Conversation 53811 - A qui la faute ?

ronchonou
Lundi 27 septembre 2010 - 23:00

Bonjour à tous les rabbanim,

Mon patron ne me laisse pas les 2 jours de Yom Tov, il ne me laisse que le Jeudi.
Qui est responsable de mon avera ?
Moi, ou ceux qui nous ont pris la décision de maintenir les 2 jours de Yom Tov en diaspora alors que les VRAIES raison originelles n'ont plus lieu d'être ?

Merci pour votre réponse.

Hag Sameah

Jacques Kohn z''l
Mardi 28 septembre 2010 - 04:06

Dans le judaïsme, chacun est responsable des péchés qu’il a commis, sans qu’il puisse les imputer à quiconque autre que lui.

ronchonou
Lundi 27 septembre 2010 - 23:00

Merci pour votre réponse si rapide à ma question 53811.

Malheureusement je pense que cette dernière, vite expédiée, montre à quel point les autorités rabbiniques ne portent que peu d'interêt aux problèmes que peuvent rencontrer les juifs de diaspora qui ont choisi la voie de la Torah.
Sans vouloir vous manquer de respect has véchalom, vous me dites que chacun est responsable de ses fautes.
Dans ce cas précis, je ne suis pas du tout d'accord avec vous.
Si demain par exemple, la plus grande autorité rabbinique déclare que la cigarette est non-casher et que tous ceux qui fument font une énorme avéra aussi importante que de manger de la viande non-casher, pensez-vous vraiment que les fumeurs actuels, intoxiqués au dernier degré porteront leur faute, ou bien cette faute reviendrait à ceux qui, n'ayant pas conscience du degré d'addiction chez certains fumeurs ont proclamé une loi sans prendre conscience des difficultés énorme que vont rencontrer une certaine catégorie de personne dans sa mise en application ?
Ceux qui ont fait ces lois, n'ont-ils pas pensé une seule seconde dans quelles genres de situations allaient-ils mettre de nombreux juifs de diaspora ?

Merci et je vous souhaite très sincèrement de très bonnes fêtes.

Jacques Kohn z''l
Mardi 28 septembre 2010 - 09:59

Je vous remercie de vos remarques, avec lesquelles je suis cependant en total désaccord.

Le judaïsme se refuse à tout accommodement avec le Ciel, et il n’est pas permis au Juif de tenter de transiger sur les exigences qu’impose sa pratique.

Libre à chacun d’organiser sa vie religieuse comme il l’entend, mais il le fait sous son entière et seule responsabilité.

Pour reprendre votre exemple de la cigarette, il est beaucoup de rabbins qui recommandent de s’en abstenir. Il n’est cependant d’interdiction que pendant Chabbath, et c’est pure spéculation que d’imaginer que l’un d’eux pourrait aller jusqu’à prétendre qu’elle n’est pas cachère les six autres jours de la semaine.

Y.G
Lundi 27 septembre 2010 - 23:00

Suite à 53818

Avec la permission de M. Kohn et des autres Rabbanim, je voudrais réagir à la question des deux jours posée par un cheelanaute:

Il y a une discussion dans le Talmud sur le nombre de jours de Yom Tov à observer en Diaspora. A l’origine, la différence entre Eretz-Israël et les autres endroits était causée par le mode d’observation de la Lune et le temps que pouvaient mettre les messagers qui partaient d’Eretz en Diaspora pour annoncer la nouvelle lune (Roch ‘Hodesh).

Dès que l’apparition du calendrier de l’amora Hillel HaNassi vit le jour, il n’y a plus eu d’incertitudes par rapport à la date de Rosh ‘Hodesh. Pourtant les Sages décidèrent de conserver les deux jours en Diaspora par crainte que le mode de calcul des dates ne se perde si une autorité de Diaspora interdisait l’étude de la Torah (Betsa 4b, Rachi).

En décidant de cette mesure, les Sages ont eu une vision large, une perception historique lointaine. Ils ont prévu la possibilité que les érudits ne maîtrisent plus les calculs relatifs au cycle lunaire. Leurs calculs imprécis auraient alors pour conséquence de fixer l’observance de Yom Tov à une fausse date, ce qui aurait entraîner des transgressions de la Torah importantes.

Vous pouvez demander si cette raison est encore valable de nos jours. Vous pouvez vous interroger sur la possibilité de revenir sur des décrets ou des décisions rabbiniques lorsque les raisons de base disparaissent. C’est tout un monde et les questions sont légitimes.
Par contre, vous ne pouvez accuser les Sages de vous pousser à la faute alors que leur intention première en émettant cette décision était de préserver le kaal de transgressions min haTorah en cas de grosses persécutions non-juives.

Alors bon courage pour observer ce deuxième jour de Yom Tov. Personne n’a dit que c’était facile. Personne n’a dit que c’était impossible non plus.

Jacques Kohn z''l
Mardi 28 septembre 2010 - 15:01

Je vous remercie de vos remarques.

