Conversation 82092 - Qui suis-je?
Bonjour.......
Je suis INGRID j'ai 43 ans.....
Je me pose bcp de questions sans jamais trouver de réponses.......
Je porte le nom de CAHEN.....
je cherche à savoir qui je suis,d'où je viens.....
c'est devenu une nécessité absolue je ne sais pas pourquoi.....
Si vous pouvez m'éclairer......
dans ma famille (. Père, mère...) aucun ne pratique de religion......
J'ai été baptisée ( sans avoir choisi!)
Mes grands parents étaient d'origine juive mais sans que j'en sache plus.....
J'ai le sentiment de n'être rien....
Chalom Ingrid,
Vous n'etes certainement pas "rien"; vous etes une personne remarquable, avec des talents et une trajectoire personnelle unique, et vous vous posez apparemment quelques questions sur votre identite personnelle. Entre nous, il faut mieux se poser des questions que de rester dans une ignorance beate ... et meme si la periode de doutes et de quete personnelle est parfois liee a une certaine anxiete.
Maintenant, la question qui se pose, du moins du point de vue de notre domaine de competences, est celle de savoir si vous etes juive ou non; votre nom de famille est juif, mais cela ne prouve malheureusement rien du point de la loi juive : la judeite se transmet par la mere, et il suffirait que votre pere soit juif, et pas votre mere, pour que vous portiez un patronyme juif sans faire halakhiquement partie du peuple juif.
Le bapteme ne change rien, en soi, a l'appartenance ou non au Judaisme. La seule question est de savoir si votre mere, ou avant elle sa propre mere, et ainsi de suite le long d'une lignee strictement matrilineaire ... etait juive. Si la reponse est oui, vous etes juive aussi. Sinon, non, mais vous pouvez choisir de le devenir via une procedure de conversion.
Il vous faut donc proceder a des recherches genealogiques. Si cela vous interesse, je peux vous donner quelques pistes de recherche.
Bonjour,
Je vous écris car je vis en Israël depuis 3 ans. Je suis mariée à un homme ayant fait un excellent service dans Tsahal, pratiquante et profondément attachée à la Torah et à nos traditions.
Cependant, il m’est de plus en plus difficile de m’identifier avec le monde religieux en Israël. Je ne me sens pas appartenir au groupe de ceux qui refusent de servir notre Etat. Je ne me sens pas non plus appartenir au monde sioniste-religieux.
En effet, deux évènements récents m’ont fait réfléchir :
1- L’histoire d’Elor Azaria, ce soldat ayant achevé un palestinien à terre, qui venait de tenter de commettre un attentat. Concrètement, quelle est la position de la halakha sur ce cas ? Car je suis repassée par tout le site pour trouver des informations sur le statut de « rodef », et il semble bien qu’il y ait quand même un gros safek dans le cas d’Elor Azaria : je sais de source sûre (mon mari travaillait dans le renseignement et nous avons eu les informations le jour même) que le terroriste avait été « vérifié » et ne présentait plus de danger. Dans ce cas, que dit la halakha ? (Notez que le débat porte sur l’aspect halakhique de chaque situation. En ce qui concerne leur dimension politique, je pense
2- L’histoire d’Amona, cet avant-poste démantelé par le gouvernement. Il a été prouvé par la justice que ces terres appartenaient à des Palestiniens et étaient occupées sans leur autorisation. Concrètement, la Torah n’appelle-t-elle pas cela un vol ?
Si à mes questions la réponse est : 1) Elor n’aurait pas dû tuer cet homme ; 2) Une colonie comme celle d’Amona constitue un acte de vol, alors comment une personne profondément religieuse et attachée aux valeurs de la Torah peut-elle défendre ses positions, si elles sont fausses du point de vue halakhique (Les questions que je pose portent sur l’aspect halakhique de chaque situation. En ce qui concerne leur dimension politique, je pense que ce n’est pas le lieu pour en débattre)?
Nos obligations en tant que Juifs ne nous poussent-elles pas à faire preuve d’honnêteté intellectuelle (le mensonge existe aussi en pensée) ?
Nous devons faire preuve de « ahavat Israel », mais notre comportement à l’égard des non-Juifs ne doit-il pas être également irréprochable (sous peine de Hilloul Hashem) ?
Merci de votre réponse,
Sarah
Shalom Sarah,
Je comprends votre sentiment de difficulté à vous identifier à un "courant" religieux-politique en Israël. Ce n'est pas évident. Je comprends également votre "coup de gueule" (désolé pour l'expression).
