Conversation 4162 - Secret de famille

Anonyme
Samedi 1 février 2003 - 23:00

bonjour,
ma famille maternelle, est juive ashkenaze originaire de pologne. Aprés la shoa, il ont caché leur judeité. Communistes , ils etaient peu pratiquant avant la guerre. J'ai appris mes origine à 14 ans. J'ai compris leur signification a 20 ans.
De ce secret de famille, il en découle des situations desastreuses:
Ma grand tante a passée deux ans à Auschwitz durant la guerre. Puis elle s'est mariée à un non juif, comme toutes ses soeurs (dont ma grand-mére), elle a eu une fille, qui a eu deux enfants.Aujourd'hui cette cousine et ce cousin ignorent qu'ils sont juifs (comme je l'ai ignoré 20 ans), et ignore que leur grand-mère est une survivante d'Auschwitz.
Dois-je briser ce secret ou respecter le désire de ma grand-mère et de ses soeurs de le cacher?

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 17 février 2003 - 23:00

Je vais être un peu violent. Personnes sensibles s'abstenir...

Quelle que soit les sentiments que l'on puisse avoir envers des membres aimés de nos familles, il me semble qu'après la Choa, c'est se rendre complice d'Hitler que de tenter d'effacer notre judéité.
Cela voudrait dire que ce qu'il n'a pas réussi à faire avec ses fours crématoires, nous l'accomplirions par suicide d'identité. Cela signifierait voler leur mort à tous ceux de nos aiïeux qui se sont sacrifiés pour que leur peuple vive. Cela signifierait voler et détourner leur patrimoine à tous nos descendants.

Votre famille est à considérer comme des enfants enlevés à leur famille en bas âge (Tinoq shènishba) et élevés sans connaissance de leurs origines et que c'est un des devoirs primordiaux de toute communauté de chercher à libérer et le cas échéant en payant leur rançon comme pour tous les otages (pidyone shévouyim).

Cela dit, cela ne signifie pas que la chose puisse se faire brutalement et sans précautions. Il faudrait donc que vous preniez conseil auprès de personnes compétentes quant à la manière de procéder, compte tenu du caractère de vos cousins et de leur mâturité.

Anonyme
Lundi 17 février 2003 - 23:00

je vous remercie pour la reponse à la question 4162 (secret de famille)
J'en été arrivé moi aussi à la même conclusion. Un peu comme si mes ancêtres avait sû maintenir, au risque de leur vie, une bougie allumée malgré les vents violents et la pluie de l'histoire et qu'aujourd'hui, dans un calme relatif, moi, l'heritier de cette bougie, je la regarde s'etteindre sans rien faire...
Je ne sais pas si je deviendrais pratiquant un jour (j'ai appris que j'etais juif vers 20 ans, j'en ai trente) mais jene veut pas voir s'etteindre ctte bougie.
Autrement dit:" ç'eut été y prendre part, que de ne pas s'y opposer".

Merci à vous et à tous les rabbinim pour votre sagesse et le temps que vous nous consacrez.
Shalom.

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 17 février 2003 - 23:00

Il existe une mitzva de la Thora à laquelle nul ne peut se soustraire : rendre à son propriétaire ce qu'il a perdu. Et tant qu'on n'a pas retrouvé le propriétaire, prendre soin de son bien comme si c'était le nôtre. Et publier aussi largement qu'il est notre pouvoir : ceci qui appartient à un Juif qui l'a perdu se trouve chez moi. Qu'il vienne et se fasse connaître que je puisse lui rendre son bien.

La Thora appartient à tout Israël, et chaque Juif y a sa part inaliénable. Ceux qui ont eu la chance de la rencontrer sur leur route, d'en recevoir le dépôt, doivent proclamer : j'ai recueilli chez moi la propriété perdue de mon frère.
En tout humilité, nous ne faisons rien d'aute, car cette Thora est vôtre et il est des manières plus frivoles et futiles d'occuper son temps libre (et même celui qui ne l'est pas).

Je ne sais pas si je suis un Juif pratiquant. Je sais que je suis un Juif qui s'efforce de l'être et qui se dit parfois qu'il lui est arrivé d'être paresseux et qu'il faut ensuite peiner dix fois plus pour retrouver les lambeaux de soi éparpillés sur le chemin...
Bon courage.