Conversation 69358 - Orthodoxe supra-orthodoxe ou archi-orthodoxe?

Chalom,

1. On distingue 4 courants principaux concernant la conception de l’Etat d’Israel:

a. Le Rav Yoel Moche Taitelbaum, Rabbi de Satmar : selon son approche, développée dans sa brochure intitulée « Vayoel Moche », il est strictement interdit de monter en Israël en nombre , à plus forte raison de fonder un Etat avant l’arrivée du Machia’h. La raison principale de cette argumentation est un texte du traité de Ketoubot selon lequel D. aurait fait prêter serment au peuple juif de ne pas se rebeller contre les nations et les irriter en retournant a Sion avant que D. lui-même ne le fasse de manière miraculeuse à la fin des temps.
Il explique que la création de l’Etat d’Israël est le fruit de l’action du Satan et qu’il faut donc tout faire pour qu’il ne perdure pas. Selon cette approche, il est préférable que des laïcs aient eu l’initiative de cette entreprise et non des juifs religieux, respectant la loi juive, du fait de son caractère interdit.

b. Le mouvement Agoudat Israël, aujourd’hui les ‘Harédim dans leur majorité : il n’y a pas d’interdiction de monter en nombre ou de créer un Etat juif en Israël mais il n’y a pas non plus d’obligation/mitsva. Du fait qu’il ait été créé par des laïcs, ils ont une certaine réticence à participer à son bon fonctionnement et sont préoccupés a "limiter les dégâts" en se concentrant sur le développement interne de leur propre communauté à travers l’obtention de budgets et d’instituts pour renforcer le Monde de la Torah et des Yéchivot. Il est évident que si l’Etat était dirigé par des religieux et régit par les lois de la Torah, ils s’empresseraient d’y prendre une part active dans sa construction et son développement.

c. Le Mizrahi : l’Etat d’Israël est un cadeau fait par D. à son peuple contre tous les maux de la Diaspora : extermination physique, assimilation, expulsions etc… Il faut donc, de manière pragmatique, participer à sa construction, son essor et éviter à tout prix qu’il ne disparaisse, peu importe qui se trouve à sa tête et le caractère laïc qu’il revêt. Evidemment, en tant que juifs religieux, il ne faut manquer aucune occasion de pouvoir influer dans ce sens en insufflant un vent de Torah dans tous les institutions qui le composent : armée, éducation, politique etc… mais en attendant, cela ne remet en aucun cas en cause son importance capitale dans la survie du peuple juif.

d. Le Rav Kook zats »l : il écrit dans son œuvre principale , Orot, que "l 'Etat d’Israël est le socle sur lequel repose le siège céleste dans le Monde". Il voit en lui l’accomplissement de la parole des prophètes en le retour du peuple juif sur sa Terre en tant que souverain. Plus encore, il y a en cela un processus métaphysique amorçant le début de la rédemption finale censée amener à la perfection du Monde et des nations.

De manière générale, on a tendance a associer les 2 premières approches (a et b) ensemble, de par leur réticence au phénomène et les 2 dernières (c et d) du fait de leur soutien à ce dernier. Cependant, on peut concevoir les choses d’une manière différente : si les deux du milieu sont simplement pragmatiques, les deux extrêmes le considèrent comme un fait spirituel, métaphysique auquel une main suprême participe.

2. Les personnes responsables de trancher la Halakha sont les rabbins et non les membres du courant auxquels ils appartiennent. A ce niveau-la, il est difficile de généraliser. Par exemple, le Rav Ovadia Yossef zats"l, bien qu’appartenant au courant Harédi a tendance à chercher la souplesse lorsqu ‘il doit trancher une halakha. A l’inverse, le Rav Mordekhai Eliahou, plus affiliée au courant sioniste religieux est généralement plus sévère.
Au sein du public concerné également, on ne peut pas donner une réponse franche ; s’il est sur que les Harédim dans leur ensemble sont beaucoup plus pointilleux sur les règles de Cacherout par exemple, les sionistes religieux mettent l’accent sur les relations avec le prochain, l’importance du travail dans la vie du juif sans parler de leur dévotion au à la défense d’Israël par leur service dans Tsahal.

3. Contrairement aux mouvements libéral, réformiste et conservatif, les deux font partie de l’orthodoxie juive du fait que le Talmud et le Choulhan Aroukh sont leurs références immuables dans la décision halakhique.

4. Vous trouverez la réponse dans ce que j’ai écrit précédemment. Par soucis de se préserver mais aussi par idéal que seule la Torah a une véritable valeur et que le monde matériel n'en a aucune mais n'est qu'un moyen donc moins ils s’y mêlent mieux ils se portent.

5. Je ne sais pas vraiment quoi vous répondre. Je pense qu’il faut que vous écoutiez ce qui se dit et se fait dans les deux courants et adopter celui qui vous semble le plus vrai et qui vous correspond mieux. Il faut choisir le courant qui vous parle le plus non seulement sur le plan intuitif (chorech nechama) mais aussi et surtout sur le plan toranique . Il vous faut éclaircir et étudier au maximum pour vous faire une idée d'ou se trouve la vérité. Mais il n'y a pas d'énormes différences, c’est après tout la même Torah et le même Choulhan Aroukh. Je pense que tout est une question d’approche : je connais certains « Harédim » qui vivent et s’habillent comme n’importe quel autre Harédi et qui ont fait l’armée et ont un regard plus que positif sur l’Etat d’Israël.

6. Vivant en France, il est vrai que ces différences sont moins visibles. Cependant, tout est question d’approche.

7. Dans le courant Harédi ; Rav Steinman,Levkovich, Elyachiv Orbach.
Sioniste : Rav Dov Lior, Aviner, Shapira, Mordechai Eliaou ,Schmouel Eliahou.
La liste est loin d’être exhaustive.

Le mieux est d’avoir un Rav qui vous connait et avec qui vous vous sentez le plus a l’aise et d’en faire votre Rav. Sinon, nous sommes la pour ça.

Bivrakha.

On n´oublie rien de rien
On n´oublie rien du tout
On n´oublie rien de rien
On s´habitue c´est tout

Ni ces départs, ni ces navires
Ni ces voyages qui nous chavirent
De paysages en paysages
Et de visages en visages
Ni tous ces ports, ni tous ces bars
Ni tous ces attrape-cafard
Où l´on attend le matin gris
Au cinéma de son whisky
Ni tout cela, ni rien au monde
Ne sait pas nous faire oublier
Ne peut pas nous faire oublier
Qu´aussi vrai que la Terre est ronde.

On n´oublie rien de rien
On n´oublie rien du tout
On n´oublie rien de rien
On s´habitue c´est tout

Chalom,

Il y a un mouvement qui s’appelle "Pagui' (Po'ale Agoudat Israel) qui prône l’étude de la Torah tout en exerçant un métier. L'approche du Rav Shimshon Refael Hirch y ressemble.