Conversation 70577 - Enrôlement à l'armée des étudiants en Yéchiva

Davidisaac95
Mercredi 24 juillet 2013 - 23:00

Chalom Rav,
j'aimerais que vous réagissez a cette article et que vous en donnez votre opinion: http://www.leava.fr/blog/index.php/2013/07/25/536
Merci beaucoup

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Nathaniel Zerbib
Vendredi 16 août 2013 - 06:41

Chalom Ouvrakha,

La question a été traitée de manière très détaillée et quasi-prophétique par notre maître le Rav Moche Botchko zats"l dont les propos ont été rapportes dans la question Etudier ou aller à l’armée (62942) que je vous invite vivement à consulter.

Néanmoins, j'aimerais apporter au phénomène qui voit les 'haredim (dans leur majorité) ne pas s'engager dans l’armée une interprétation d'ordre plus sociologique qu'halakhique qui révèle une certaine incohérence dans leur approche.

Tout d'abord, beaucoup prétendent ouvertement (l'article y fait également allusion) , que seule la Torah nous protège et que si la société dans son ensemble ne faisait qu' étudier, il n'y aurait pas besoin d’armée. Hormis le fait que cette position va à l'encontre des fondements du judaïsme et de la Torah écrite et orale qui exigent de l'Homme de faire tout ce qui est en son possible et d'agir pour éviter tout dommage, qu'il soit d'ordre matériel, sanitaire, ou spirituel (Avraham avait une armée, Moche avait une armée, David avait une armée et en aucun cas nous voyons que ces personnages (et bien d'autres encore) ont cru un instant que seul l’étude pouvait les protéger, pas même le grand Moche Rabeinou qui avait une certaine notion de ce que représente l’étude de la Torah), ils se comportent différemment dans tous les autres domaines de la vie. Ainsi, lorsqu'il y a risque de transgression du Chabbat ou de profanation d'ossements pour pouvoir construire, ils sortent de la Yechiva afin de manifester et littéralement sortir en guerre dans le but d'aller a l'encontre d'une telle menace et de l'annuler. Selon leur vision des choses, pourquoi remuer ciel et terre pour obtenir quelque chose alors que seule l’étude et la prière sont censées nous sortir de tous les dangers? Cela me rappelle une affiche dont on m'a fait part de l'existence à l’époque ou une vague très difficile d'attentats s’abattait sur Israël au début des années 2000. L'affiche était une invitation à un rassemblement pour prier au tombeau des Patriarches à 'Hevron ; dans l'invitation on trouvait des expressions tirées du Talmud comme "Notre force ne se trouve que dans notre bouche (c'est a dire la prière)" ou "On ne peut se reposer que sur Notre Père qui est aux cieux" et autres du même genre. Au bas de l'affiche, était inscrit en caractères gras : "L’événement est entièrement sécurisé par les forces de Tsahal". Je pense que cela se passe de commentaires.

D'autre part, ils prétendent dur comme fer que tout celui qui n’étudie pas à le devoir de s'engager. S'il en était ainsi, les dirigeants politiques et rabbiniques devraient avoir une attitude complètement différente face aux propositions de les enrôler dans l’armée. On aurait du s'attendre à une vive coopération entre ces dirigeants et les membres du gouvernement afin d'essayer de trouver des solutions logiques et acceptables à ce phénomène qui aurait pu être tout aussi profitable aux yechivot elles-mêmes, selon leur façon de penser,de voir des étudiants non-sérieux, voire perturbateurs, sortir des rangs du Beth-Amidrash afin de n'y laisser que les assidus, acte enclin à relever le niveau et l'ambiance du lieu d’étude. Le fait que cela ne se produise pas révèle ce que le Rav Moche Botchko zats"l fait remarquer ; l’armée, comme tous les domaines de la vie extra-Beth Amidrach sont considérés comme profanes et il faut s'efforcer de s'en éloigner au maximum. D'ailleurs, le fait que les 'Haredim qui s’enrôlent sont considérés comme ayant moins de valeur, chose qui dans le "meilleur" des cas, leur vaut de pouvoir obtenir un moins bon chidoukh (toujours selon leur vision des choses, selon quel critère peut-on le définir, c'est une autre question à part entière...) et dans le pire de recevoir des injures verbales voire physiques qui peuvent aller jusqu’à l'exclusion ou le reniement dans les communautés desquelles ils sont issus, illustre bien cette approche.

