Conversation 79867 - Hallel de yom haatzmaout- grande avera!

eliyah123
Mardi 23 février 2016 - 23:00

Je voudrais poser une question concernant la réponse 5640 de yom hatsmaout.
Je suis particulièrement atterré et choqué par votre réponse et vos arguments sur une question aussi importante que berakha lévatala.
Je tiens à préciser que je pense que la vocation juive ne peut se réaliser pleinement qu’en Israel mais aussi qu’on ne peut pas faire preuve d’approximation en terme de halakha et nous autoriser à rompre des traditions centenaires.
Tout d’abords, je souhaite préciser que les plus grands rabbanims de la génération reconnus unanimement par l’ensemble du monde religieux ne font pas le hallel (rav Eliyashiv, Rav Steinman, Rav Kaniewski, Rav Auerbach, hazon ich…). Il est vrai que rav Ovadia Yossef écrit dans Yabia Omer (tome 10, ch. 53) qu'on peut faire le Hallel Yom haatsmaout, néanmoins il précise que si on le dit avec brakha, on fait une brakha lévatala, et on transgresse par cela le 3e des 10 commandements. Il l’a certainement autorisé sans bénédiction pour ne pas se mettre à dos une partie de son auditoire sans contrevenir à la halakha. Il n’y a en effet pas d’objection à lire les téhilim qui constituent le hallel les jours de l’année. Je ne parle même pas des rabbanim d’obédience hassidique qui font aussi partie de la grandeur du peuple juif. Il est particulièrement incroyable que vous rapportez, pour justifier de contrevenir au choulkhan aroukh des rabanims certainement intègres et compétents, mais qui sont totalement inconnus dans la quasi-totalité du monde juif et dont les contributions ne sont en aucune mesure comparable aux rabanims que j’ai cité (et je peux en citer encore beaucoup d’autres). Vous citez à l’appui le rav Goren rabbin d’Israel qui est essentiellement une fonction politique de représentation. Ce sont les dayanims qui sont les plus aptes à se prononcer en matière de halakha. Je vais certainement me fier davantage à rav Gugenheim ou rav Revivo qu’au rabbin Bernheim ou Korchia pour des questions de halakha. Mais si vous êtes davantage sensible au statut, on peut citer le rav shlomo Amar, grand rabbin d’Israel séfarade (loin d’être anti-sioniste) qui a mis en garde contre le danger de faire la berakha pendant le hallel récemment. Vous parlez de beth din hachouv. En quoi est-il hachouv si les plus grands rabbanim de la génération n’y sont pas présents et s’inscrivent à l’encontre de la décision de ce beth din ?. Comment un beth-din peut remettre en question la décision des grands sages du talmud ou des codificateurs de notre loi d’une grandeur incommensurable ?
Je peux approfondir le sujet et vous communiquer des tas de raisons pour lesquelles dire la berakha sur le hallel serait une grave faute mais je vais simplement me contenter de vous démontrer l’inanité des arguments avancés :
1er argument selon lequel les prophètes ont dit le cantique de la mer rouge : comme vous l’avez très bien mentionné, ce sont les prophètes qui l’on institué mais la prophétie a disparu depuis l’époque d’Ezra. On peut donc en déduire que personne n’est apte à prendre l’initiative de décréter qu’un événement mérite un chant de louange. Le cas de Hanoucca est beaucoup plus profond que vous semblez le suggérer puisque nous ne faisons pas le hallel pour la bataille gagnée par les hasmonéens (bien plus impressionnante que les guerres d’indépendant ou des 6 jours) mais en raison du miracle de la fiole d’huile. Il s’agit d’un miracle évident (cf rav Moshé Shapira, rav Hutner, Maharal ou Hatam Sofer pour une explication du sens profond du miracle) chargé de symbole.
2ème argument : on dit le hallel complet chaque fois que Haqadoch Baroukh Hou sauve Israël. Si c’est le cas, on aurait dû dire le hallel de très nombreux jours dans l’année étant donné que d’ a réalisé de nombreux miracles au fil des temps pour nous sauver. Je ne vais pas approfondir ce point qui ne correspond pas à ma lecture de la guemara taanit. Je pense que l’on parle plutôt d’un sauvetage spirituel que physique comme pour Hannouca. Mais même selon votre lecture, en quoi les juifs ont-ils été sauvé par la guerre d’indépendance ? Existait-il un décret de destruction du peuple juif durant la guerre d’indépendance ? Pourquoi ne fait-on pas le Hallel à Pourim où le sauvetage était plus grand ? Comment pouvons nous faire le raccourci suivant : puisque nous avons gagné le guerre alors nous avons été agréé par Hachem ? Pouvons nous dire que les nazis has vechalom ont été agréé par Hachem lorsqu’ils ont tenu tête au monde entier pendant des années ?
3ème argument : tout le monde est d’accords de la gravité de ne pas dire le hallel aux jours fixés par nos sages (roch hodech, hannoucah et yom tov) et vos références n’apportent rien de plus. Vous citez à l’appui 2 rabbanims qui autorisent la lecture semble t-il avec Berakha (j’ai entendu d’autres commentaire concernant le rav Herzog qui autorisait uniquement sans berakha mais cela n’a pas d’importance étant donné qu’il est peu représentatif du monde de la torah aujourd’hui). Mais dans ce cas comment expliquer qu’autant de grands rabanim vivants cités précédemment l’interdisent explicitement ? Les choses ont beaucoup changé et une autorisation antérieure peut ne plus avoir cours comme vous semblez le dire. Citez moi un grand rabbin en vie qui l’autorise ? Les lecteurs pourront librement comparé lesquelles ont davantage de poids en matière de halakha.
