Conversation 84173 - Bénédiction sur l'acte sexuel ?
Existe-t-il dans la littérature rabbinique une "beraha" à dire avant ou après l'acte sexuel ?
Si oui, laquelle ?
Si non, pourquoi donc (alors que cet acte constitue une jouissance au même titre, voire plus encore, que, par exemple, la vue d'un beau paysage ou la consommation d'aliments sur lesquels on fait une beraha) ?
Chalom,
Voila une question interessante ! Voici quelques elements reflexion (mis a jour le 13 fevrier 2019, avec l'aide du rav Samuel Elikan, que je remercie tres sincerement).
1. L'acte sexuel n'est generalement pas vu, dans le Judaisme, comme une jouissance mais comme une mitsva. Ce n'est donc pas, en toute hypothese, une birkat hane'enin qu'il faudrait prononcer, mais une birkat ha-mitsva. C'est une autre categorie de benedictions, avec quelques consequences halakhiques.
2. La mitsva liee a l'acte sexuel est essentiellement celle de la procreation. Or cette derniere est au mieux possible, jamais certaine. Du fait du safek, je ne pense pas que l'on puisse reciter une benediction.
3. L'acte sexuel fait egalement partie des relations normales entre epoux, en-dehors de tout contexte reproductif. Mais dans les relations interpersonnelles, on ne recite generalement pas de benediction. Pensez a donner la tsedaka, accueillir des invites, respecter ses parents, etc. Donc, sous cet angle egalement une berakha n'est pas possible.
Les responsa Binyan Ze'ev (siman 169) notent ici que les mitsvot nous distinguent des non-Juifs (acher kidechanou be-mitsvotav), et que toute action qui est un commandement divin, mais que les nations du monde accomplissent egalement, comme le respect du aux parents, ne recoit pas de benediction. Cf. aussi rav Wosner, Chevet ha-Levy 2:111 paragraphe 1.
4. Certains ont envisage, mais rejete au bout du compte, que l'acte sexuel soit inclus dans la berakha "acher yatsar" (cf. Az Nidberou du rav Binyamin Yehochoua Silber 3:54:3; Binyan Ariel p. 83; chou't halakhot ketanot 1:137).
5. Certains pensent que l'acte sexuel est inclus dans la benediction que l'on recite avant d'aller dormir (birkat ha-cheina. Voyez les mots du Yaavetz dans son Sidour Beit Yaakov, hanhagat leil shabbat).
6. Des autorites recommandent une courte priere kabbalistique (lechem yi'houd, cf. Kaf ha-Hayyim, Orah Hayim 240:64-65).
7. Une benediction ne peut pas etre recitee lorsque l'on est devetu. Donc, il faudrait reciter la benediction avant de retirer ses vetements ... je ne suis pas sur si cela serait considere comme un hefsek (interruption) ou non.
le 1/ n'explique pas pourquoi on ne fait pas de bénédiction mais pourquoi la notion de plaisir n'entre pas en compte
2/ c'est apparemment une discussion et il semble qu'aujourd'hui l'avis retenu dise que donner du plaisir à son conjoint est aussi une mitsva, sinon quand la procréation serait impossible(femme déjà enceinte, stérile ou ménopausée), il serait interdit d'avoir des relations sexuelles
3/ il y a des actes de l'ordre interpersonnels où l'on récite une bénédiction: le décès, l'héritage... Et visiblement, perdre un parent ou hériter n'est pas une exclusivité réservée aux juifs.
7/ pour qu'un homme puisse réciter une bénédiction dévétu, il faut que son sexe soit caché et qu'il y soit séparé de son coeur. Ces 2 conditions sont faciles à remplir: il suffit de se couvrir jusqu'à la taille avec le drap dans le lit. La femme pour elle c'est encore plus simple(comme le cas où la femme fait la bénédiction de la halla nue et assise)
Si je peux émettre modestement un avis: si bénédiction il doit y avoir doit elle être récitée par l'homme, la femme ou les 2?
Il n'y a pas de mistva de prendre du plaisir mais d'en donner. Donc le plaisir de l'homme même sil existe n'a rien d'une mitzva. Donc si bénédiction il doit y avoir, ellle doit être du coté de la femme. On pourrait considérer que la bénédiction est récitée toute en amont, c'est à dire au moment du mikvé et qu'elle acquitte toutes les relations jusqu'aux prochaines règles. C'est pour cela qu'elle ne la répète pas.
On peut aussi dire que pour l'homme on pourrait dire que cette mistva est incluse dans les 7 bénédictions du mariage étant donné que ca fait parti de ses devoirs de mari.
Les auteurs se sont interrogés porquoi on ne dit pas de bé,nédiction avant de donner de la tsedaka
Le rachba répond parceque c'est une mitsva qui dépend d'autrui, réponse qui expliqe aussi pourquo ne pas dire de bénédicions avant la relation intime
Personnellement, j'ai expliqué que la bénédicion est nécessaire pour un acte qui est en soi sans valeur s'il n'y a pas d'intention, ce qi n'est pas le cas de la tsedaka qui est en soi une mitsva. Cette réponse est aussi valable pour la relation.
A l'inverse on peut expliquer que l'on ne fait pas de bénédictions car bien souvent on ne le fait pas pour la mitsva, mais pour avoir du plaisir.
De plus on doit faire la bénédiction juste avant la mitsva ce qui n'est pas possible dans notre cas.