Par ailleurs, dans le processus qui a amené la société israélienne à prôner "l’enrôlement pour tous", le principal argument était qu'il est anormal qu'une partie de la société ne participe pas à l'effort national et soit dispensée des trois années que chaque jeune consacre au service de son pays. Dans ce cadre-la, certains proposent un service civil, communautaire, dans lequel le jeune 'haredi ferait du "volontariat" dans des instituts comme les pompiers, des hôpitaux, ou des écoles, comme substitut au service militaire et compromis plus acceptable par "le Monde des Yechivot".
Bien que je n'ai rien contre l'argument de solidarité qui est un principe fondamental au sein du peuple juif, ni contre ce service civil, d'une importance non-négligeable, je pose la question : est-ce que le service dans l’armée d’Israël ne peut être réduit qu'à cette échelle? N'est-ce pas une mitsva bien plus grande?
Premièrement, tout soldat de l’armée d’Israël protège, directement ou non, des centaines de milliers de vies à chaque instant. Nos sages ne nous ont-ils pas enseigné (Sanhedrin 4b) : "Tout celui qui sauve une âme d’Israël est considéré comme s'il avait sauve le Monde entier", à plus forte raison lorsqu'il s'agit de l'ensemble du peuple reposant sur sa Terre.
D'autre part, Tsahal est le moyen de conquérir (ou conserver ce qui l'a déjà été) la Terre d’Israël, qui, selon Nahmanide constitue un commandement positif de la Torah (Ommisions au Sefer Hamitsvot, Mitsva 4) : " Nous avons le devoir de conquérir la Terre qui a été donnée à nos Patriarches Avraham, Its'hak et Yaacov et de ne pas l'abandonner aux mains des nations (...) comme il est écrit : "Vous prendrez possession du pays, et vous vous y établirez; car je vous ai donné le pays, pour qu'il soit votre propriété" (Bamidbar 33,53) ".
Tsahal est donc l'instrument permettant l'accomplissement des paroles de la Torah et des prophètes et la promesse de D. faite à Avraham de lui donner la Terre afin de fonder un Etat qui sera source de bénédiction pour toutes les nations, ultime mission du peuple juif dans ce Monde.
A la lumière de ce qui a été écrit précédemment, ce serait dommage de sortir de la Yechiva et ne pas prendre part à cette énorme mitsva qu'est le service militaire dans Tsahal pour préférer consacrer ce temps à des causes communautaires, aussi importantes soient-elles.
En se penchant de manière honnête et approfondie sur les textes de notre Torah, nous ne pouvons pas voir en l'occasion de servir dans cette armée autrement qu'un mérite (et non un fardeau, comme beaucoup le pensent a tord dans les deux "camps") que D. nous octroie et pour lequel nos grands-parents et arrières grand-parents ont prie durant des centaines d’années.

Bivrakha.

Max260112
Jeudi 15 août 2013 - 23:00

Bonjour
Suite a la réponse 70577
Selon votre avis il est nécessaire que chaque juif participe au maintien de la terre d'Israel entre la main des juifs.
La chose en soit ne me dérange pas, mais l'étude et l'expansion de la Torah s'en trouverait fortement atteinte
Alors pourquoi ne pas faire son service militaire comme on aurait un travail: un entrainement quotidien physique, tactique, d'usage des armes...durant 3-4h et consacrer le reste de la journée à l'étude sachant que le service est nécessaire mais que l'entrainement pas (j'imagine mal Avraham avinou faire des pompes) car la victoire dépend de D.ieu

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Nathaniel Zerbib
Lundi 26 août 2013 - 04:56

Chalom,

Veuillez trouver la réponse à vos questions dans ma précédente intervention.

La victoire dépend d'abord et avant tout de nos efforts. D. décide de les récompenser ou non. Ainsi qu'il est écrit dans Tehilim (127,1) : "Si D. ne bâtit pas une maison, c'est en vain que peinent ceux qui la construisent; si D. ne garde pas une ville, c’est en vain que la sentinelle veille avec soin" . Donc, si D. bâtit et garde, nos efforts ne sont pas vains et ils ont une valeur.

La volonté de D. est que l'on agisse afin de récolter les fruits de notre labeur. Sinon, il ne nous aurait pas mis dans un Monde qui fonctionne de la sorte. D'autre part, il le dit explicitement à Adam après l'avoir créé (Berechit 1,28).

