differenciees.

Une etude comparee entre les differents maitres et courants de pensees reveleront aussi de grandes differences quant a l’importance, la place, la forme de joie recommandee, et la definition de ce qu’est cette joie.

Est-il possible de commander un sentiment, une croyance?, question que se posent les Sages et qui est largement developpee, mais cela depasserai le cadre de cette reponse.
La Tora nous a donne des mitsvot “affectives” positives comme aimer son prochain comme soi-meme (mitsva fondamentale tel que la qualifie rabi Akiva), tu sera joyeux (a la fete de soucot)…et negatives :tu ne hairas pas ton prochain dans ton coeur…. Chacune d’entre elles est developpee dans la loie orale qui en explique l’esprit et nous indique les pratiques qui en assurent leur realisation.
Cette invitation d’aimer son prochain contient plusieurs elements: ne pas lui faire ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse, ou dans des termes actuels, fais preuve de sensibilite et d’empathie a ses etats d’ame, fais ce qui est necessaire pour le soutenir et lui permettre de surmonter ses moments difficiles.

Les histoires nombreuses quant aux moments difficiles de personnes ou Sages celebres ne condamnent pas leur reaction; elles viennent nous enseigner tout d’abord que ces reactions sont humaines et diverses, puis comment trouver dans la croyance, l’encouragement et le partage du sort difficile d’autrui un reconfort et/ou une voie d’issue a ces moments moroses et douloureux.

Les differentes approches psychologiques reconnaissent la complexite des etats affectifs, des sources diverses et possibles de reactions emotionelles: experiences du passé ou traumatismes du present, relies a des experiences primitives ou plus recentes ou resultants d’“apprentissages” anterieurs: il y a toujours une certaine pensee, a un niveau de conscience ou d’inconscient qui soutendent cette reaction emotionelle: la combinaison d’empathie et d’identification a la pesonne et la mise a jour de cette pensee permettront le travail qui soulagera, dans le cas par exemple d’une reaction intense d’anxiete, de tristese ou de melancolie….

“ivedou ethashem besim’ha…” nous dit le roi David dans les psaumes: ce n’est pas un commandement a realiser par x pratiques; c’est une invitation, une recommendation generale: arriver a ce que la Avodat Ashem (service divin de chacun) amene et procure une joie, un sentiment de realisation et un attachement au spirituel.
Matitiaou