Conversation 62601 - Abolition de la polygamie et de l'esclavage
Shalom!
1. J'ai une petite question liée à la polygamie. Dans la Bible il y a des hommes mariés à plusieurs femmes et aussi des hommes qui fasaient des enfants avec les servantes de leurs femmes. Ma question est: depuis quand la polygamie et tels comportements ne sont plus permis et pourquoi? A Dieu changé d'avis sur le sujet ou bien il y a d'autres raisons?
2. Et une question similaire: dans la Bible il y a des lois pour les esclaves detenus par les juifs comme si l'esclavage était quelque chose de normal aux yeux de Dieu. Depuis quand et pourquoi l'esclavage a été aboli chez les juifs? A Dieu changé d'avis ou il y a bien d'autres raisons?
Je vous remercie pour les réponses!
Que Dieu vous benisse!
Adriana.
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Shalom Ouvrakha,
1. Concernant la polygamie, de nombreuses réponses ont été données sur le site (15562 ,33843,50522 et bien d’autres, faites marcher le moteur de recherche).
En deux mots, la polygamie est interdite pour les ashkenazes depuis les édits de Rabbeinou Gershom qui datent du 11e siècle. Bien que n’ayant pas force de loi pour le Monde Séfarade, cet usage n’est de fait, plus d’actualité dans la grande majorité de ces communautés.
Je pense que vous faites allusion entre autres au récit de nos Patriarches : en effet, Abraham et Jacob ont eu plusieurs femmes parmi elles des servantes. Si l’on analyse les faits, force est de constater que dans aucun des cas, cela provenait d’un choix délibéré: Abraham fut marié pendant de nombreuses années avec Sarah et ce n’est seulement qu’après que Sarah elle-même lui proposa Agar pour lui donner une descendance qu’il eut à épouser une autre femme. Concernant Jacob, son intention était d’épouser seulement Rachel mais c’est la ruse de Laban qui le contraint a prendre Léa également pour épouse. Nous devons donc comprendre que bien que la Torah permette la polygamie, elle ne l’encourage pas pour autant. Bien au contraire, Isaac qui n’a eu qu’une seule femme est loué par nos Sages et c’est l’une des raisons qui lui ont valut l’attribut de ‘Ola Temima, (offrande entièrement consacrée au service de D.) [cf. Bereshit Raba 64-3].
2. A propos de l’esclavage, une question similaire à la votre a été posée au Rav A.I Kook. La réponse est rapportée dans ses lettres [Igrot HaReaia Tome 1 Lettre 89]. Elle est développée et comporte plusieurs points, je ne ramènerais ici que le premier : l’esclavage dans son sens le plus large, est un fait de société : les riches dominent les pauvres et louent leur service afin d’agrandir leur fortune, en leur octroyant un salaire en échange du travail fourni. Par exemple, au début du 20e siècle ,les mineurs qui travaillaient dans des mines de charbon n’avaient aucune protection et c’était dans l’intérêt économique de leur patron dénué de tout sentiment moral de ne pas améliorer les conditions de travail de ses ouvriers, chose qui pouvait causer jusqu'à la mort de quelque mineur. Dans ce cas, le patron n’avait qu’à le remplacer par un autre pour le même salaire. La Torah, en imposant le statut d’esclave comme étant l’acquisition financière de son maitre, vise en cela a ce que le maitre fasse tout ce qui est en son pouvoir pour prendre soin de son bien « mobilier » et de lui fournir tous les besoins nécessaires a son rendement et son état de sante.
Bien qu’éternelle, la Torah a été donnée a une époque et dans un contexte bien particulier et ce qui était d’actualité il y a 3000 ans pourrait moins l’être de nos jours. Donc, pour répondre a vos deux questions, D. n’a pas change d’avis. Le pouvoir de nos Sages est de comprendre l’état d’esprit dans lequel les lois de la Torah ont été données par D. et de les adapter a chaque époque sans pour autant enfreindre ou annuler le moindre commandement.
Moadim Lesim’ha.
Shalom,
Merci pour votre réponse à la question 62601.
Ce que je vois est que vous avez trouvé des excuses à la polygamie et au ésclavage pour justifier leurs existence dans Torah.
