Conversation 19768 - Propheties spontanees
Shalom Rav, Rav
1)Vous allez sans doute trouver la question bête mais bête!
En feuilletant Isaïe, afin de resituer les phrases de Rachi dans leur contexte (ça n'apporte rien à l'étude sur le commentaire, soit, mais ça oxygène un peu l'esprit, et ça permet de voir pourquoi les traductions que je propose ne sont pas "heureuses"--et je vous trouve bien gentil de ne dire que ça), je suis un peu partagé. Tantôt il fait des prophéties assez "spontanées", tantôt, on dirait qu'il "cite" la Tora ou les Psaumes. Peut-on voir les prophètes comme ça, outre l'aspect historique:le premier commentaire de la Tora?
Oui, je sais, c'est sans doute une bête question!
2)Dans le verset "labourer avec des boeufs", Amos dit à la foule qu'ils ont changé la justice en poison/venin. C'est ce dernier mot qui m'étonne : dans le texte, venin, c'est rosh, et ça s'écrit comme rosh-la tête (Resh Aleph Shin), alors qu'il y a une autre graphie de ce mot moins ambiguë (Resh Vav Shin). Est-ce un "hasard" comme yamim et yammim, ou Amos (ou ses disciples) voulait-il nous apprendre quelque chose?
Cordial shalom
1. "ça n'apporte rien à l'étude sur le commentaire" : faux.
2. C'est très exactement cela. les prophètes n'ajoutent rien à la Thora. Ils en développent et en rappellent le sens, les implications, les conséquences de son abandon. C'est l'une des raisons pour lesquelles on n'apprend jamais la halakha à partir des prophètes mais exclusivement à partir de la Thora elle-même ;; toutefois, les textes des prophètes permettent d'éclaircir des notions, d'élucider des points de vocabulaire, etc. Quant à la "spontanéité", tout dépend de ce qu'il a à dire. Dans tous les cas, il dit avec ses mots ce que Dieu lui dit de dire.
3. yamim et yammim n'étaient pas un hasard mais une confusion. l'orthographe est attestée en Deut. 32:32 dans l'expression "inevé roch" que la Bible du rabbinat traduit par "baies vénéneuses".
L'orthographe rech alef chîn apparaît dans bessamim roch (Ex. 30:23) où eelle désigne la qualité : des aromates de premier choix.
Dans des occurrences telles que roch velaana (Deut. 29:17) ou véroch pétanim akhzar (Deut. 32:33) il signifie respectivement "fruits vénéneux" et "venin d'aspic".
Le midrach va intervenir sur les associations que le mot roch ne manque pas de provoquer. Le mot désignera ainsi les chefs des armées ennemies d'Israël, parfois Nabuchodonozor, etc.
S'agissant ici d'un homonyme orthographiquement équivalent, les philologues ont probablement analysé cela. Ibn Ezra sur (Deut. 32:33) le relève pour dire qu'il n'y a pas de différence entre roch avec vav et roch avec alef. Le Targoum Onqelos traduit par "têtes de serpent", de même que le pseudo-Yonathan et le Targoum Yéroushalmi.
Par contre, le pseudo-Yonathan et le Targoum Yéroushalmi sur Deut. 29:17 parlent des fautes qui sont "d'abord (en tête) douces comme le miel et finissent amères comme le fiel."
Je n'ai pas approfondi d'avantage, mais il y a sûrement beaucoup d'autres sources qui en parlent.
19768 Par spontané, j'entendais de novo. Ce passage qu'on a repris dans la qedousha, par exemple, je ne l'ai vu nulle part ailleurs. Il y a aussi un très bel oracle contenant un verset sur lequel je vous poserai une question prochainement, le temps d'accumuler de la "matière"...
Cela dit ma question est:outre le fait de resituer une phrase, de la comprendre, de s'imprégner du texte qui l'entoure, texte que je n'aurais pas regardé sinon, qu'est ce que ça apporte au commentaire de Rachi? (Qu'il ne les cite pas par hasard, je veux bien, mais son but est-il au délà de l'analogie de structure de nous renvoyer à d'autres sources?)
Shabbat shalom
Oracle !? hou le vilain mot !
Les passages du type de celui que vous citez visent à nous faire mieux comprendre certains passages de la Thora, par exemple celui qui dit, Dieu parlant, "Je suis saint".
(Et il faut voir aussi le targoum de Yonathan ben Ouziel.) Il ne faut pas oublier qu'entre-temps il y a eu arrêt de la prophétie et que nous vivons aujourd'hui dans un monde où le phénomène de la révélation n'est plus manifeste. Ce qui opacifie notre accès direct au texte, rendant nécessaire les commentaires.
Rachi : C'est qu'il y a une cohérence d'ensemble de toute la Thora et donc le fait de citer un verset invoque avec lui tout son contexte.
Je vous en ai donné un exemple rapide avec "vayar réchit lo" de la bénédiction de Gad et du tombeau de Moïse (ki cham helqat mehoqeq safoun".