Conversation 85130 - La réincarnation - source de malheurs ?

eboumandil
Jeudi 24 décembre 2020 - 16:25

Bonjour

Je souhaiterais savoir s'il n'est pas interdit de chercher à savoir dans quel corps était notre âme dans nos vie antérieures (concept des guilgoulim)

Si oui, quelle méthode utiliser ou bien quel thérapeute est susceptible de m'aider dans ma recherche ? (si vous avez une liste de noms ?). Sur internet , on trouve de nombreux site concernant des expériences par "hypnose régressive", mais je voulais votre avis auparavant.

Voici un exemple de site:https://www.inrees.com/Conferences/conference-linda-backman/

J'entreprends cette démarche afin de m'aider à comprendre pourquoi je subis une situation familiale catastrophique, faite de séparation, d'enfant dévoyé, de souffrances et de déni, les explications psychologiques ne me suffisant plus. 

Merci de votre retour

Cordialement

Rav Samuel Elikan
Dimanche 27 décembre 2020 - 10:11

Shalom,

1- J'entends une grande souffrance dans vos propos. Une situation familiale pas évidente, comme celle que vous décrivez, n'est absolument pas évidente à vivre. 

2- Concernant l'hypnose, si ça peut vous aider à surmonter les aléas difficiles que vous vivez, pourquoi pas ? 
Mais je ne suis pas certain que la cause de vos souffrances se trouve dans la recherche du "guilgoul".

Je recopie ici, ce que j'avais déjà écrit sur le site dans une autre réponse à ce propos :

On ne sait pas ce qui se passe après la mort et la réincarnation (guilgoul) est sujette à grande discussion.
Le Rav Saadia Gaon au début du Moyen-Âge écrivait, concernant cela, qu'il y avait sur ce sujet de nombreuses idées fausses, saugrenues, bizarres, et qu'il ne fallait absolument pas s'y fier (1).
Après lui, le Rav Avraham Ibn Daud (aussi connu sous son acronyme de "Ra'avad") écrit aussi dans son Emouna Rama (2) qu'il n'y a pas de réincarnation et que c'est une croyance "fausse". C'est également l'avis de nombreux autres rabbins de cette époque, puisque ce concept n’apparaîtrait nul part dans la Torah que chez nos Sages (3).

La première apparition de ce concept serait dans le Sefer HaBahir un livre de mystique très ancien dont l'écriture est généralement attribuée à Rabbi Itzh'ak "Sagui Nahor" (litt. "qui voit bien" - appelé ainsi parce qu'il était aveugle - 1160-1235). Cependant, le Ramban (Nachmanide) écrit (4) que c'est un "secret" connu par ceux qui l'ont reçu de leur maître, alors on n'a pas le droit en parler, à plus forte raison de l'écrire, dit-il, même l'allusion n'a aucune utilité. Et ce, bien que le Zohar en parle... (4*)
Plus tard, au treizième siècle, on commence à en parler un peu plus dans la littérature mystique (5). Mais même à cette époque, il y eut de nombreux opposants à cette foi (6). Seulement plus tard, alors, avec l'apparition des disciples du Ari, comme le Rav H'ayim Vital qui en parle en long et en large dans le Sha'ar HaGuilgoulim, le portique de la réincarnation, cette foi devient "reconnue" (7); bien qu'au fil des années il continua a y avoir des opposants, sans grand écho pourtant (8).

Sources:
(1) Emounot veDeot VI, 8 (p. 214 dans l'éd. Kappah') - il ramène quatre preuves comme quoi il ne faut pas croire en la réincarnation.
(2) Emouna Rama I, 6
(3) C'est l'opinion de Rabbi Avraham fils du Rambam, d'Ibn Gabirol (Mekor H'ayim 123c) qui dit que c'est une foi payenne (sic), l'opinion de Rav H'esdai Crescas dans son Or H' (89b dans l'ancienne édition classique) ainsi que de son disciple le Rav Yossef Elbo dans son Livre des Principes (Sefer HaIkarim) IV, 29; Rabbi Aryeh de Modena, lui aussi, a violemment réfuté les propos d'Abarbanel (sur parashat Ki-Tetze) concernant la réincarnation, dans son livre "Ben David" et c'est également l'opinion de nombreux autres encore.
(4) Torat HaAdam, Sha'ar HaGuemoul, 9a-b (imprimé dans Kitvei HaRamban du Rav Shavel éd. Mossad HaRav Kook, p. 279; cf. aussi Ramban sur Bereshit 38:8 et sur Yiov 33:30; resp. Maharalbach, 8; Rekanti sur Vayeshev - Bereshit 33:2; comm. du Levoush sur cela ramené dans le propos du Rav Shavel dans le premier tome des Kitvei HaRamban, p. 101, note 30.
Dans un même ordre d'idée, on raconte que le fils du Rosh (Rabbeinou Asher) lui aurait posé la question à son père: doit-on croire à la réincarnation-transmutation ? Il aurait donné des preuves et des arguments que son père aurait repoussé l'un après l'autre et aurait conclu ainsi: "s'il y a une telle tradition, alors recevons la, sinon - non, car il n'y a aucune preuve suffisante".
(4*) Il faut savoir qu'il existe une grande discussion que je m'abstiendrais de détailler, quant à la date exacte de l'écriture ainsi que de l'apparition du Zohar. Il aurait apparu sous forme publiée pour la première fois du temps du Rav Moshe DiLeon (1240-1305). Toutefois la notion de réincarnation pour le Zohar est minime et n'est que la conclusion d'un manque dans le commandement d'enfanter (cf. III, 216b, etc.).
(5) Notamment chez Rabbi Yitzh'ak d'Acre, Rabbeinou Peretz dans son magistral "Ma'areh'et Elokout" et chez les disciples du Ritva.
(6) cf. la lettre de Rav Yedayah HaPnini envoyée au Rashba (imprimée dans ses resp. siman 418) qui soutient que cela est opposé à la foi en la résurrection des morts!
(7) cf. Ma'amar HaH'oh'ma du Ramh'al; Klalei Sefer Milh'amot Moshe, Klal 15; H'essed LeAvraham (Azoulay) Maayan 5, surtout Nahar 17 et 21; Minh'at Yehouda (H'ayat) 150b; etc.
(8) Comme durant la dispute de Candia en 1466, ou encore dans le livre "Kvod Elokim" paru en Turquie au 16ème siècle, et dans les œuvres du Rav Simh'a Luzzato (Venise, 17ème siècle) et du Rav David Nieto (dans son "Mateh Dan", Londres, 18ème siècle) - ce livre a d'ailleurs engendré un doute sur l’intégrité religieuse de l'auteur et a été envoyé à Amsterdam chez le H'ah'am Tzvi (par ailleurs voisin de Rembrandt, au début de sa carrière, qui l'aurait même peint - l'image du "vieux juif") qui a lu et approuvé l'intégrité de ce fascinant livre et celle de l'auteur.

 

Je vous souhaite de trouver le soutien et les forces nécessaires pour vivre votre vie de la meilleure manière qui soit, paisiblement, de telle sorte qu'elle vaille la peine d'être vécue à son plein potentiel.

Cordialement,