Conversation 55316 - Reparer un piano chabbat
Bonjour,
Pour quelle raison ne peut-on pas jouer d'un instrument comme le piano le jour du Chabbath, alors qu'il nous serait impossible de le "réparer" (de le ré-accorder, par exemple) au cas où cela s'avérerait nécessaire ? Une telle réparation nécessiterait une expertise que la quasi-totalité des pianistes n'ont pas, au contraire des guitaristes, par exemple.
Merci
PS : j'avais lu que tossefot évoquait la question, mais je n'ai jamais pu accéder à la réponse.
Le principe des decrets des sages est que peu importe si je risque de transgresser l'interdiction de la torah, a partir du moment ou ils ont decreter l'interdiction, je n'ai plus le droit de le faire, comme tout le monde.
De plus, dans le cas d'instruments de musique, sans etre specialiste, on risque de faire de petites reparations [resserrer une vis ou retablir un morceau qui s'est libere, etc.] qui sont un interdit de la torah.
kol touv.
55316
Concernant un piano, je vous assure que ce risque de réparation n'existe pas dès lors que vous n'avez pas les compétences pour le faire (ce qui est le cas de l'immense majorité des pianistes professionnels et amateurs ; "accordeur" constitue un métier en soi).
"si je risque de transgresser l'interdiction de la torah, a partir du moment ou ils ont decreter l'interdiction..."
Ce risque n'ayant réellement pas lieu d'être considéré comme tel pour le piano, peut-on s'exclure, en tant que pianiste (amateur...) de cette interdiction ?
L'interdit ("ne pas jouer d'instrument") me concerne, mais sa justification explicitée me donne l'impression d'y être finalement extérieur.
Merci
Il n'y a pas de derogation aux decrets des sages, meme si personne n'est capable de reparer ce piano [ce qui est evidemment inexacte].
55527
PS : connaîtriez-vous la réponse de Tossefot sur ce point qu'ils auraient soulevé ?
Les tossafot sur Betza 30a ont permis de danser ou frapper des mains le shabbat, car cela n'avait ete interdit que parce que cela pouvait ammener a utiliser et reparer des instruments de musique, et du fait que ce risque est tres faible de nos jours, on pourra permettre de danser ou frapper des mains le shabbat [voir Beit Yossef chap.339, 3].
Mais l'interdiction de jouer d'un instrument est restee en vigueur, sans exception.
kol touv.
55528
Merci pour vos réponses.
Mais enfin, si la dérogation des tossafot pour la danse et le fait de frapper des mains trouve une justification identique à celle dont je vous fais part me concernant (pas de risque de réparer un instrument), je vois là un problème.
"Il n'y a pas de dérogation aux décrets des sages..." : que dire de la possible évolution de la Halakha à des situations n'entrant pas dans son cadre ? Ignorait-on peut-être que l'on en viendrait à jouer d'instrument que nombre de musiciens ne sauraient réparer par eux-mêmes ?
Enfin, je reste là avec une difficulté.
danser ou frapper des mains le shabbat n'avait ete interdit que parce que cela pouvait ammener a utiliser des instruments de musique, et etait donc une sorte de "gezera legezera" - un decret visant a empecher de transgresser un autre decret et pas un interdit de la toarh.
C'est pour cela que les tossafot pensent qu'il est possible de ne pas en tenir compte.
Par contre, le decret de ne pas jouer d'un instrument de musique est sans appel.
kol touv.
55559
Merci pour votre réponse, désolé d'insister, mais je reste avec une question :
"Par contre, le decret de ne pas jouer d'un instrument de musique est sans appel."
Est-il justifié par "de peur qu'on en vienne à le réparer" ?
Merci
Par principe, un decret des sages ne peut etre annulé ni changé.
55667
C'est-à-dire que nous leur prêtons systématiquement des considérations dépassant le contexte de leur interdit (d'ordre mystique par exemple) ?
La mystique n'a rien à voir avec la halakha, et c'est un principe halakhique de ne pas changer ni annuler un décret des sages.
56004
Merci pour votre réponse.
Sur quoi se fonde ce principe ?
voyez les hilkhot mamrim du Ramba'm [chap. 2].
kol touv.