L'esclavage d'aujourd'hui de type patron-ouvrier c'est une autre injustice qui ne peut pas justifier, par son existence d'aujourd'hui, une injustice du passé, elle montre simplement que les gens sont injustes maintenant comme ils étaient le temps du Torah. Ce qu'un patron d'aujourd'hui ne peut faire quand même avec ses esclaves ouvriers, pas d'une façon légale du moins, c'est d'épouser forcé les femmes qui travaillent pour lui ou les filles de ses "esclaves" ouvriers. Quelle justification pouvez vous trouver dans le fait d'épouser une esclave pour avoir une descendence? Comme si un patron marié d'aujourd'hui épouserait une de ses ouvrières, forcé par sa femme, pour avoir des enfants, et l'ouvrière ne peut s'opposer bien-entendu si on respecte la Torah! Et elle n'est pas, non plus, une épouse sur le même plan avec la patrone, bien-entendu! Une telle injustice ne peut jamais venir de Dieu, n'importe les excuses que vous lui trouvez! Les hommes sont faibles et font des erreurs, mais les erreurs ne vienent pas de Dieu, n'importe si elles sont raccontées dans un livre sacré ou non. Quand Dieu veut donner une descendence à un homme, Il lui donne la bonne femme pour lui et il n'a qu'à attendre qu'elle reste enceinte! Rien ne justifie le manque de foi de sa part ou de la part de sa femme, et d'autant plus un homme ne peut avoir aucune justification d'avoir écouter sa femme pour faire une injustice! Et pourquoi une femme serait si soucieuse de forcer son mari avoir une descendence quand lui même n'est pas pressé? Ou pourquoi un père être pressé marier injustement une fille? C'est bien ici le problème, parce que les femmes n'étaient pas aimées par les hommes pour elles mêmes, elles étaient aimées par leurs époux pour la descendance qu'elles pouvaient leur donner, comme si elles étaient une simple marchandise qu'on aime seulement si la marchandise est bonne, si elle donne le fruit pour lequel on l'a acheté. La femme passait simplement de la main de son père dans la main de son mari ou son patron/patronne selon le cas, une simple marchandise. Et alors même celles qui étaient vraiment aimées on les voit tourmentées par l'idée qu'on réalité elles n'étaient pas du tout aimées si elle ne donnaient une descendence suffisante à l'homme! Et l'homme, qu'est qu'il fait? À la place de les rassurer, il fait le contraire, va dans le sense de leur doute en couchant avec ses serviteurs! Ça les arrangaient sans doute! C'est bien ça le problème, ce manque d'amour qui existait envers la femme et qui ne pouvait pas venir de Dieu!
Et en revenant, un ouvrier est libre s'en aller sans aucune permission de la part de son patron, est libre de changer son statut etc. C'est bien triste que l'esclavage existe encore aujourd'hui dans cette forme cachée de la modernité, mais la différence par rapport à la Torah est que les gens d'aujourd'hui ont le bon sense de ne pas dire qu'une telle injustice venait de Dieu. Vous par contre, à la place de dire que certains aspects de Torah vient des hommes, des hommes qui étaient imparfaits comme tous les hommes, vous faites le contraire, trouvez des excuses pour les injustices en se perssuadant qu'ils étaient moins injustes que celles d'aujourd'hui, mais en même temps, justement parce qu'il s'agit d'injustices vous trouvez des explications pour le fait que quand même ne s'appliquent plus aujourd'hui, qu'on s'adapte aux temps qu'on vit. On s'adapte au quoi si la justice est dans la Torah? Au mal peut-être? On adapte la Torah au mal à la place de corriger le mal selon Torah et instituer ainsi toutes les lois de Torah? C'est comme si on acceptait le meurtre par exemple si jamais la société devenait une société très meurtrière. C'est inacceptable un tel raisonement. Le fait qu'aujourd'hui la polygamie et l'esclavage sont abolis et on lutte pour que cette abolition reste, est parce que ils n'étaient pas bons, et tout ce que n'est pas bon ne peut venir de Dieu mais des hommes seuls. Mais comme l'homme n'aime pas écouter Dieu, il se retourne toujours vers des formes modernes, de son temps, des mêmes injustices: l'esclavage modern patron-ouvrier, la polygamie moderne marriage-divorce-marriage-divorce etc.
Soyez bénit!
Adriana.
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Chalom Ouvrakha,
La Torah a été donnée par D., donc on se doit de supposer que tout ce qu'il est y écrit "a reçu la bénédiction" de son auteur. En d'autres termes, il est vrai que la Torah ait été donnée dans un contexte bien particulier et que la formulation des lois qui la régissent adopte le contexte historique de l’époque. C'est la raison pour laquelle la Loi Orale nos a été donnée pour que les Rabbins au travers de l'Histoire puissent adapter ces lois au contexte historique et social auquel ils sont confrontes.
Cependant, les lois de la Torah, telles qu'elles apparaissent dans le texte sont ce qu'il y a de plus moral par rapport a l’état d'esprit de l’époque. Il faut bien comprendre que le meilleur sort souhaite par la servante elle-même soit d’épouser son maître, chose qui lui assurerait stabilité, famille et sécurité financière. Un autre cas similaire que vous n'avez pas rapporte est celui de la femme violée qui peut contraindre son agresseur a l’épouser sans possibilité de divorcer. Ce cas de figure qui nous parait aujourd'hui des plus surréalistes (quelle femme serait prête a ne serait -ce qu'avoir un échange verbal avec celui qui aurait détruit sa vie) est tout a fait concevable a cette époque pour les raisons évoquées. plus haut.
Donc, une fois de plus , l'Homme a ses faiblesses qu'il doit surmonter en faisant preuve de moralité. La Torah vient parfaire cette moralite et vient lui donner une sorte de tampon divin.
Bivrakha.