De quel habitude parlez vous ? la plupart des communautés ne disent pas le hallel.
En quoi parlez vous d’une souveraineté juive ? il s’agit d’un état laique que même Binyamin Netanyahu a eu l’honnêteté de dire qu’il prône avant tout les valeurs occidentales, démocratiques et laiques (cf interview). Cet état ou gouvernement qui autorise la mixité devant le mur des lamentations, qui a essayé d’introduire des libéraux dans les tribunaux rabbiniques, qui coupe les subventions au monde de la torah, état considéré comme le plus inégalitaire de l’OCDE (les premiers sionistes qui prônaient des idéaux de solidarités s’en retourneraient dans leurs tombes en voyant celà), dont l’un des chefs de gouvernement est en prison pour corruption….
Le Gaon de la génération Hafetz Haim ainsi que son élève le rav Elkhanan Wasserman (ainsi que rav Chlomo Raphael Hirsh) décourageaient les juifs d’émigrer en Israel. Comment pouvez vous marginaliser et dire que ceux qui ne font pas la lecture avec berakha n’accomplissent pas une mitsva positive ? Comment pouvez vous vous opposer aux plus grands noms de la torah que je viens de citer ?
Comment pouvez-vous parler de délivrance alors que nous ne sommes pas prophètes et que la création d’un état relève peut-être uniquement du sens de l’histoire ou d’un test de responsabilité. Comment pouvez- vous parler de délivrance alors que nous sommes encore sous influence de différents diktat, que l’assimilation augmente (cf statistiques sur les mariages mixtes) et que de plus en plus de juifs quittent Israel pour s’installer en Allemagne, aux Etats-Unis ou ailleurs.
Je ne prolongerais pas davantage mon argumentation car je pense que les arguments avancés sont suffisants. Mais, je voudrais juste vous rappeler l’argumentaire de certains pour qui la création de l’état d’Israel n’est pas conforme à la volonté divine même si selon moi (mais je ne suis pas grand chose) cela relève du sens de l’histoire qui mène à la délivrance. Le Talmud Ketoubot 111a rap cite l'enseignement de Rabbi Yossi ben Hanina :
Quel est le but de ces trois adjurations ? Un, qu'Israël ne montera pas en muraille. Deux, le Saint, béni soit-Il, a fait jurer à Israël de ne pas se rebeller contre les nations du monde. Trois, le Saint, béni soit-Il, a fait jurer aux nations de ne pas opprimer Israël trop durement.
La Guemara se conclut par un avertissement de Rabbi Eléazar : Le Saint, béni soit-Il, a dit à Israël : si vous tenez ce serment, tant mieux, sinon Je laisserai vos chairs [à la merci de tous] comme les gazelles et les biches des champs
Plusieurs rabanims accordent à ces serments une créance absolue (Maimonide, Maharal, rashbash, bahya ben asher). Ces arguments sont rapportés dans le livre vayoel moshé (rav de Satmar) qui aurait été vanté pas Baba Salé comme l’un des livres les plus clairvoyant de notre génération. Je ne peux pas en juger puisque je ne l’ai pas lu mais je peux raisonnablement faire confiance à l’une des plus grandes sommités de ce siècle. D’autres, au contraire, expliquent que le portée de ces serments est limitée et qu’ils ne s’appliquent plus aujourd’hui (Gaon de Vilna, rabbi Haim Vital, Rabbi Pinchas Horowitz, Ramban). Chacun a ses arguments et je pense que la prudence s’impose en la matière contrairement à votre approche plus affirmative.
Enfin, finissons par une note d’humour : une histoire raconte que le mufti de Jérusalem est allé voir le rav Yossef Haim Sonnenfeld, disciple du Ktav Sofer fils du très grand Gaon Hatam Sofer. Il lui dit : « vous êtes anti-sionistes et je suis anti-sioniste. Pourquoi ne travaillons nous pas ensemble ». Rav Sonnenfeld répond que « nous ne pouvons pas travailler ensemble car nous haissons ce qui est goyish(non juif) chez les sionistes alors que vous haissez ce qui est juif chez eux ».
Autre note d’humour : le gaon de Poniovitch, Rabbi chmouen Kahaneman fut consulté lors des premières années de la création d’Israel et on lui demande s’il disait le hallel le jour de yom hatsmaouth. Il répondit sur le ton de la plaisanterie : « j’agis comme Ben Gourion. Ben Gourion ne dit pas la vidouy ce jour là , moi non plus je ne le dis pas. Ben Gourion ne dit pas le hallel, moi non plus je ne le dis pas ». Son message est profond. Comment peut-on faire le hallel alors qu’on est si loin d’être digne de la confiance accordée par Hachem lors de la création de cet état et que nombreux de nos compatriotes juifs souffrent énormément par leur éloignement de la torah.
J’espère sincèrement que vous répondrez à mon message car le but n’est pas de créer une polémique mais de faire avancer la vérité et surtout éviter que les juifs ne commettent de transgressions aussi graves que berakh levatala.
Pour le « plus », je vous rapporte la réponse de rav Ron Chaya qui me paraît pertinente et brève :
Mes réponses concernant les points de la partie « De plus » :

