Conversation 74800 - Approfondir l'histoire d'Adam et Eve
Shalom,
J'aimerai revenir sur Berechit, et plus particulièrement sur le passage de l'histoire d'Adam et Eve. On m'a raconté dernièrement la vision chrétienne de ce passage. N'ayant que peu de connaissances, je n'ai pas su donner la vision du judaïsme sur les événements du Gan Eden.
Selon la vision chrétienne, le fruit défendu serait le « pêché de chair », tel que le nomme les chrétiens, la faute d'Adam et Eve serait d'y avoir succombé. Ils cacheraient leur nudité (donc physique) par honte. La base humaine des rapports intimes hommes/femmes serait donc basée sur ce pêché, l'Homme serait mauvais par nature, etc. Bref, tout le passage tournerait autour de ce "pêché de chair" et l'Humanité serait sur terre pour la réparer, l'homme en travaillant et la femme en enfantant dans la douleur. J'aimerai connaître la vision juive de ce passage.
Pouvez-vous également me conseiller des lectures pour approfondir mes recherches ?
Merci
Ce qui signifierait que Dieu aurait créé la femme et l'aurait présentée à l'homme pour qu'ils se regardent dans le blanc des yeux et avec la plus totale indifférence, sans aucun attrait l'un pour l'une et réciproquement.
Ce qui signifierait aussi que le verset : "c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme et il ne formeront qu'une seule chair" qui est parole de la Thora condamnerait le couple humain au "péché" de par la volonté divine, ce qui est quand même – il faut bien le dire – assez insensé.
Traiter en détail de la question n'aurait pas sa place ici. J'essayerai de donner brièvement l'essentiel du mouvement des versets.
La réalité du monde créé où l'homme se trouve situé présente une ambiguité fondamentale : le bien et le mal s'y trouvent mélangés de telle sorte que ce qui est bien peut comporter du mal et réciproquement. La tâche essentielle de l'homme consiste à faire le tri entre ces deux dimensions de la réalité. Mais il a besoin pour ce faire d'un critère sûr. La Thora l'indique clairement : le critère de cette distinction est la vie.
Ainsi que le "serpent" le dit – et il n'y a pas de mensonge dans la Thora, même s'il y a des menteurs – c'est le désir de Dieu que l'homme mange du fruit de cet arbre qui répond parfaitement aux critères édeniques "beau à voir et bon à manger". Il passe sous silence (mensonge par omission) le fait qu'il fallait que l'homme mange d'abord de l'arbre de vie.
L'interdiction de manger du fruit de l'arbre de la connaissance n'est en vigueur qu'aussi longtemps qu'en manger fait courir le risque de mort.
Mais l'homme a été impatient, pressé de vouloir faire trop vite trop bien, il a cru qu'il pourrait de lui-même décider de ce qui est bien et de ce qui est mal. Il a voulu s'approprier les critères de la distinction et ce faisant il a aggravé le mélange et la confusion mortifère du bien et mal, poison mortel de la conscience morale a pénétré son être.
Il faut alors qu'il soit empêché de manger de l'arbre de vie afin de n'être pas condamné à vivre éternellement avec sa faute.
Il devra mourir au terme de sa vie terrestre de sorte que son corps puisse se dissoudre et renaître à la résurrection débarassé des traces du poison venimeux.
Bien des apsects importants restent encore dans l'ombre, mais je crois que l'essentiel est dit.