Conversation 81867 - Penser à l'idolâtrie

mbrc
Dimanche 6 novembre 2016 - 23:00

La démonstration suivante est elle valable ?

Imaginer, c'est créer dans la pensée :
comme la pensée a son importance et une valeur fondamentale de premier ordre. Tous celui qui immagine creer vraiment dans l'espace "pensee".

D... scrute et est devant notre pensée en en permanence, Il voit ce qu'il s' y passe.

Selon Rabam, imaginer un autre dieu hormis lui transgresse "tu n'auras pas d'autre dieu devant Moi".

Donc,
Immaginer un autre dieu que D..., c'est créer dans la pensée une création idolatre que l'on place devant D...
Autrement dit :
Imaginer un autre dieu que notre Hachem, c'est placer devant Hachem une fabrication idolatre de notre imagination dans notr pensée.

D'où : "tu n'auras pas d'autre dieu devant Moi". C'est une transgression certaine.

Qu'en pensez vous ?

Rav Samuel Elikan
Mercredi 9 novembre 2016 - 04:31

Shalom,
Il y a certes au début du Nefesh HaH'ayim (de rabbi H'ayim de Volozhin, §1) une direction similaire, mais de là à dire qu'il s'agit d'une "fabrication idolâtre" concrète, il y a une certaine distance.
En effet, le Rambam lui même reproche à la Kalâm le fait de croire que tout ce qu'on imagine devient "réel" (même dans le monde de la pensée).
Pourquoi ne pas dire tout simplement qu'en plus de l'interdit d'idolâtrie, nous avons pour devoir, comme le dit le Rambam (Livre des comm., comm. pos. §1), de "connaître D'ieu" qui est un devoir de pensée que l'on transgresserait lorsqu'on s'imagine plusieurs divinités (cf. id. §2) ?

Tout cela ne reste vrai bien entendu que pour le Rambam, alors que selon d'autres avis, on peut imaginer ce que l'on veut... (cf. par exemple les livres Beni Mah'shava Tova et Hah'sharat Ha'Avreh'im du Admour de Piaseczno).

Cordialement,

mick636
Mercredi 9 novembre 2016 - 23:00

81867 - Penser à l'idolâtrie

J'avais entendu qu'il n'existait pas de faute par la pensée(même si la pensée peut amener à un acte qui est une faute...) à l'exception de l'idolâtrie.
Cette opinion est donc uniquement celle de Rambam à ce que je comprends de votre réponse.

Faut il rapprocher cela du sacrifice qui devient passoul si on n'a pas eu la pensée adéquate? Ou de consacrer qqc par la pensée (pour la térouma, le hekdech..) ?

Rav Samuel Elikan
Dimanche 20 novembre 2016 - 03:12

Shalom,

1. Le Rav Yossef Elbo (Sefer Ha'Ikkarim IV, §26) nous enseigne que l'on peut fauter par la pensée - notamment en pensant vouloir fauter ou en ayant des pensées "interdites" (notamment sexuelles - volontairement) et que dans ce cas là, la "teshouva" nécessaire n'est que le regret (h'arata). (Pour lui, une faute par la parole doit engendrer un "vidouy" et une faute par l'acte, devra engendrer des actes contraires à la faute).
On voit bien de là qu'il existe un concept de "faute par la pensée" (et pas seulement chez le Rambam).
Voyez encore dans le Nefesh HaH'ayim (Volonzhin), 1er portique, chap. 14.

2. Effectivement plusieurs rabbins ont comparé cette vision de la pensée idolâtre avec celle de la pensée "inadéquate" du sacrifice (en dehors de son temps ou en dehors de son lieu (- ou encore changement de nom et de propriétaires - cf. Rambam, hil. Psoulei HaMekoudashim 13,1)), énoncée au début du traité de Zevah'im.
Fait intéressant, là aussi le Rambam détermine que la pensée suffit (cf. Mishné laMeleh' sur hil. pesoulei hamekoudashim, id.), alors que Rashi (TB Zevah'im 41b) dit qu'il faut le dire, oralement, sans quoi on ne peut pas "agir" (et rendre le sacrifice impropre à l'accomplissement du devoir sacrificiel), la pensée n'étant pas "objective", n'ayant pas de "voix dans le monde". C'est également l'avis des Tossafot (RY dans Pessah'im 63a s.v. rabbi méir et BM 43b).

Il est encore à noter qu'il existe ainsi une discussion intéressante entre le Velveler de Brisk (H'idoushei HaGriz, Zevah'im 2b) et le Rav Elh'anan Wasserman hy"d (Kovetz Shiourim t.II, §22, lettre 2) quant à savoir si cette pensée "impropre" du sacrifice est une manière "active" de ne pas s'acquitter du sacrifice (et donc la pensée aurait bien une "consistance" du moins au niveau de la halah'a), ou alors si le fait d'avoir pensé à autre chose nuirait à la pensée "simple" (ou pourrions nous dire au "manque de pensée particulière") qui dit que de manière simple ("stama") le sacrifice est fait comme il faut.

Bref, cela donne beaucoup de matière à penser.

Cordialement,