Conversation 81967 - 248 mots pour Madame ?
J'avais entendu que l'on rajouter 3 mots à la fin du chéma pour atteindre les 248 mots, allusion aux 248 membres de l'homme. Etant donné que la femme en a 252, comment se fait il que les sages n'aient pas prévu une formule différente pour les femmes?
Chalom,
Le Rav Eli'ezer Melamed écrit la chose suivante :
La Thora est une source spirituelle de vie et de guérison, en particulier le Chema' qui comporte les fondements de la croyance et de l'application des commandements.
Ainsi, après le rajout des 3 mots par l'officiant, les 248 membres se trouvent "nourris" spirituellement, chaque membre ayant son mot (il serait intéressant d’établir la correspondance).
Certains disent que les 248 membres étant communs à l'homme et à la femme, l'essentiel est de leur octroyer de la bénédiction, suite à quoi la bénédiction portera aussi sur les membres spécifiques de la femme. (1)
D'autres optent pour que la femme ajoute "E-l melekh neeman" pour compléter. (2)
Note du répondeur: je remarque que le compte est à "un" près (248+3=251 et non 252) et je ne sais pas s'il s'agit de rapprocher cela du phénomène connu dans les valeurs numériques avec l'ajout du "kolel" ou bien si cela est comblé par l'ajout du terme de "Emet" avant les 3 mots (à l'instant où l'officiant finit sa propre lecture).
Sources du Peninei Halakha:
(1) Min'hat El'azar 2:28, Haelef lekha Chelomo OH 120
(2) Cheerit Yossef B 186
sur l'origine des 248 et 252 j'avais entendu cela au sujet des bougies allumées le vendredi soir. On en allume 2 car ner(250) fois 2 = 500 = 248 + 252 donc on répare par là les membres de l'homme et de la femme(adam et eve) pour la première faute. Mais c'est peut être un avis que tout le monde ne partage pas.
Dans les livres de prière il est dit qu'on doit dit el meleh neeman lorsque l'on prie seul (sans miniane). Faut il y voir une façon de dire que celui qui prie seul est assimilé à une femme (dans le sens que la femme n'a pas la même obligation de prier que l'homme et n'a donc pas besoin d'aller prier en miniane) ?
Shalom,
1. Merci de votre contribution.
2. Je ne crois pas que le fait d'ajouter "el meleh' ne'eman" soit lié d'une quelconque manière à cela.
Essayons de comprendre - d'où vient ce phénomène de dire ces trois mots s'il n'y a pas de minyan ?
Le Beit Yossef (OH 61,3) rapporte un usage antique de dire ces trois mots "El Meleh' Ne'eman" à la place d'Amen (dont -El -Meleh' -Neeman est l'acrostiche) après la bénédiction "HaBoh'er Be'Amo Israël" (même en minyan !).
Cet usage se retrouve dans le Ra'avan (Berah'ot §184), Sefer HaManhig (§33), le Agour (§107) au nom du Rokeah' (§320 qui ajoute d'ailleurs que la kavana a avoir est la suivante : "El" - précédant la Création ; "Meleh'" - roi du monde entier ; "Ne'eman" - à la résurrection des morts).
L'Agour ajoute d'ailleurs que cet usage était tout à fait répandu à son époque en Allemagne et en France et c'était en lieu et place de répondre "Amen".
Le Mahari Koulon écrit (Shoresh §42) que c'était également son usage (en Italie).
Cet usage est encore rapporté dans le Sefer HaPardes provenant de la maison d'étude de Rashi (H'elek HaLikoutim, p. 90), ainsi que dans les "ta'amim" du Rabbi Yehouda HaH'assid (tel que le rapporte l'Agour, id.).
Toutefois, dans les Hagahot Maimoniot (hil. Berah'ot chap. 1, lettre 8) il est écrit qu'il faut éviter de le dire.
En effet, dit-il, bien que le Rav Méïr Aboulafia se soit opposé à cet usage (de remplacer Amen par El Meleh' etc.) qui n'a aucune source tant dans la Mishna que la guemara, quoi qu'il en soit, cela reste un usage ancien ! Toutefois, ce dernier fut annulé, nous assure le Hagahot Maimoniot, pour ne pas faire d'interruption (hefsek) entre la bénédiction et le Shema.
Le Beit Yossef ajoute que dans les Tikounei Zohar (Tikoun 10, 25b) il est fait mention de cette histoire de 248 etc. et que comme compromis - lorsqu'il n'y a pas de minyan et qu'on a n'a pas les trois mots de la fin (H' Eloheh'em Emet) alors étant donné que dans ce cas on veut atteindre 248 mots et qu'on a "moins peur" du hefsek, on peut "ré-instituer" ce vieil usage.
C'est-à-dire, selon le Beit Yossef, que pour des raisons kabalistiques, on reprend un vieil usage médiéval ashkénaze.
En réalité, le Ramban dans ses h'idoushim sur Berah'ot 11b, lorsqu'il parle de cet usage affirme déjà que son but était double - afin d'arriver aux 248 mots. Le Mah'zor Vitry (§89), le Rokeah', le Ra'aviah (Berah'ot I, §33) semblent aller aussi dans la même direction.
Quoi qu'il en soit, l'opinion affirmant qu'une femme doit ajouter "El Meleh' Ne'eman" même en minyan est minoritaire, l'avis général étant de ne l'ajouter, comme pour les hommes, que lorsque l'on prie seul.
(cf. resp. Meshiv Halah'a I, §273 ; resp. Rivevot Efraim (Grinblatt), I, §56 et II, §48, al. 31).
Cordialement,