1. C'est un miracle, certes, mais pour des raisons évidentes, les grands de la torah n'ont pas voulu fêter ce jour.

2. Seuls les grands de la génération peuvent décider si on applique la takana des neviim ou pas, et dans le cas occurrent, ils ont décidé que non.

3. Le point parle de la date de Yom haatsmaout. Rien ne change au fait qu'on ne doit pas dire le Hallel le jour de Yom haatsmaout, peut importe quand tombe ce jour.

4. De nouveau, il s'agit d'un argument toraïque, et dans ce cas-là, pourquoi les grands de la torah ne font-ils pas le Hallel à Yom haatsmaout ? Preuve en est que cet argument n'en est pas un.

5. La question n'est pas s'il y a brakha ou pas sur le Hallel, il n'y a pas de hallel de toute façon.
Merci pour vos précisions qui m'aideront peut être à recréer un lien avec ce site qui aujourd'hui est rompu.

Rav Malko Souffir
Mercredi 2 mars 2016 - 05:36

Chalom,

1) Mon Maitre le rav Eliahou Ariel Edri (rav de har homa et dayan a tel-aviv) a ecris un livre sur le hallel de yom haatzmaout שחר אהללך en 2 volumes. J'ai eu le merite de participer a creations de ces livres et je puis vous assurer que TOUS les arguments talmudiques ou logiques que vous avez mentionnez ont ete examines, peses, et refutes par de nombreuses sources (guemarot, rishonim, aharonim). Je vous invite vivement a vous procurer ces livres et les lire attentivement. (peut-etre cela ne suffira pas a recreer les liens avec le site mais j espere que cela permettera de voir que les choses n ont pas ete prises a la legere).

2) quant aux breves reponses du Rav Chaya- elles se resumes en une seule: les grands de la generation ne fetent pas yom haatzmaout et nous faison comme eux.
Le probleme de cet argument est qu'il ne prend pas la peine de definir qui sont "les grands de la generation"- et la il y a desaccord (et parfois meconnaissance)- il est des geants de la generation qui disaient le hallel -entre autres- le rav hertzog (qui le disait sans berakha uniquement pour ne pas diviser le peuple) , le rav goren (qui etait un geant de la torah et pas une personnalite representative comme vous le pensez) , ces gdolim avaient egalement la responsabilite du klal israel etant les rabbanim rashiim. Et puis et SURTOUT (pour moi) il avait le rav Tzvi Yehouda Kook (le rosh yeshiva de mercaze harav et fils du rav A.I. Kook) qui etaient -lui et son pere zatzal- sur les sujets de la resurection d Israel bien AU- DESSUS de tous les gdolim que nous connaissons. cela vous choque peut etre mais c est a mes yeux une evidence et ainsi pense ses eleves et toute son ecole dont je fais partie . je ne pense pas vous convaincre mais essaye seulemnt de vous faire comprendre qu il n y aucun mal pour un eleve de suivre son maitre- et qu il n y a pas lieu de nous faire la morale a ce sujet.

Cordialement