Conversation 90702 - Révéler le mensonge
Bonjour, voilà j’ai un vrai dilemme qui s’ouvre à moi. Mon cousin est marié avec une jeune fille depuis le mois de juillet de l’année dernière. Tout son mariage est basé sur un mensonge. Il n’a pas révélé à sa femme qu’il n’avait pas de travail qu’il n’avait pas d’argent que ses parents ne travaillaient pas. La supercherie a fonctionné jusqu’à il y a quelques semaines en réussissant à trouver des subterfuges du est et variés mais l’argent venant a manquer il rackette sa grand-mère et la situation ne pouvant plus durer, nous avons dû mettre cette dernière à l abri de son contact afin d éviter qu il ne la mette à la rue , ce jeune couple n’a pas encore d’enfants et j’ai beaucoup de peine pour cette jeune fille de très très bonne famille , qui ne sait pas que son époux ment sur tous les sujets qui ont rapport à la vie matérielle , Est-ce que nous devons la protéger et lui révéler le mensonge de son mari ou la laisser le découvrir par elle-même, au risque qu’elle tombe enceinte , et qu’elle se retrouve dans une situation compliquée et avec des enfants ? Merci
Chalom,
Votre question est lourde de responsabilité morale et humaine. Elle touche à la vérité, à la loyauté familiale, à la préservation de la paix conjugale, et surtout à la protection d'une jeune femme innocente qui risque de se retrouver piégée dans une situation dramatique.
D’un point de vue halakhique comme éthique, cacher une information aussi essentielle — en particulier dans le cadre du mariage — peut être considéré comme une forme de mekach taout (acquisition sous fausse représentation), qui remet en question la validité même du lien conjugal s’il s’avère que le fondement de l’union repose sur un mensonge aussi profond.
Il est vrai qu’intervenir dans la vie de couple d’autrui est extrêmement délicat. Mais ici, il ne s’agit pas d’un simple défaut ou d’un travers de caractère : c’est un tissu de mensonges graves et constants, avec des conséquences directes, non seulement financières, mais aussi psychologiques et familiales. Il en va de la dignité et de la sécurité de cette jeune femme, et potentiellement de ses futurs enfants.
En parallèle, on doit prendre en compte le principe de honaa — ne pas blesser inutilement — et surtout l’interdiction de rehkilout (colportage). Mais lorsque le silence alimente une situation mensongère qui peut causer un préjudice majeur et durable, parler devient non seulement permis, mais parfois nécessaire. Cela rejoint l’idée de "Lo taamod al dam reekha" — "Tu ne resteras pas indifférent face au danger de ton prochain."
En pratique, je vous conseille de ne pas révéler la vérité brutalement ni publiquement, mais de vous adresser à une autorité rabbinique de confiance, proche du couple, qui saura intervenir avec tact, discernement et légitimité. Cela permettra de gérer la situation dans le respect de chacun, tout en protégeant celle qui est aujourd’hui en danger d’être trahie dans son avenir, sa confiance, et sa stabilité.
Votre dilemme est difficile, mais votre souci pour la vérité et pour cette jeune femme est honorable. Que vous soyez guidé dans vos choix avec sagesse et clarté.
Bivrakha.