Conversation 56807 - L’orgue synagogal
Bonjour,
J'ai eu la chance de visiter récemment la grande synagogue de Budapest, qui est splendide, et je me pose une petite question à son sujet. Pardon par avance si la réponse est évidente, mais je suis catholique.
Cette synagogue a été commandée à un architecte catholique, et ressemble beaucoup à une église: on y trouve une chaire (qui n'est pas utilisée) et surtout un orgue. La guide nous a expliqué que comme il est interdit à un juif de jouer de la musique pendant chabbat, c'est un non-juif qui joue à ce moment là. Ecouter sa musique est alors possible "pour le plaisir de l'âme" (sic).
Hors je croyais qu'il était interdit de demander à un non-juif de réaliser un travail pendant chabbath à la place d'un juif. Qu'est-ce que je n'ai pas compris dans cette histoire?
Merci par avance pour votre réponse
L’orgue synagogal a constitué l’une des pommes de discorde qui ont opposé le judaïsme libéral (ou réformé) au judaïsme de stricte observance, et qui ont conduit à la formation par celui-ci de communautés séparées.
Ce conflit, qui a opposé essentiellement les communautés d’Europe centrale, a moins touché le judaïsme français, et l’on peut dire aujourd’hui que plus aucune des synagogues de l’Hexagone ne fait accompagner les prières par de la musique instrumentale.
Il en est certes quelques-unes qui ont conservé un orgue dans leurs structures, mais il n’est utilisé que pour les cérémonies non cultuelles, parfois aussi pour accompagner des mariages.
Je rappellerai ici une phrase que l’on a attribuée à l’écrivain chrétien Georges Duhamel : Il disait ne pas aimer l’orgue dans les églises car il lui donnait l’impression de vouloir prier à sa place.
56807
"Je rappellerai ici une phrase que l’on a attribuée à l’écrivain chrétien Georges Duhamel : Il disait ne pas aimer l’orgue dans les églises car il lui donnait l’impression de vouloir prier à sa place."
Qu'y aurait-il de mal à ce que l'orgue soit l'asymptote de notre ferveur en + l'infini ?
Il est vrai que l’orgue s’adresse à nos sentiments et à notre émotivité, mais sans les assouvir.
chalom haravanim
ceci n'est pas une question, mais en réponse à la question N°57147 je voudrais préciser ceci :
un orgue (la musique) n'est pas "l'asymptote de notre ferveur en +l'infini"...
La musique est emplie d'émotions, de sentiments, parfois de ferveur, mais il s'agit toujours de celles et ceux d'autrui... ce sont des émotions que l'on reçoit, non des émotions que l'on ressent.
Je pense en ce sens qu'il est faux de croire que parce qu'on ressent les émotions ou la ferveur que quelqu'un d'autre exprime nous sommes plus près de la vrai ferveur ou du vrai ressenti émotionnel...
Selon moi (je n'ai aucune source rabbinique ni même ne suis un bon pratiquant), si les prières se chantent, ce n'est pas pour être écoutées chantées, c'est pour être mieux ressenties par la personne qui les émet...
Si jouer de la musique est fort émotionnellement et permet d'exprimer au mieux sa ferveur, en écouter n'est qu'une illusion... on perçoit ce que l'autre ressent, on ne ressent rien soit même (ça ne participe donc aucunement à une quelconque élévation)
Je vous remercie de cette contribution.