Donc, sans Tsahal, le peuple n'a aucune chance de survivre aux lourdes et nombreuses menaces qui le guettent. Malheureusement, de trop nombreux exemples dans l'histoire du peuple juif en exil le démontrent.

Je ne comprends pas lorsque vous dites que vous "imaginez mal Avraham Avinou faire des pompes". Je suppose que pour pouvoir sortir en guerre contre 4 rois et les vaincre , il lui fallait se préparer de la meilleure des façons. Si cette préparation doit inclure une séance de pompes, je ne vois aucune raison pour laquelle il l'aurait occulté.

Bivrakha.

benben26
Mardi 20 août 2013 - 23:00

Au sujet de votre réponse à la question : 70577

Chalom Nathaniel,
Il y a une erreur :
Il va de soi que le monde orthodoxe souhaite qu’il y ait une armée, il dit simplement qu’étant une armée juive, il faut qu’il y ait aussi dans cette armée une unité dévouée à la guerre spirituelle, et le critère de la victoire des unités menant la guerre physique de cette armée dépend principalement de la victoire de cette unité dans sa guerre spirituelle.
J’ai bien expliqué cela dans cette réponse.
Le fait que le monde orthodoxe exerce une pression sociale pour empêcher les jeunes orthodoxes d’aller à l’armée est tout à fait normal ; à Tsahal aussi, quand il y a un soldat d’une unité d’élite qui hésite à la quitter, « ils » (les hauts-gradés) lui font aussi subir des pressions pour qu’il n’agisse pas ainsi.
Pour la petite histoire, je me souviens notamment, lorsque j’étais soldat à l’armée, un « nouveau » soldat a été incorporé à l’infirmerie de notre base… il nous a alors raconté qu’il était membre de Sayèret Matkal (les commandos d’état-major la crème de l’élite de Tsahal) et qu’il voulait quitter cette unité, et pour l’en dissuader, l’armée l’a envoyé à l’infirmerie de notre unité, chose extrêmement honteuse pour un soldat de cette envergure…
Si l’armée n’agissait pas ainsi, beaucoup de potentiellement bons soldats quitteraient ces unités et affaibliraient ainsi beaucoup la force de frappe de Tsahal ; il est donc normal que les chefs de l’armée juive (c’est à dire les grands de Torah) fassent tout pour empêcher les élèves des Yéchivot (c'est-à-dire l’unité d’élite de la grande armée d’Israël) de quitter cette unité, chose qui affaiblirait beaucoup la sécurité de notre peuple.
En cela, je pense que toutes les réponses auront été données à l’article que vous m’avez communiqué.
Au revoir,
Rav Ron Chaya

Nathaniel Zerbib
Samedi 24 août 2013 - 21:47

Rav Ron Chaya Chalom Ouvrakha !

Tout d’abord, au nom de toute l’équipe, je tiens à vous dire que c’est à la fois un réel plaisir et un grand honneur de savoir qu’un personnage comme vous, comptant une multitude de mérites en tant qu’enseignant et guide du peuple juif à travers le Monde, nous lit et réagit à ce qu’il s’écrit dans notre site.
Sur un plan plus personnel, me considérant comme tout petit dans mes connaissances en Torah, je me vois flatté de recevoir de vous une réaction à ma réponse.

En ces jours d’Eloul, dans lesquels nous nous devons de prêter particulièrement attention à notre comportement moral vis-à-vis de D. et non moins envers notre prochain, je souhaite préciser, surtout aux yeux de nos lecteurs, qu’à travers notre échange, il n’est nullement question de quelconque conflit d’opinions ou d’intérêts mais que seule la recherche de la vérité, à travers les textes de notre sainte et grande Torah, stimule la discussion et que le respect mutuel entre tous les membres du peuple juif de manière générale se doit d’être omniprésent. C’est dans cet état d’esprit que je conçois ce "débat".