Concernant vos questions :
1. L'histoire d'El-Or Azaria n'est pas évidente d'une point de vue hilh'atique. Il existe une grande discussion sur le sujet. Certains pensent qu'il est interdit de tuer un terroriste hors de danger, alors que d'autres ne sont pas de cet avis. La question reste à savoir si un danger "éventuel", même seulement "ressenti" et pas "objectif" changerait la donne de la question - là aussi il y a une grande discussion... (1)
2. Toute la question des villages de Yehouda et Shomron doit être réfléchie, car selon certains droits on peut voir cela comme du vol, et selon d'autres droits - non, au contraire.
Ces questions sont dès lors plus d'ordre idéologique que juridique, surtout qu'elles sont infiniment complexes.
Ceci étant, si idéologiquement on croit fermement à la présence du Peuple Juif sur sa terre, surtout lorsqu'on le comprend dans un contexte métaphysique plus large, lié à une lecture historiosophique et théologique du Dévoilement Divin dans l'histoire, ainsi qu'à une sainteté immanente de la Terre d'Israël - le choix est vite fait... (sur ce sujet, je vous invite à lire l'excellent livre du Rav Dr. Mikhaël Ben-Admon, qui répond également sur le site - http://editionslichma.com/fr/163-pourquoi-israel.html).
Par ailleurs, il existe une autre question sur ce sujet et c'est la place de l'état face à l'individu : l'état a-t-il le droit de délocaliser des habitants pour construire une route ? N'est-ce pas du vol ? Ensuite se pose encore une autre question : qu'est-ce qui définit l'état ? Son système juridique ou celui politique ?
Bref, il y a là de nombreux enjeux auxquels il faudrait longuement réfléchir et bien étudier.
Rien n'est moins évident et idéologisé que les questions que vous posez.
Donc, non - il n'y a pas, à mon sens en tout cas, un manque d'honnêteté intellectuelle, mais éventuellement un désaccord d'ordre théologique et idéologique, qui devrait nous pousser à la réflexion et au débat.
Cordialement,
Notes :
(1) Les différents avis sur cette question -
- Le Rav David Stav, tout comme le Rav Yaakov Ariel (Teh'oumin n°10 ; republié dans resp. BeOhala shel Torah, t.I, § 8) pensent qu'une fois maîtrisé on n'a plus le droit de le toucher.
- Le Rav Eliezer Melamed explique qu'on devrait le tuer midin "moridin ve'ein ma'alin", sauf qu'à cause de "dina demalh'outa", on ne peut pas, alors on s'abstient - http://ph.yhb.org.il/06-07-09/ - toutefois théoriquement, il faudrait le tuer !
- Le Rav Mutzafi et le rav Baruch Efrati pensent qu'on doit les tuer/frapper midin "onshin". On est en guerre dit Efrati, c'est une guerre entre civils qui frappent des civils, donc il n'y a pas de raison de s'abstenir mitzad dina demalh'outa, par ailleurs, affirme-t-il, on peut tuer un ben noah' selon un seul dayan et 'ed - soit nous-même... http://www.kikar.co.il/183060.html ; http://www.kipa.co.il/now/64797.html
Le Rav Shmouel Eliahou semble lui aussi tenir cette position (http://www.inn.co.il/News/News.aspx/307785).
Il ajoute encore le principe du prix à payer pour l'état avec la libération de terroristes, etc. il soutient donc qu'il vaut mieux les tuer tout de suite pour éviter d'autres catastrophes par la suite.
cf. les propos du Rav Ariel ici : https://www.toraland.org.il/.../%D7%A1%D7%99%D7%9E%D7%9F.../
Je viens de voir que le Rav Re'em HaKohen aussi a écrit sur le sujet : http://www.zomet.org.il/?CategoryID=160&ArticleID=8053
Et encore quelques sources ici : http://www.tsfat.org.il/Docs/Articles/?ThisPageID=175...
Resp. H'evel Nah'alato (Epstein), t. XVII, §48 : https://he.wikisource.org/.../%D7%97%D7%91%D7%9C_%D7%A0...
