Conversation 14389 - Les cheveux feminins
Bonjour Rav,
je voulais savoir si la formule ''sear isha erva'' devait etre prise au pieds de la lettre, ou si elle renvoyait simplement a une certaine notion d'impudeur. En d'autres termes, pour une femme mariee, le devoilement de la chevelure est-il exactement similaire au devoilement des parties genitales?
deuxiemement: a travers la ceremonie de la Sotha, la Torah indique-t-elle que la femme doit se couvrir les cheveux? Ne se contente-t-elle pas d'indiquer qu'une chevelure ''eparse'' ou ''ebouriffee'' est source de honte, ce qui contraste avec la halakha telle qu'elle a ete fixee par les sages?
Une première remarque : il ne s'agit manifestement pas d'une donnée "objective" en ce sens que si "les cheveux sont une nudité", il n'y aurait pas de différence entre jeune fille et femme mariées qui n'ont ni l'une ni l'autre le droit de se dénuder.
Il me semble qu'il faut comprendre que les cheveux sont un élément de la séduction sexuelle de la femme, en quelque sorte licite chez la jeune fille et prohibée chez la femme mariée.
Les cheveux ayant l'importance que vous savez si vous (il suffit de constater le succès des produits capillaires et des coiffeurs), les cheveux ébouriffés rajoutent à la signification de la cérémonie mais n'épuisent en rien le sens premier de l'obligation de se couvrir la tête.
Shalom Rav Simsovic,
suite a la question numero 14389 que je vous ai posee concernant le kissoui rosh, je vous remercie de votre reponse, tout en souhaitant avoir un petit eclaircissement.
On m'a toujours enseigne que l'unique source toranique de la mitsva de kissoui rosh etait l'episode de la Sotha. Sachant que cet episode, selon son sens litteral, ne semble pas statuer explicitement qu'une epouse doit se couvrir les cheveux, mais qu'elle doit simplement les regrouper, quel raisonnement logique a pu conduire les sages a statuer que les epouses devaient justement cacher leur chevelure? Le principe ''sear isha erva'' se deduit-il du verset par l'un des principes de l'exegese classiquement admis? Est-il, au contraire, un precepte issu de la transmission orale, et que l'etude exclusive de la Torah ecrite ne permettrait en aucun cas de connaitre?
Merci d'avance.
L'étude exclusive de la Thora écrite, ça n'existe pas : vous pensez avec des mots et des concepts qui n'appartiennent pas exclusivement à l'écrit et donc toute lecture fait déjà intervenir au moins une "grille" qui rende la compréhension elle-même possible, serait-ce seulement d'abord à un premier niveau.
Toute compréhension suppose aussi un cadre culturel, un ensemble de préalables notionnels sans lesquels la langue elle-même ne fonctionne pas.
De plus, il y a nécessairement aussi un préalable méthodologique, par exemple que le texte est totalement signifiant (ce qui veut dire que tout y est signe déchiffrable et porteur de sens) qu'il est totalement cohérent, ce qui veut dire que les contradictions apparentes s'y résolvent par un dépassement des détails antagonistes dans un cadre plus large qui les concilie, etc.
Et même s'il n'y avait pas tout cela, il resterait le dict talmudique : celui qui dit "rien que la Thora", même la Thora il ne l'a pas. (Ha'omer eyn li ella Thora, afilou Thora eyn lo - Yevamot 109/b et Yalqout Shimôni Vaet'hanan, remez 829, "az yavdil Mochè...")
Quant au sujet précis, voir la réponse à la question 16457.
Bonjour Rav,
La question 14508 portant sur la chevelure feminine semble etre tombee aux oubliettes depuis pres de deux mois... Je sais que votre tache est vaste et que vous l'accomplissez avec ardeur, y compris a l'exterieur de ce site et je vous suis gre de vos reponses toujours precises et interpelantes... mais j'aimerais bien quand meme avoir une reponse.
Merci mille fois
Le verset de la Sota dont parle la paracha de Nasso que nous venons de lire indique la chose suivante : le cérémonial d'innocentement de la femme ayant rendu son mari jaloux par sa conduite comporte un épisode "d'ébouriffement" de la femme par le Cohen; l'expression du verset comporte une préposition "ett" inutile apparemment au sens simple du verset permettant de traduire "il défera sa chevelure". Comme s'il fallait dire "et de plus il défera sa chevelure" ; "de plus" que quoi ? de lui avoir d'abord découvert la tête, car pour le texte de ma Thora il va de soi qu'elle a la tête couverte. Ce qui permet à Rachi de dire : "nous apprenons de là qu'être tête nue pour les filles d'Israël est chose indigne". Le terme que je traduis par "indigne" est "gnay" (comme à propos de la Hagada de Pessah - "mat'hil begnay...") Ce mot exprime l'idée d'une laideur, de quelque chose de répréhensible, de criticable.
Ceci me permet de faire la remarque suivante : on croit souvent que ce sont les mitsvoth qui sont à l'origine de la conduite. Ce n'est pas absolument faux, mais en un sens seulement. L'enseignement qui nous invite à comprendre que les patriarches observaient la Thora avant qu'elle n'ait été donnée veut nous faire comprendre que c'est en cela que les patriarches sont les pères d'Israël. Patriarches ne signifie pas "viellards vénérables" mais "engendreurs d'identité". Et la Thora qui fut jusqu'à la sortie d'Egypte "le patrimoine de l'assemblée de Jacob", devint, par la mission divine confiée à Moïse, commandement, mitsva, "Thora, tsiva lanou Mochè, morasha qéhilat Yaaqov". Lorsqu'un groupe restreint atteint la dimension d'un peuple, ce qui était comportement identitaire immédiat doit être érigé en commandement de référence pour continuer à assurer la cohésion même et la clarté de l'identité d'abord au niveau du comportement pour remonter de là a ses significations.
y a t il une veritable raison justifiant que la femme doit se couvrir la tete une fois mariée?
- si c est, comme on le repond plus souvent, parce que les cheveux de la femme la rendent "attirante " car ils representent sa "nudité" alors pourquoi doit elle se les couvrir seulement une fois mariée?elle devrait se les couvrir depuis petite au meme titre que ses jambes ou ses bras...
- par ailleurs en lisant le sefer igurot moche de Rav Mche Feinstein ,je lis "la vision de la chevelure d une femme ne constitue pas une impudicité au point d interdire aux hommes de reciter le chema ou la amida a plus forte raison a notre epoque ou presque toutes les femmes vont tete nue; cela est devenu habituel au point que les cheveux ne sont plus considérés comme des parties qu il est coutume de recouvrir" : pourrait on deduire que la nudité n a de valeur qu en fonction du regard et de l habitude de la personne en face?? alors ca pourrait s etendre a d autres interdits!!!
de cette decision on voit que les cheveux ne representent pas une nudité au meme titre que le reste du corps : pourquoi?
Non, cela veut dire qu'il existe des dérives socioculturelles dont il est a posteriori possible de tenir compte, bien que ce soit a priori non conforme à la loi et a la coutume juives.
La raison pour laquelle une femme mariée doit se couvrir les cheveux n'est pas celle que vous dites. Etant donné que le sujet a été amplement traité sur le site, je vous invite à y butiner.
Le rav Feinstein que vous citez a clarement dit aussi que ce qu'on pouvait admettre concernant les cheveux ne s'étendait pas à d'autre domaines tels que la tenue vestimentaire, par exemple.