Conversation 52930 - L'Univers a-t-il un commencement?
Shalom,
Je parlais de D. avec quelqu'un qui n'est pas croyant et il me disait qu'il n'y a pas eu de commencement. Qu'il n'y a que l'infini. Pas de commencement, pas de fin, jamais. Que tout se transforme, tout le temps...
Pas de D. donc puisque pas de création, pas de créateur.
J'avoue que cela m'a troublée parce que si l'on envisage qu'il n'y a pas de création (même si cela me semble impossible) je trouve qu'ainsi l'on entre dans un système de pensée qui ne m'est pas naturel mais qui peut s'envisager.
Que pensez-vous à ce sujet ?
Merci
Je ne pense pas.
Du moins pas au sens où vous utilisez ce verbe.
Ce n'est pas une question d'opinion, mais de foi.
La Thora nous parle à la fois de la notion de création et de la notion de commencement. Ce sont des notions fondamentales de la tradition d'Israël essentiellement du point de vue de leurs conséquences, car en elles-mêmes ce ne sont pas du tout des notions rationnelles (ce qui ne signifie pas qu'elles soient incompréhensibles, sous condition de la formation intellectuelle et spirituelle appropriée)
Les conséquences, pour le dire brièvement, c'est que notre présence en ce monde n'est ni gratuite ni accidentelle. Cela signifie que cette présence fonde une obligation. Cela signifie qu'il y a une finalité, une destination, un projet.
La personne avec qui vous avez parlé vous a donné un avis sur une question dont elle ne possède aucune connaissance réelle, seulement une opinion. En général, ces opinions elles-mêmes, consciemment ou non, trouvent leur origine dans le désir de se débarrasser justement des conséquences de l'idée contraire.
Autrement dit, s'il n'y a ni commencement ni projet, la moralité, les devoirs et obligations n'ont plus de fondement et vive la liberté de faire ce qu'on veut !
Pas étonnant que certains préfèrent avoir foi dans l'infini et le non-sens. Mais il faut le savoir, la foi, c'est avant tout un choix : en quoi je préfère croire ?
En ce qui nous concerne, nous Juifs, notre foi se fonde d'abord dans le témoignage d'un peuple entier qui a vécu les événements que la Thora raconte. Elle se fonde dans une histoire de persécutions et de massacres que nous avons subis au nom de cette foi.
Nous ne sommes pas nécessairement également armés pour connaître et comprendre tous les attendus de cette foi. Mais il est une chose vis à vis de laquelle nous sommes tous parfaitement égaux : c'est dans la capacité de savoir ce qu'est la fidélité et la loyauté. Nous sommes tous capables de savoir ce que signifie choisir son camp.
Merci de la réponse, d'ailleurs j'avais évoqué avec cette personne le "problème" de la moralité en lui demandant d'où elle savait alors qu'un père ne devait pas coucher avec sa fille, pourquoi on ne pouvait pas tuer, voler ... car il s'agit d'une personne très "morale", très humaniste ; et elle m'avait répondu qu'elle le savait "d'instinct" par évolution, ai-je cru comprendre, de l'homme dans le temps...
La notion du "ça fait mal !" que l'homme aurait fini par proscrire pour vivre mieux en communauté.
Sauf que historiquement on s'aperçoit que l'évolution des moeurs a été parallèle à la diffusion de la Bible. Ce qu'on appelle aujourd'hui les "valeurs universelles" sont connues comme telles à partir de la Thora d'Israël et tout le monde le sait même ceux qui préfèreraient qu'il en soit autrement...