Concernant votre réaction à ma réponse :

Je sais pertinemment que le Monde ‘Harédi (permettez-moi d’employer ce terme plutôt qu’ "orthodoxe" du fait que le courant sioniste religieux fait partie intégrante du monde orthodoxe, à l’opposé du judaïsme conservateur/libéral) dans sa majorité est favorable à l’existence de l’armée. D’ailleurs, dans ma réponse, je m’efforce de peser mes mots afin de ne pas généraliser. Cependant, je maintiens ma position, notamment d’après votre article dans lequel vous décrivez le Monde des Yéchivot comme l’unité d’élite de Tsahal (je reviendrais sur ce point par la suite), qui soutient le fait que le monde ‘Harédi pense que si l’ensemble de la population décidait de "s’enrôler" dans cette unité, il n’y aurait nullement besoin des autres corps d’armée. Je pense que nous nous accordons à dire que si tous les soldats de Tsahal étaient du niveau de Sayeret Matkal , l’armée aurait un bien meilleur niveau qu’elle ne l’a aujourd’hui et gagnerait plus facilement les guerres et combats auxquels elle est confrontée. Donc, selon l’argument qui voit la Yéchiva au sommet de la pyramide militaire, cela ne poserait aucun problème de fermer toutes les autres unités pour ne conserver que celle-là.
De plus, il me semble qu’il existe un consensus au sein du monde ‘Harédi que, sans aucun rapport avec le débat concernant l’armée, si tous les juifs faisaient téchouva et de ce fait, quitteraient tous leurs occupations « profanes » pour ne se consacrer qu’à l’étude de la Torah, le Machia’h viendrait et nous n’auront de ce fait plus besoin d’aucune armée.

Je voudrais à présent approfondir le sujet énoncé ci-dessus.
Je pense que c’est une erreur de penser que le Monde des Yéchivot fait partie intégrante de l’armée d’Israël faisant office d’unité d’élite de cette dernière et que les grands de la Torah en sont ses chefs (je vous cite) et ce, pour deux raisons :
La première est d’ordre purement sociologique : s’il en était vraiment ainsi, il devrait exister une véritable harmonie, ou du moins une vive coopération entre ces deux mondes. Or, il est un fait que le Monde Harédi et ses dirigeants spirituels entretiennent une certaine distance (pour ne pas dire animosité) par rapport à l’armée de manière active ou non. Ce phénomène s’est révélé davantage ces derniers mois, depuis que les discussions sur l’enrôlement des étudiants des yechivot ont débuté, où les termes de « guerre « , « décret », « lutte » et autres sont employés à l’encontre de l’armée quotidiennement . Dans les Yéchivot sionistes, pour lesquelles la « menace » de rallonger la durée du service s’est également fait entendre, aucun discours de la sorte n’a été tenu par leur dirigeants bien qu’étant en désaccord avec cette décision. De plus, rares (je ne dis pas qu’il n’en existe aucune) sont les Yéchivot où la bénédiction pour la paix de l’Etat d’Israël (intimement lié à l’armée) ou celle des soldats est récitée.
Mais la raison principale est plus profonde et s’appuie sur les sources de la Torah. A aucun stade de la vie nationale du peuple juif, seule période où l’existence de l’armée d’Israël était d’actualité (contrairement aux périodes d’exil), cette notion d’ "étudiant en Yéchiva" par rapport au soldat n’a existé. Au contraire, les Talmidé ‘Ha’hamim étaient eux-mêmes les soldats d’élite sur le champ de bataille :

- Dans Devarim Ch.20, la Torah énonce les personnes dispensés de sortir en guerre. Sur les quatre catégories, aucune ne fait mention de celui qui étudie la Torah. Plus encore, une des dispenses concerne celui "qui a peur et dont le cœur est lâche". R’ Yossé Hagelili, dans le traité de Sota 44a, précise qu’il s’agit de celui qui craint les fautes qu’il a commis. Donc, selon cet avis, seuls, ou du moins, tous les Tsadikim sortaient en guerre. De plus, au même endroit dans le Talmud (ibid 44b), le texte précise que ces dispenses n’ont lieu que dans une guerre facultative (comme la conquête au delà des frontières établies par la Torah) mais dans une "guerre de mitsva", qui comprend le fait de porter secours au peuple d’Israël contre toute attaque qui s’abattrait sur lui, tous ont l’obligation de sortir, y compris le jeune marié, à plus forte raison celui étudie à la Yéchiva qui n’est pas exempt de la guerre facultative. Ce texte du Talmud a été tranché comme étant la halakha par le Rambam (H. Melakhim 5,1).

- Dans le livre de Yeochoua (5,14), un envoyé de D. se présente face à Yeochoua avec une épée à la main. Yeochoua comprend qu’il vient lui faire une remontrance. Le traité de Meguila (3,1) explique que la faute de Yeochoua et de son armée était de ne pas avoir étudié la Torah pendant la nuit durant laquelle les combats ne se déroulent pas. Il est donc très clair que ce sont les soldats eux-mêmes qui étudiaient et ils le faisaient sur le champ de bataille. Par ailleurs, Yeochoua, fidèle élève de Moche, duquel il est dit (Chemot 33,11) qu "il ne quittait pas la tente" de la Torah, était lui-même le chef d’Etat Major de l’armée d’Israël et menait ses troupes au combat matériel tout en continuant d’étudier et d’enseigner à ses élèves-soldats.

