Conversation 49584 - Voler un non-juif?!

dic
Mardi 3 novembre 2009 - 23:00

Bonjour,
1) Est il permis de réutiliser un timbre dont le tampon de la poste n'a pas été en contact avec le timbre ?
2) Si le coin du timbre a été en contact avec le tampon, est il permis d'enlever le coin du timbre et de le réutiliser ?
3) Est il possible d'utiliser des faux timbres (en utilisant le principe de Taout Akum)
Merci beaucoup d'amener les sources/et raisonnements utilisés pour vos réponses!

Rav Reouven Ouziel
Lundi 9 novembre 2009 - 04:29

J'ai été choqué de votre question et de ses allusions! Il serait permis de voler et de tromper un non-juif parce qu'il est non-juif?!

Il est absolument interdit de voler de quelque manière que ce soit, et voler l'état [juif ou non-juif] est encore plus grave puisque c'est un vol de toute la société et pas seulement d'un particulier! Peu importe s'il s'agit d'un timbre ou d'une banque!

Le vol de toutes petites quantités soit disant négligeables, était la "vertu" des habitants de Sodome [voir Sanhedrin 109b] et on sait comment ils ont finis. Avraham, au contaire, a rendu au roi de Sodome tous ses biens "même ce qui valait prouta" [Midrach Tan'houma lekh lekha par.13].

La seule exception est qu'il n'est pas nécessaire de rendre un objet perdu par un non-juif. La raison en est que le fait de rendre un objet perdu est un acte de bonté et que la Torah ne nous ordonne d'agir avec bonté [et pas seulement avec justice] qu'envers le peuple juif [voir Michpetey Ouziel vol.1, fin du res.25].

Agissant avec justice, je ne suis donc pas obliger de faire des efforts particuliers pour rendre à un non-juif ce qu'il a perdu, à moins qu'il n'y est kidouch hachem [=sanctification du Nom de Dieu] en le lui rendant, auquel cas je dois le lui rendre.
De même, si un commerçant s'est trompé dans ses comptes et m'a rendu trop de monnaie ou m'a vendu trop bon-marché, je corrigerai son erreur quand il y a kidouch hachem ou risque de 'hilloul hachem [=profanation du nom de Dieu] quand il découvrira son erreur [Baba Kama 117b; Tour 'Hochen Michpat chap.348; Shoul'han 'Aroukh 'Hochen Michpat chap.266 par.1].

Mais profiter d'une erreur mécanique [comme un timbre non-composté], et à plus forte raison la provoquer, est interdit.

Il est très important de se libérer de la "croyance" populaire qu'il est permis de tromper les non-juifs [pour se venger?]. L'honnêteté est une vertu qui est toujours valable et nécessaire, envers tous et toutes.
Soyons vigilants afin d'éviter de graves erreurs dans ce domaine!

dic
Mardi 10 novembre 2009 - 23:00

suite de 49584 kvod Harav,
merci beaucoup pour votre réponse et navré de vous avoir choqué. Cependant, je n'ai pas bien compris en quoi c'était différent de réutiliser un timbre non composté et ne pas rendre de l'argent rendu en trop par un non juif. Dans le premier cas, il y a même moins de risque de Hilloul Hashem puisque le timbre a été mal composté par la poste et il y a quasiment aucun risque que celle-ci repère l'erreur ce qui n'est pas forcément le cas d'un commerçant.
Pourquoi donc ne pas profiter de cette erreur et pourquoi est ce considéré comme du vol, auriez vous des sources qui indiqueraient que c'est du vol?

sinon pourriez vous m'expliquer ce que signife le concept de taout akum?

Vous parlez d'honneteté comme vertu valable et nécessaire, mais certainement que ce concept a sa propre définition dans le Talmud et qui n'est pas forcément celle définie par les nations universellement (n'y a til pas des avis dans le Talmud permettant le vol des non-juifs? même si ce n'est pas la Halacha, certains et non pas des moindres raisonnent ainsi) ?

Merci beaucoup Rav!

Rav Reouven Ouziel
Lundi 23 novembre 2009 - 06:19

Il convient de bien comprendre la mitzva:
il est interdit de voler ou de faire quelque dommage à un non-juif comme à un juif, même s'il n'y a pas de 'hilloul hachem.
Donc, réutiliser un timbre, voler le portefeuille de son voisin, ou tromper les impôts, c'est la même 'avera même si personne ne le saura jamais [voir Baba Kama 113b; Baba Metzia 111b].

Au niveau théorique, dans le Talmud, a été traitée la question de savoir quelle était la gravité de l'interdiction, et certains l'ont considérée comme étant "derabanan" [décret des sages], mais tout le monde s'accorde pour dire que c'est interdit, et finalement, l'opinion de tous les poskim [Maïmonide, Tour, Shoul'han 'Aroukh etc.] est que c'est "min hatorah".
Donc: pas de dérogation pour personne!

Comme je l'ai expliqué, si un commerçant s'est trompé dans ses comptes et m'a rendu trop de monnaie ou m'a vendu trop bon-marché, puisque c'est son erreur et sa négligence, je ne serai tenu de le corriger que s'il y a risque de 'hilloul hachem [=profanation du nom de Dieu] quand il découvrira son erreur ou quand il y a possibilité de kidouch hachem [Shoul'han 'Aroukh 'Hochen Michpat chap.266 par.1].

Et comme l'a écrit le Béere Hagola [sur le Shoul'han 'Aroukh 'Hochen Michpat chap.348]: "beaucoup ont cru s'enrichir en trompant les non-juifs et en profitant de leurs erreurs, et finalement ont fait faillite et ont fini misérablement".

Gardons donc la tête froide et l'honnêteté qui est de nos vertus essentielles!
[Et voyez la réponse 49605 sur la bonne attitude à avoir par rapport aux non-juifs.].