Conversation 7616 - Idolatrer la Torah
La Torah est-elle une fin en soi ou bien un moyen de se rapprocher de
D- ? Pardonnez-moi si je vous choque mais l'objet Torah ne devient-il pas support d'idolâtrie lorsqu'on l'embrasse, qu'on le brandit, qu'on le pare de riches ornements et qu'on n'a que ce mot là à la bouche. J'ai le sentiment que c'est le Très Haut que nous devrions aimer et rechercher de toutes nos forces, Lui qui devrait être au coeur de notre vie et de notre langage. J'espère ne pas blasphémer en parlant ainsi et demande pardon à tous ceux que ma question choquera, mais elle est vitale pour moi.
Vous devriez lire un texte de M. Levinas intitulé "Aimer la Thora plus que Dieu" (in Difficile liberté, Albin Michel, 1976, pages 189 sq.).
Bien sûr que la Thora est un moyen : elle est notre carte d'identité, elle formule qui nous sommes lorsque nous faisons ce que nous devons. Et par conséquent elle nous enseigne la voie de réalisation du projet de Dieyu pour le monde par lequel nous aussi devenons celui que Dieu attend.
Mais de plus nous l'aimons. Nous la voulons belle. Et puis, imaginez-vous les français danser le 14 juillet avec le code civil ? Elle est pour nous un cadeau de Dieu, aimée chaque jour comme une fiancée au soir du mariage.
Les marques d'amour et de respect ne sont pas de l'idolatrie. Nous n'avons pas à utiliser ce mot à tort et à travers ! Nous ne croyons pas que la Thora est une divinité, ni qu'elle a des effets ou des pouvoirs magiques, alors qu'est-ce qui devrait vous gêner dans ces comportements parfois un peu excessifs mais purs pourtant de toute trace inconvenante. Dans la recherche du Très Haut, du Tellement Haut qu'Il en devient inaccessible, nous avons entre les mains la trace de Sa bonté pour nous et la "carte routière" (la seule qui ait une quelconque valeur) qui nous ramène à Lui : c'est en tant que telle qu'elle nous est chère mais en tant que telle nous lui témoignons notre affection, notre tendresse et notre respect.
Suite de la question 7616.
J'ai moi-même utilisé l'image de la "carte routière" pour essayer de ramener un Juif "athée" sur le chemin de la croyance. Que diriez-vous de cette autre image : la Torah est une lettre d'amour du Créateur et notre seule façon d'y répondre favorablement c'est d'observer les Mitsvot.
Vous dites "le Tellement Haut qu'Il en devient inacessible" : n'est-Il pas également plus proche de nous que notre propre souffle ?
Oui, certes, mais c'est les deux à la fois. C'est cela qu'indique d'ailleurs la formule classique par laquelle nous le désignons souvent : Haqadoch Baroukh Hou, à savoir que Lui qui est Saint, c'est à dire absolument transcendant, est Lui-même la Source des Bénédictions.