Conversation 1325 - Barrières rabbiniques et libre-arbitre
Chalom,
Pour changer un peu des questions sur la cacheroute (majoritaire sur le site) je vous propose un peu de Pilpoul sur une question spirituelle.
Le libre Arbitre est à mon sens le point central du Judaïsme. Pouvoir choisir entre le Bien et le Mal n'a été donné qu'aux humains et non aux animaux ou aux végétaux. Pour tracer nos chemins l'Eternel nous a donné la Thora, et suivre Sa Loi nous assure une vie de Sainteté et de Pureté tant spirituelle que corporelle.
Pourtant, et vous l'évoquez dans vos réponses, certains décisionnaires vont au-delà de la Loi, et imposent des barrières supplémentaires qui en soit n'ajoute pas plus que ce que nous demande la Thora.
La difficulté vient du fait que la majorité de nos coreligionnaires ne connaissent pas la Loi et acceptent donc sans discussion les intructions de leur autorité rabinique "en supposant que tout ce qui est dit émane de la Loi".
Beaucoup de décisionnaires se basent sur un principe de précaution : "De peur que...". En fait de peur que l'être humain aille plus loin que ce qui est autorisé par la Loi, il est institué une barrière supplémentaire, voire plusieurs...
A mon sens, mettre des barrières, voire même une seule, peut laisser penser que l'on a pas confiance en son prochain, que c'est un être influençable dénué de tout jugement et que comme un enfant il faut lui mettre des barrières pour l'empecher de tomber.
Ce qui me gène dans ce raisonnement, c'est que dès la Bar Mitsva un homme n'est plus un enfant, il devient un être responsable, capable de jugement, capable de choisir entre le Bien et le Mal. L'empêcher de choisir, c'est donc nier ce que l'Eternel lui a donné de plus précieux SON LIBRE ARBITRE. Sans la faculté de choisir, parce qu'une barirrière s'intercale dans la possibilité de choix, c'est devenir un animal ou une plante...
Qu'en pensez-vous ?
(Bien sur, et comme d'habitude, ma question ne remet nullement en cause les décisions de nos sages, elle est surtout destinée à comprendre un raisonnement et à le discuter)
Malheuresement, je n'ai jamais étudié dans une Yeshiva et j'espère que D. m'en donnera un jour l'occasion.
Que l'Eternel vous Bénisse et vous Protège
Chana Tova
Haim
"Tu agiras selon les instructions qu'ils (les Sages) te donneront et le jugement qu'ils t'enonceront, tu ne t'ecarteras de la sentence qu'ils t'indiqueront ni a droite, ni a gauche" (1).
Il me semble que dans ce verset se trouve la reponse a votre question.
Nous sommes la en presence d'un concepte que l'on appelle en hebreu la "emounat hahamim" c'est a dire la fidelite, la foi et la confiance dans la parole et l'enseignement de nos maitres.
Il est souvent question du respect et de la crainte des Sages.La "emounat hahamim" c'est beaucoup plus que cela.Il s'agit d'une approche bien plus intime, d'un lien indissoluble et indispensable entre l'homme juif et ses maitres.
La "emounat hahamim" c'est la suite naturelle de la "emounat bachem", de la foi, de la confiance en D. Confiance envers celui qui nous a donne la Thora, fidelite a sa Thora ecrite et orale et a tout ce qu'elle implique comme obligations et responsabilites.
Enseignements qui sont transmis de maitres a eleves depuis les temps les plus recules jusqu'a nos jours.
Puissions meriter d'etre des disciples dignes de nos Sages.
Rav Yitshak Muller.
Reference: (1) Deuteronome (17,11)