- David Hamelekh, qui fut à la tête du Sanhedrin, l’auteur du livre des Tehilim était lui-même le chef des armées et a dirigé de nombreuses guerres durant sa vie. D’ailleurs Ribbi Moshe Haim Lutsato dans Messilat Yecharim (Ch. 12 – Nekiout) s’appuyant sur le Midrach Eikha Rabati démontre la suprématie spirituelle de David sur les autres rois dans le fait qu’il partait en guerre sûr de lui ainsi qu’il l’écrit dans Tehilim (18,38) : "Je poursuivrais mes ennemis et les atteindrais et je ne reviendrais qu’après les avoir anéanti'.

- R’ Akiva, sur lequel repose toute la Torah Orale (Sanhedrin 86a), a lui-même envoyé ses élèves afin de combattre dans l’armée de Bar Kokhva, (cf. 68592 et 5411) qu’il considérait comme le Machia’h potentiel,. Le Rambam (H. Melakhim 11,3) va même jusqu'à dire que R’ Akiva en personne portait les armes de Bar Kokhva (bien que cela ne soit pas nécessairement à saisir au sens propre, néanmoins, cela signifie qu’il soutenait activement et de l’intérieur cette armée). D’ailleurs , de ce fait historique, il est clair que le Machia’h lui-même entreprendra des guerres et qu’une armée matérielle sera toujours d’actualité au moment de sa "venue". Le Rambam l’écrit explicitement par la suite (ibid 11,4).

De ces exemples, nous en déduisons que non seulement les étudiants des Yechivot allaient à l’armée mais que ceux qui étaient à la tête de ces Yechivot étaient eux-mêmes les chefs de l’armée qui se trouvaient littéralement sur le front et il n’y a aucune contradiction entre les deux. Je pense que c’est en cela que repose l’essentiel de la controverse entre le monde ‘Harédi et le courant sioniste religieux, ainsi que je l’ai mentionné dans ma précédente réponse ; les Harédim font une distinction claire entre le kodech et le ‘hol (profane) et qu’il n’y a aucun point d’ancrage entre les deux. Ainsi, selon cette vision, il ne faut prendre du profane que le strict minimum et ne se consacrer qu’au kodech. A l’inverse, le Rav Kook zats"l nous enseigne que le retour du peuple juif sur la Terre d’Israël a pour but de rallier les deux mondes et de sanctifier le matériel, exactement comme ça l’était du temps des prophètes, période où la présence divine était palpable, avant que 2000 ans d’amer exil nous contraigne à nous défaire quasi totalement du profane et nous fasse oublier notre état originel. Selon cette approche, il est plus que naturel que les chefs spirituels soient eux-mêmes les plus hauts commandants et inversement sans voir aucune contradiction entre les deux. L’exemple le plus probant aujourd’hui est évidemment le Rav de Tsahal, Rav Rafi Perets qui fût pilote de chasse, chose qui ne lui a pas empêché de gravir la plus haute marche de la hiérarchie rabbinique de l’armée.

Par cela, on trouve une réponse à cette crainte de devoir interrompre l’étude durant la période du service militaire. Une multitude de grands Talmidé ‘Ha’hamim dans le monde sioniste ont fait l’armée, certains pendant de longues années, en ayant remplit de hautes fonctions et cela ne les a pas empêché par la suite à retourner étudier et devenir de grands rabbins. Il existe une expression en hébreu, communément employée à l’armée justement, selon laquelle tout est une question de volonté... Plus encore, dans le Monde ‘Harédi, qui prône l’étude permanente aux dépends d’une activité professionnelle (chose avec laquelle je ne peux être d’accord car, bien que permise par les décisionnaires a leur tête Maran Habeit Yossef, va à l’encontre de l’esprit de la Torah et ne peut en aucun cas être conçu comme un idéal, mais cela pourrait faire l’objet d’une question à part entière…), en quoi trois ans, voire moins, constituerait un obstacle pour le jeune homme à la progression dans son étude ? Au terme de cette période, il lui reste toute la vie pour étudier et devenir un grand de la Torah. Plus encore, selon ce raisonnement, on devrait inciter les jeunes à ne pas se marier ou tout du moins retarder au maximum l’âge du mariage, compte tenu des difficultés techniques et de l’investissement que requiert cette mitsva fondamentale de la Torah et qui ne fait que se corser avec l’éducation des enfants. Or, au sein de la société israélienne, c’est dans le courant ‘Harédi que la moyenne d’âge du mariage est la plus basse et que l’on recense le plus grand taux de natalité, qui est à mes yeux un phénomène extrêmement positif et bénéfique à cette même société et à l’ensemble du peuple juif.