T@PµZ
Lundi 27 septembre 2010 - 23:00

Bonjour.
Juste pour réagir à Ronchonou, à sa question 53811.
Il est bien d'avoir tenté d'obtenir les deux jours. Si un seul a été accordé, c'est déjà pas mal.
Ensuite rien n'empêche d'avoir un "empêchement" pour l'autre jour. Sachant qu'aucun justificatif n'est à fournir à son employeur vis à vis de la loi en dessous de 2 jours. Il suffit de programmer son mailer, pour qu'il envoie un e-mail avec recommandé pour prévenir à temps, et le tour est joué... Enfin, il me semble.
Sinon, c'est juste qu'il manquait une bonne raison pour ne pas s'absenter le deuxième jour. Attention, je dis cela sans malice. Je respecte autant un point de vue que l'autre dès lors qu'il est clairement identifié. Par exemple, je me poserais la question de savoir si, si le Président de la République (ou une vedette connue, ou quelqu'un de très cher...) me demandait de venir demain d'urgence pour affaire importante. Que ferais-je? Ne trouverais-je pas une solution? Le Maître du monde ne mérite-t-il pas au moins autant d'égard?
Je ne cherche encore une fois pas à être moralisateur, je suis bien le dernier à être en droit de le faire. Mais juste qu'on ne critique pas 'hazal, dont on ne soupçonne pas, à notre humble niveau, la clairvoyance qu'ils avaient, et le sens des responsabilités qui les animaient tous.
Bonnes fêtes à tous, et que tous ceux qui sont dans le cas de Ronchonou trouve une solution entière.

Jacques Kohn z''l
Mardi 28 septembre 2010 - 15:17

Je vous remercie de vos remarques.

ronchonou
Mardi 28 septembre 2010 - 23:00

Merci beaucoup Rav Kohn d’avoir répondu à ma question 53818 et merci aussi aux cheelenautes d’avoir réagit.

J’aimerai citer une de vos phrase dans votre réponse :
« Le judaïsme se refuse à tout accommodement avec le Ciel, et il n’est pas permis au Juif de tenter de transiger sur les exigences qu’impose sa pratique. »

Dans la Torah, ce que nous demande Hachem dans les textes relatifs à la fête de Souccoth est un jour chômé le 1er jour ainsi qu’un jour chômé le 7ème jour.
Pour reprendre la traduction du rabbinat, les jours chômés sont appelés « convocation sainte », que nous appelons tous aujourd’hui « yom tov ».

L’accommodement avec le ciel serait par exemple, de choisir soi-même son jour de Yom Tov car le 1er ou le 7ème jour ne nous convient pas.

En ce qui concerne les 2 jours de Yom Tov, reconnaissez qu’il ne s’agit pas d’une demande d’en haut.

Pour remettre une chose au clair, je ne remets pas en cause une seule seconde les raisons qui ont poussés nos sages à prendre une telle décision qui a été sûrement motivée par le contexte historique, géographique et social.

Ce ne sont pas aux sages de l’époque du Talmud à qui ma remarque s’adresse mais bien au rabbinat actuel.

Les sages du talmud ont su, en leur temps se poser les questions qu’il fallait en fonction de leur époque et du contexte dans lequel ils vivaient et prendre les décisions qui s’imposaient.

Aujourd’hui, beaucoup de choses restent figés et à mon humble avis, il faudrait aussi que les rabbanims de notre époque se montrent plus courageux et prennent en considération le contexte actuel comme les sages du talmud ont pris le leur.

Certains problèmes liés à une ancienne époque ne se posent plus aujourd’hui et à mon avis, si ces sages vivraient aujourd’hui à nos côtés, les choses auraient sûrement changé.

Bon promis, je ne vous embêterai plus sur ce sujet, tel que le montre mon pseudo, je suis parfois un peu ronchon, surtout quand les goyim nous imposent leur loi.

Je vous souhaite de bonnes fêtes et en espérant que nos prières pour la pluie rempliront Erets Israël en millions de mètres cubes d’eau.

Jacques Kohn z''l
Mercredi 29 septembre 2010 - 05:19

Je vous remercie de vos remarques, lesquelles appellent deux observations de ma part :

1. Le judaïsme dit « rabbinique » auquel nous appartenons vous et moi se distingue d’autres formes de mosaïsme comme le karaïsme, qui est fondé sur la seule lettre de la Tora, en ce qu’il attribue une égale valeur obligatoire aux prescriptions de la Tora écrite et à celles des rabbins qui ont légiféré à travers les âges.

2. Il n’appartient ni à vous ni à moi de tenir ces prescriptions rabbiniques pour caducques, même si certaines peuvent parfois nous paraître désuètes. On peut espérer que l’ère messianique nous fera assister à un réexamen de ces prescriptions, mais sans que nous puissions en prendre nous-mêmes les devants à notre guise.