"Kountrass" qui résume bien les différents points : http://forum.otzar.org/download/file.php?id=29458
Il me semble que la problématique se situe autour de la possibilité/devoir/interdiction ou non de tuer un "rodef" alors qu'on peut se suffire de le blesser - voici quelques sources à étudier :
1. Rambam, hil. Rotzeah' 1,13 et 6,5; comm. sur place et Or Sameah', ad loc.
2. Id. hil. Melah'im 9,4 ; Ra'avad ad loc.; Radbaz ; Kessef Mishne et Mishne LaMeleh' ad loc.
3. Melah'im I, 2,3; TB Sanhédrin 49a
4. Mishne LaMeleh', hil. H'ovel ouMezik §473 au nom du Rivash (sur Rambam 8,5).
5. Rashba, Bedek HaBayit, rapporté dans le Tour HM 425; Aroh' HaShoulh'an HM 425,6
6. L'avis Rabbi Shlomo Eiger, rapporté dans Droush veH'idoush de R"A Eiger, Ketouvot 33a-b ; Rav Zevin, "L'eor HaHalah'a", p. 335 ; Rav Shaoul Israëli, Amoud HaYemini, p. 192.
7. Eiynayim LaMishpat du R"I Arieli sur TB Sanhédrin 73a; Ah'iezer I,19 lettres 1 et 3; Rav Yerouh'am Fischel Perla sur Sefer HaMtzvot de Rassag t. III, par. 33.
8. resp. Mishpat Cohen §139; H'idoushei Griz miBrisk sur hil. Rotzeah, cit. plus haut
9. Even HaEzel hil Rotzeah' 1,13; Mareh HaPanim sur TY Sanhédrin chap. 8, hal. 9 s.v. rodef.
10. Netziv, HaAmek She'ala, §142; resp. Mishpat Cohen, §143
La seconde problématique tourne autour du fait de tuer ou aider à mourir un "rasha" - "moridin ve'ein ma'alin" - même une fois que ce dernier est immobilisé...
1. TB AZ 26b ; Tossefta BM 2,33 ; Panim Yaffot sur Devarim 20,19; Tossfot sur Sanhédrin 72b s.v. israël
2. TY Kidoushin chap. 4, hal. 11 dans le manuscrit de Leiden ; Amar Naka (de Rabbi Ovadia de Bertinoro) sur Rashi, Beshalah', 14,7 s.v. vekol; Gour Aryeh, ad loc.
3. Meiri, Beit HaBeh'ira BK 119a s.v. hamassour ; Raavan BK §22 ; Minh'at H'inouh' 34,1
4. Rambam, hil. Rotzeah' 5,10 et comm. ; Tour YD 158 ; BY et Sh. Ar. HM 425,5
Puis il y a, en plus, une problématique double :
- Même s'il n'est pas interdit de tuer le rodef, est-ce permis dans la mesure où il y a un état qui est sensé gérer les choses (avid inish vs. dina demalh'outa ?) / est-ce moral pour autant (question halah'ico-morale) ?
- S'agit-il d'un acte d'auto-défense (1), de "vengeance" pour l'acte terroriste (2), de rendre la confiance aux habitants et à terme limiter les dégâts (3) - (question politique) ?
1. Mishpetei Ouziel III, OH 10 ; TY Shabat chap. 14 ; Rav S. Israëli, Amoud HaYemini, §16 (surtout lettres 8 et 9).
(1) - Keren Orah Sotah 44b; Hazon Ish OH 112,2 et 166,4; Pri Adama II, 171b; Mekom Shmouel §8; H'azon Yeh'ezkel Sota, fin du chap. 7; Rema OH 329,6 au nom du Or Zaroua, hil. Shabat §84, lettre 13; MB ad loc s.k. 15.
(2) - Ibn Ezra Bereshit 4,15; Ramban, ajouts au Sefer HaMitzvot, Asseh, 13; Amoud HaYemini §16, cité plus haut.
(3) - Rambam, comm. sur la Mishna, Sotah, 8,6 et note 12 du Rav Kappah'; Mishpat HaMelouh'a sur hil. Melah'im 5,1; Hazon Ish OH hil. Erouvin likoutim 112 et id. §6 lettre 2.
Il s'agit là d'un liste vraiment incomplète et non exhaustive qui peut donner à comprendre, à mon avis, les enjeux essentiels de la sougia. Il faut encore penser :
- Les questions de hafrasha me'issour et autres "nazis tués" me semblent découler de ces points à étudier concernant la question de base :
1. A-t-on le droit de tuer un homme dangereux qui ne l'est temporairement plus, théoriquement ?
2. Si oui, dans quelles limites ? Si non, pourquoi ?
Pour des raisons "externes" comme dina demalh'outa (pour ne pas créer le chaos non plus) ou est-ce tout simplement immoral/déconseillé ?
3. Y aurait-il des modalités dans lesquelles cela serait permis ? Pour des raisons politiques/sécuritaires ou est-ce uniquement en cas de légitime défense ? Lorsque le terroriste est immobilisé est-ce encore de l'auto-défense ?
Bref, ce n'est vraiment pas évident...