Je m’excuse de la longueur et espère avoir été plus clair par rapport à ma réponse précédente. Je serais enchanté de poursuivre cette très intéressante et enrichissante discussion avec vous.

Puisse D. nous envoyer la sagesse afin d’étudier et d’éclaircir au mieux la richesse des textes de la Torah.

Bevirkat Chana Tova pour vous, votre famille et l’ensemble du Am Israël.

Moshef
Samedi 24 août 2013 - 23:00

Bonjour,

Je souhaitais réagir si c' est possible a ce qu' a écrit le Rav Ron Chaya shlita dans la réaction 70061 concernant l' enrolement a l' armée des bah'ourei yeahivot.

Bimh'ila mikhvod torato, l' article du Rav comme le contenu de sa réponse sont scandaleux. Comment ne pas être outré par le manque d' honnêteté intellectuel et surtout le h'iloul hashem que peut provoquer ce genre de réponse. Depuis quand celui qui étudie la tora fait partie d' une unité d' élite qui le rendrait quitte de son obligation de défendre le pays dans lequel il vit, et surtout s' il s' agit de la terre d' Israël qu' on a eu du mal à retrouver et qu' on a du mal a conserver?

Avec ce genre de réaction le dommage est double: tout d' abord celui qui se consacre à l' étude de la tora uniquement est conforté dans l' idée absolument fausse qu'il n' à pas a faire l' armée voire de ne pas travailler. Deuxièmement celui qui va à l' armée et a une activité professionnelle est conforté dans l' idée absolument fausse également qu' il n' à pas à étudier. Et de ceci j' en suis témoin tous les jours.
Tout ceci est ridicule: chaque homme à l'obligation non seulement d' étudier mais en plus de remplir ses devoirs de citoyen. Et le fait de remplir un de ces devoirs ne rend pas quitte de remplir le second.

Je me demande pourquoi les paroles du Rambam sur ceux qui se servent de la tora " comme une pioche" pour creuser, ne pas travailler, ne pas remplir son devoir, n' ont pas plus de poids chez nos rabanim, alors que le h'iloul hashem qui en résulte est flagrant et grandit de jour en jour.

Et ce qui est drôle c' est que ce sont souvent les personnes qui ne font pas l' armée qui sont les plus à droite dans leurs idées comme le fait de ne pas conclure d' accords avec nos ennemis ou de ne pas rendre tel ou tel territoire, territoire qu' ils ne défendent pas eux même parce qu' ils étudient la tora.

Quel dommage pour notre peuple que d' être descendu si bas alors même qu' il a retrouvé sa terre. Quel dommage d'avoir réussi à mettre en opposition deux domaines qui n' ont pas lieu de l' être: la vie civique et la tora, avoir réussi à faire de la tora un moyen de ne pas remplir les obligations civiques qui nous arrangent de ne pas remplir, même si elles ne sont pas incompatibles avec une cie de shomer mitsvot. Le peu de personnes qui ont le courage de faire entendre raison aux autres comme le Rav H'aïm Amsellem ou Yair Lapid sont traités d' hérétiques voire de Hitler ou Amalek. Quel dommage qu' il n' y aient pas plus de voix qui se font entendre du côté religieux h'arédi pour remettre les choses à leur place, voire faire une piska de halah'a qui obligerait tout le monde à faire l' armée et travailler, de la même manière que l' obligation d' étudier existe. Surtout que les deux domaines ne sont pas incompatibles en Israël, ils sont même indispensables l'un et l'autre. Je pense que ça résoudrait ce malaise palpable en Israël entre non religieux et religieux, il y aurait une vraie ah'dout au sein de notre peuple et une étude de la tora lishma.

Leshana Tova tikatevou.

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Réponse collective
Jeudi 24 octobre 2013 - 15:19

Merci de votre contribution